Marion Péhée : Famille en Ukraine – 5 années de conflit
Nous sommes en Ukraine, dans le Donbass, et ici, la guerre fait rage depuis maintenant 5 ans faisant plus de 10 000 morts. Avant le conflit, Ira et sa famille vivaient à Donetsk aujourd’hui république populaire auto-proclamée et zone aux mains des séparatistes pro-russes. Pour cette famille ukrainienne, il était inconcevable de rester sur ce territoire : «Je suis ukrainienne, je veux vivre en Ukraine».
Ira, ancienne secrétaire économiste de formation, a fui son appartement dans lequel elle vivait avec son fils Artiom, âgé alors de trois ans à l’époque. Dès le début du conflit, après avoir rapidement perdu son emploi, elle a pris la décision de partir dans sa datcha (Côté ukrainien) qu’elle occupait auparavant uniquement pendant la période estivale – emmenant avec elle son fils et le reste de sa famille. Sitôt arrivés dans leur datcha, à Bakhmutka Ira et sa famille se sont mis à cultiver fruits et légumes pour subvenir à leurs besoins. Après une année de guerre, Masha (sa mère) avait épuisé toutes ses économies. Ira martèle que c’est bien l’aide humanitaire qui les a sauvés.
En novembre 2016, au commencement de ce sujet, à Bakhmutka, cela fait six mois que le village qui se situe à 3km de la ligne de front est plongé dans le noir.
Tous se retrouvent alors sans eau, ni électricité. Pour se laver, ils puisent l’eau à l’aide d’un système de pompe dans la rivière. La seule source d’eau potable provient d’un puits à disposition des habitants.
Par manque de moyen, Ira et sa tribu sont dans l’impossibilité de quitter cette région; depuis 5 ans ils vivent donc au rythme de la guerre du Donbass.
En septembre 2017, Ira décide de quitter sa famille et Bakhmutka pour emménager, avec son compagnon Sacha, à Ivanhrad (situé à 6km de Bakhmut) ce, afin de s’éloigner de la ligne de front et de pouvoir emmener son fils Artiom à l’école. Dans ce village, ils vivent de travaux agricoles; chaque matin, Ira sort ses vaches et les rentre pour la traite chaque soir. Ainsi, sur le marché et trois fois par semaine, elle revend son beurre, le lait et la dvorogue et gagne, avec cette activité, entre 800/1000 UAH / semaine soit entre 26 et 33€.
Pour autant, cette famille, à l’image de nombreuses familles dans le Donbass, se retrouve désemparée et réduit à une précarité extrême, affaiblie par ces 5 années de guerre.