Les façades des maisons et des immeubles sont constellées de trous béants. Des trous faits par les rafales de mitraillettes ou laissés par les bombes, et les tâches blanches du béton utilisé pour boucher ses trous ressemblent à des constellations imaginaires disséminées dans toute la Bosnie. Les souvenirs, malgré le passage implacable du temps, sont comme des cicatrices. Pourtant, ce n’est pas la destruction qui rappelle les souvenirs de la guerre, pas plus que la douleur due aux pertes endurées ; c’est avant tout la lutte quotidienne pour retrouver des milliers de personnes disparues, qui le resteront pour beaucoup à jamais. Vingt ans après le début du conflit en Bosnie Herzégovine, dix mille êtres humains qui se sont évanoui dans la nature du jour au lendemain sont toujours recherchés sans relâche par leurs proches. Pour cette raison, j’ai essayé de rendre compte de cette vie après la mort, sur une période de quatre ans, en entremêlant mon travail documentaire avec mon propre vécu, au cours d’un périple qui m’a amené à côtoyer à la fois les pulsions les plus pures et les plus brutales de l’âme humaine. De l’enclave « protégée » de Srebrenica, théâtre du plus grand massacre sur le territoire européen depuis la Deuxième Guerre mondiale, à Cerska où la population entière d’une communauté de fermiers a été décimée après avoir été contrainte de se défendre avec des fusils et des hachettes contre les mortiers et les grenades serbes, les massacres perpétrés par les forces armées serbes et bosniaques ont laissé des traces indélébiles sur ce pays et sur sa population, jusque dans la vallée de Drina.
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Né en 1985, Matteo Bastianelli est un photographe, vidéaste et journaliste publicitaire freelance. Il a étudié à la Scuola Romana di Fotografia où il a obtenu un master en reportage d’auteur et photojournalisme.
Il travaille avant tout sur ses propres projets à long terme portant sur des problèmes de société, concentrant ses efforts sur les conséquences des conflits qui ont mené à la désintégration de l’ex-Yougoslavie. Ses images ont été publiées dans de nombreux magazines internationaux et ses projets ont été exposés en Italie, en France, en Allemagne, en Estonie, aux Pays-Bas et aux États-Unis.
Son travail The Bosnian Identity (L’identité bosniaque) est aussi son premier film documentaire.
Matteo Bastianelli : The Bosnian Identity
Published by Postcart Edizioni Publishing S.r.l.
Introduction and interviews: by Matteo Bastianelli
Preface by Gigi Riva
English
ISBN 978-88-86795-95-1