La semaine dernière à Mexico s’est tenue Zona Maco, la foire d’art contemporain qui accueille maintenant une importante section indépendante de photographie. Le galeriste et collectionneur, Paul Kopeikin, l’un des grands de la côte Ouest y a assisté. Il y a tenu son journal, le voici.
C’est à la dernière minute que j’ai décidé de filer à Zona Maco (première Foire Internationale d’Art d’Amérique Latine) à Mexico. Je n’étais encore jamais allé dans cette ville, et j’avais entendu dire que la Foire valait le déplacement. Il y avait en outre peut-être quelque chose à y faire à l’avenir en tant que marchand d’art contemporain. Je m’y suis donc rendu, muni de mon pass VIP, en compagnie de mes deux collaborateurs, Paula et César, qui effectuaient leur pèlerinage annuel, et suis heureux d’annoncer que Zona Maco et la ville de Mexico valent définitivement le détour.
Même si, depuis l’année dernière, Zona Maco dispose d’une foire spécialement dédiée à la photo, je n’aime pas ce qui revient à mettre la photographie à l’écart. Je préfère les foires qui intègrent tous les arts. Si le Photography Show de New York (AIPAD) et le Paris Photo y ont définitivement leur place, car ils offrent un large panel de la production photographique, les meilleurs artistes travaillent sans considération particulière pour le médium. Et les meilleures collections incluent tous les types d’œuvres, même si elles mettent en valeur tel ou tel intérêt premier du collectionneur.
Pas plus d’une semaine auparavant, j’avais visité une autre foire, plus petite et locale, l’Art Los Angeles Contemporary, où j’avais été surpris de découvrir que presque aucune photo d’art n’était exposée et qu’un seul marchand d’art spécialisé dans la photographie était présent. J’étais prêt à déclarer la fin de l’ancienne quasi omniprésence de la photo dans le monde de l’art, mais bien sûr, rien n’a changé. L’utilisation par les artistes de la photo sous diverses formes, pure ou à peine reconnaissable, reste vive.
On retrouvait bien sûr les suspects habituels : John Baldessari, Vik Muniz, Cathy Opie, Wolfgang Tillman, Thomas Struth et Ruff, ainsi qu’un tas d’autres noms aussi reconnaissables que prévisibles, sinon carrément ennuyeux. Puisque la plupart des collectionneurs considèrent que ce sont des noms vendeurs et des œuvres bien cotées, la qualité réelle du travail importe peu. Ce sont sans doute de fait les oeuvres qui se sont le mieux vendues, aux prix les plus élevés. Mais si on leur ôtait les noms de leurs auteurs, beaucoup de ces images donneraient l’impression de concourir pour le « Prix de l’Ennui ».
Même si l’on me considère avant tout comme un marchand de photos, ce qui n’est pas tout à fait vrai, en tant que collectionneur mes centres d’intérêt sont divers. Les œuvres basées sur la photo attirent toutefois souvent mon attention. Voici donc, à travers ce filtre de lecture, ce que j’ai vu à la foire et en dehors…
Je suis arrivé à Mexico à temps pour assister à l’inauguration de l’artiste que je représente, Alejandro Cartagena, à la Galerie Patricia Conde. Patricia est la Grande Dame de la photographie à Mexico et sa galerie est l’une des plus belles du pays.