C’est la Fashion week à Berlin et le musée The Kennedys ouvre ses portes à Martin Schoeller et à ses fameux plans rapprochés de célébrités comme Angelina Jolie, Paris Hilton, George Clooney ou Barack Obama.
Le directeur artistique de La Lettre, Magnus Naddermier, a pu échanger quelques mots avec le photographe avant l’ouverture de l’exposition le 6 juillet :
Bonjour Martin, où êtes-vous ?
Je suis en Caroline du Sud, pour une publicité.
Voyagez-vous beaucoup ?
C’est assez irrégulier. Bien sûr, je vais à Los Angeles et Miami – je voyage beaucoup à l’intérieur des États-Unis. Et je suis allé en Afrique pendant un mois pour National Geographic.
Vous êtes allemand, mais vous vivez à New York. Quand vous êtes-vous installé là-bas ?
Je suis venu à New York en 1992. Je travaillais avec un bon photographe à Hambourg, mais je voulais progresser. Paris avait l’air hors de portée – il y avait trop de mode. Je voulais travailler avec Annie Leibovitz et Irving Penn. Annie Leibovitz m’a engagé en 1993.
Parlez-moi un peu de votre jeunesse. Comment vous êtes-vous mis à la photographie ? Avez-vous toujours eu envie de faire des images ?
J’ai grandi à Francfort. Avant d’avoir 19 ans, je n’avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire. J’ai travaillé un peu dans le social. C’est un ami qui s’est présenté à une école de photo et qui m’a convaincu d’essayer moi aussi. Ils m’ont pris, mais mon ami a été recalé.
Êtes-vous toujours amis ?
Oui, toujours. C’est un très bon cameraman.
Vous avez quitté Annie Leibovitz en 1996, comment se sont passées les premières années où vous avez travaillé à votre compte ?
J’ai travaillé pour Annie de 1993 à 1996. C’était vraiment effrayant mais aussi excitant d’être indépendant. Je répondais aux annonces des magazines. Mon premier travail a porté sur des prédicateurs à New York pour Time Out. Puis, ils m’ont chargé de photographier Vanessa Redgrave. J’ai fait des gros plans de son visage avec un petit sourire – l’image s’est avérée être vraiment bonne.
En 1999, vous obtenez un contrat avec le New Yorker, un magazine que Nicholson Baker décrivait, dans Port magazine, comme « l’une des trois grandes contributions que les États-Unis ont apportées au monde » (Certains l’aiment chaud et l’iPhone seraient les deux autres !) Comment cela est-il arrivé ?
Eh bien, j’ai photographié le skateur légendaire Tony Hawk pour eux. Il saute depuis la table de la cuisine avec son skateboard… Ils ont aimé le cliché et m’ont demandé deux ou trois autres portraits. Puis ils m’ont offert un contrat, et je travaille toujours pour eux.
Pour quels autres magazines travaillez-vous ?
Rolling Stone, GQ, Entertainment Weekly, National Geographic, Vanity Fair et Vogue de temps en temps.
Vous arrivez à ce que les célébrités les plus connues fassent les choses les plus idiotes sans perdre leur dignité. Appréciez-vous le challenge ?
Oui, je l’apprécie, mais c’est aussi parce que je suis fatigué de toutes ces images où les gens essayent d’avoir l’air sexy. Ça représente beaucoup de travail. 90% du temps, vous êtes seulement en contact avec un agent – je ne leur dis jamais ce que je veux faire. Les gens ont tellement peur que l’on touche à leur image. La plupart du temps, j’essaye de les convaincre quand ils sont déjà sur le plateau.
Vos photos sont aussi montrées dans des expositions, des musées, et des galeries d’art. Faîtes-vous une différence entre la photo d’art et le travail pour les magazines ?
Oui, je n’expose que les « plans rapprochés ».
C’est l’aspect de votre travail pour lequel vous êtes sans doute le plus connu. Cela ressemble à un projet sans fin. Comment avez-vous commencé ?
Je n’ai pas peur des gens et j’ai toujours été attiré par les portraits en gros plan. À vrai dire, j’ai présenté le portrait en gros plan d’un vieux monsieur pour entrer à l’école de photo. Puis quand j’ai travaillé pour Annie, je devais faire pas mal de tests lumière et ensuite j’ai fait ces portraits.
Comment travaillez-vous sur ce projet aujourd’hui ? Réalisez-vous toujours des gros plans en même temps que vous faîtes d’autres séances ?
Je les réalise toujours sur commande. Beaucoup de magazines les apprécient et me les demandent. Mais quoi qu’ils puissent dire, à la fin, ils veulent toujours autre chose.
La semaine prochaine, vous présentez vos œuvres à The Kennedys à Berlin. À quoi peut-on s’attendre ?
Comme je l’ai dit, je n’expose que des plans rapprochés.
L’exposition se déroule pendant la Fashion week. Êtes-vous intéressé par la mode ?
Non pas vraiment. Au début oui, mais ensuite juste pour les filles. Je déteste le shopping. J’ai trente tee-shirts noirs, deux jeans…
Et en ce moment, sur quoi travaillez-vous ?
Il y a toujours des expositions… et je travaille sur un projet sur les tribus mais rien n’est arrêté encore.
Merci Martin, et bonne chance pour la séance d’aujourd’hui.
Merci
Magnus Naddermier
Martin Schoeller est né en Allemagne en 1968. Il a étudié la photographie au Lette Verein de Berlin puis s’est installé à New York en 1992. Il a travaillé comme assistant d’Annie Leibovitz de 1993 à 1996. Aujourd’hui, Schoeller est un des portraitistes les plus connus de la jeune génération. En 2005, teNeues a publié le livre Close Up : Portraits 1998-2005 et en 2008, Pond Press a publié Female Bodybuilders.
Magnus Naddermier est le directeur artistique de La Lettre de la Photographie. Il a le plaisir de publier des images de Schoeller de temps en temps.
Behind the Mask – Portraits de Martin Schoeller
The Kennedys
Pariser Platz 4a
10117 Berlin-Mitte, Germany
du 6 au 31 juillet 2011
(10h-18h)