À l’occasion de l’anniversaire de ses 50 ans, en 2003, Michael Kenna se fit un cadeau : le pèlerinage des 88 temples bouddhistes à Shikoku, au Japon. Ce présent, de prime abord, peut paraître assez étrange de la part d’un homme élevé dans une famille catholique, assez stricte, du nord de l’Angleterre. Ne serait-ce simplement pas la même quête de spiritualité, à travers le prisme d’une autre philosophie ?
En 1987, Kenna se rend au Japon pour la première fois, à l’occasion d’un vernissage d’une exposition de son travail. Il commence à photographier Tokyo, Kyoto, Nara et découvre la complexité et la créativité de la statuaire et de l’imagerie shinto. Il s’initie au bouddhisme.
« …J’ai été immédiatement hypnotisé, en particulier par l’énorme Bouddha Vairocana du temple Tōdaiji à Nara. J’étais sous le charme de l’intense puissance qui se dégageait de ce bouddha massif, autant que de son calme paisible et de sa sérénité. Cela suscita en moi une immense curiosité. Jusqu’alors, j’avais été plutôt ignorant du bouddhisme. J’ai donc changé et ressenti le besoin de m’éduquer. Au cours des années suivantes, lorsque que je revenais au Japon, je reprenais ma découverte des temples, des sanctuaires et des musées. Les temples dans lesquels je me suis promené, se sont souvent révélés être des lieux à l’atmosphère séduisante, parfumés d’encens exotiques et remplis d’offrandes de fruits, de fleurs et d’images singulières. Les chants et les incantations, toujours dans une langue que je ne comprenais pas, étaient rythmés par la sonorité des cloches, et au sein des sanctuaires shinto, par les battements de mains. Ces lieux exerçaient sur moi une fascination et une attirance très proches de ce que j’avais ressenti dans les églises de ma jeunesse. Ils m’ont ému au plus profond de mon être et j’étais captivé. J’ai alors commencé à lire sur Siddhârta Gautama et les origines du bouddhisme, et j’ai continué à photographier… »
Du Japon, le photographe poursuivra sa découverte en Chine, à Hong Kong, en Corée, au Cambodge, au Laos, au Myanmar, en Thaïlande et au Vietnam.
Puis, en 2018, le Musée Guimet à Paris lui ouvre ses portes. Michael Kenna dirigera son objectif sur certains des objets d’art bouddhistes de cette exceptionnelle collection. Il pourra y photographier des œuvres provenant d’Afghanistan, de l’Inde, du Népal, du Pakistan et du Tibet, et donc compléter « son panorama » bouddhique.
L’idée de cet ouvrage, qui compile ses clichés de voyages, et rend hommage aux valeurs du bouddhisme, est née au cours des séances de prises de vues dans le calme et le silence du Musée National des Arts Asiatiques Guimet.
« … Je dois déclarer sans équivoque que je ne suis pas un expert en iconographie bouddhiste et que cette sélection d’images est toute personnelle, ce n’est pas une enquête exhaustive.
À 66 ans, malgré les connaissances et l’expérience acquises, j’ai toujours le sentiment d’en savoir aussi peu sur la vie et les religions.
Mais en dépit du manque de compréhension, la fascination du voyage, la visite des lieux de culte, de vénération ainsi que de prière, continuent à exercer sur moi la même attraction….. «
« Il y a plus de choses dans le ciel et la terre, Horatio, que ce dont vous rêvez dans votre philosophie. » William Shakespeare, Hamlet.
Buddha. Photographs by Michael Kenna
Édité par Ira Stehmann avec un essai de Jens Hartmann et Gudrun Melzer Prestel Publishing: Munich London New York, 2020
Relié avec couverture, 24 x 28 cm
192 pages, 160 illustrations n/b
€ 55,00
https://prestelpublishing.randomhouse.de/book/Buddha/Michael-Kenna/Prestel-com/e548009.rhd
