Se resouvenir
Au cours des neuf dernières années, j’ai été témoin d’un changement imperceptible chez ma mère et, lorsque le langage verbal s’avérait impuissant et illusoire, nous demeurions reliées par une photographie. La photographie est devenu un acte d’amour comme une tentative de préserver la mémoire et l’intimité, l’une et l’autre, de l’oubli.
La série présentée couvre une période double, celle de d’expérience intime de la guerre et celle de la maladie de ma mère. La guerre reste à bien des égards un territoire d’expérience humaine inexprimée et souvent inaccessible à une pleine compréhension. Ces dernières années, après la deuxième guerre du Karabakh, j’ai commencé à explorer la mémoire des personnes qui avaient connu ce destin. L’immersion dans leurs souvenirs a généré un contact tactile puissant avec les images, les pensées et les souvenirs, pouvant être appréhendés par le biais du langage visuel.
Et chaque fois que je retournais dans ma maison familiale dans le sud de la Russie, je pouvais sentir comment les lieux et les gens demeuraient enveloppés par les artefacts invisibles de la guerre passée et présente, et comment les vagues de la mer retenaient les cris.
