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Mois de la Photo 2014 : Matt Wilson aux Filles du Calvaire

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La galerie Les Filles du Calvaire consacre une exposition foisonnante au photographe anglais et globe-trotter Matt Wilson, né en 1969 dans le Kent (Royaume-Uni), autour de 80 images en petits formats et plusieurs séries.

Elle commence par des photos prises aux États-Unis, où Matt Wilson vit aujourd’hui. Dans ce qu’on imagine être le grand Ouest américain, des paysages asséchés, des herbes et des arbres tordus par la poussière et le vent, un souffle de liberté, de road trip très américain, auxquels les couleurs presque passées confèrent une douceur, un côté vintage que contredit l’impression de dénuement des sujets. Un couple charismatique, visage buriné et chemises à carreaux, incarne une certaine idée de l’Amérique des marges ; une petite fille en robe fleurie se cache les yeux ; des voitures défoncées, des baraques en ruines personnifient l’abandon ; la falaise d’un canyon invite à prendre la route jusqu’au prochain motel, qui est là lui aussi surgissant de nulle part.

Les images des séries européennes combinent l’Angleterre, la France, les pays de l’Est. Plus joyeuses, aux couleurs plus denses, elles montrent beaucoup d’enfants et une nature abondante, qui contraste avec la désolation de la série américaine. Jubilation de l’enfance, un petit garçon brandit un lièvre au milieu d’herbes hautes, un autre explose de joie dans un pré en fleurs ; une jeune fille se balance sur un pneu accroché à un arbre ; dans une scène de rue digne des photographes humanistes, un gamin esacalade une palissade, tandis qu’autre montre ses fesses. À leurs côtés, des portraits forts, durs ou burlesques ; des paysages champêtres romantiques ; des images nocturnes, mystérieuses, comme cette femme de dos dont la chevelure rousse et les épaules blanches défient l’obscurité.

À Cuba, enfin, le titre de la série No hablar con turistas, donne le ton plus ténébreux, presque crépusculaire. On y retrouve l’essence de Cuba, l’architecture somptueuse et décatie, les ruelles louches, les regards sombres, les vieilles voitures américaines.

Tous ces instantanés qui sont délibérément non identifiés — on sait juste qu’il s’agit des Etats-Unis, de l’Europe ou de Cuba — composent un voyage presque littéraire, sensible, humaniste, à la fois réaliste et onirique, fourmillant d’histoires. Comme le souligne Christine Ollier, qui, dans le texte qui accompagne l’exposition, évoque l’écrivain voyageur Bruce Chatwin et l’atmosphère des films américains des années 60. De fait, les couleurs sourdes ou très pâles, presque jaunies, les noir et blanc contrastés, le grain des images, le caractère et les attitudes des personnages, ne donnent pas d’indication de temporalité : quand, où, qui ? Des questions qui surgissent pour disparaître derrière la curiosité et la tendresse du photographe pour ses sujets.

EXPOSITION
Dans le cadre du Mois de la Photo 2014
This Place called Home, de Matt Wilson
Jusqu’au 30 novembre 2014
Galerie Les Filles du Calvaire
17, rue des Filles-du-Calvaire
75003 Paris
France

http://mattwilsonphotography.com
http://www.fillesducalvaire.com

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