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Maryam Ashrafi : une photographe très engagée par Alain Mingam

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« S’élever au mieu des ruines, danser entre les balles. » C’est le titre fort à propos que Maryam Ashrafi a donné à son livre plus que bienvenu, indispensable à notre devoir de mémoire.

Regardez bien l’élégante, noble et simple beauté de cette jeune femme au bord des larmes et en couverture de l’ouvrage.

Pour ne pas oublier le combat des kurdes et notamment des femmes –soldats qui de Kobané au Mont Sinjar ont marqué de leur courage, payé trop souvent de leur vie une résistance acharnée, dès 2014, à la progression de l’État islamique.

Fidèle à ses origines iraniennes,  la jeune photographe a toujours gardé vivace en elle « la morsure de l’exil » de Téhéran à Londres et à Paris. Sœur cadette et digne héritière de ses grandes aînées, les Catherine Leroy, Françoise Demulder, Christine Spengler ,Lizzie Sadin ,pionnières d’un photojournalisme très engagé, Maryam a suivi les pas de son père, militant de la 1re heure supposé partir « faire de l ‘alpinisme » dans les montagnes d’un Kurdistan éclaté de l’Irak, à la Syrie jusqu’à la frontière turque.

Pour vivre, au plus près, le quotidien des combattantes, les suivre dans les villes détruites et voir à travers leurs regards et leurs mots se déployer en « une géographie du deuil » confie t-elle lors d’une émouvante interview à Allan Kaval, grand reporter au Monde.

Maryam Ashrafi ne fait jamais dans la caricature ni dans le stéréotype , trop consciente que « la violence avait fait aussi son chemin jusqu’à elle », tout autant que la « représentation des villes en ruines est devenue un sous –genre de la photographie de reportage. » Car toutes ses photos sont empreintes d’une qualité première : celle d’un sens esthétique qui ne fait jamais dans la surcharge émotionnelle d’un moment décisif perçu et cadré toujours comme avec pudeur. Il y a chez elle quelque chose en germe de James Nachtwey, sa référence professionnelle, pour partager avec lui le sentiment : que la clarté et la force des convictions du ou de la photographe font la puissance et l’équilibre de cadrages criant de vérité.

Embrumé d’une tristesse infinie, le regard de la toute jeune petite fille, déjà madone du futur, fait suite au portrait de la grand-mère encore habité par la douleur des souffrances subies . La mort rôde dans les décombres des villages dévastés , véritables sépultures ou stèles parlantes des combats passés.

A même l’amas des fûts de roquettes déjà utilisées surgit la blondeur, le sourire et les yeux rieurs, un brin provocateurs d’une poupée qui telle une survivante « invite à danser entre les balles ».  Tel l’acte de bravoure le plus élémentaire pour garder foi en la survie d’un peuple kurde éclaté mais toujours rempart d’un Occident –victime lui aussi d’une trahison voulue , le 7 octobre 2019, par un certain Donald Trump , ordonnant le retrait du gros des troupes américaines.

Loin de tout folklore militant la force des images rassemblées de Maryam , depuis son 1er reportage en 2012 à Souleymanieh témoigne de la vitalité de l’égalité en droits hommes-femmes, exemplaire dans sa vocation universelle.

Les sourires accompagnent les mains tendues dans les danses entre combattantes et combattants, communicant dans l’intime conviction d’être indispensables l’un à l’autre .Une soldate fait fuir une cohorte de colombes, moment de grâce, « s’envolent les colombes, volent les colombes … » aurait dit Mahmoud Darwich dans un espoir de paix tant espérée.

« Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur » a écrit Henri Cartier –Bresson. Chaque page de cet ouvrage est une nouvelle preuve.

Tout en pudeur, humilité et solidarité.

Alain Mingam      

 

Maryam Ashrafi 

www.maryamashrafi.com

Instagram: maryamashrafi

https://crowdfunding.hemeria.com/fr/project/rising-among-ruins-dancing-amid-bullets-maryam-ashrafi/

                          

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