Le livre de Marion Grenier , “We Were Never Meant To Survive” est disponible en librairie depuis le 1er octobre.
En photographiant Amérindiens, Mennonites et Africain-Américains, j’ai cherché à retrouver les visages des peuples qui fondèrent les États-Unis d’Amérique.
Les visages qui m’ont retenue me semblaient marqués par une tragédie bien plus vieilles qu’eux, comme si remontaient à leur surface les lames de fond de la violence originelle qui hante l’histoire de ce pays, celle de l’extermination des “Indiens” et de l’esclavage des “Noirs”.
Cette violence s’est instituée dans la société américaine par une séparation et une hiérarchisation des races, elle est aujourd’hui systémique.
Au cours de ce travail, j’ai réalisé que le portrait photographique avait été un instrument de cette violence. Au XIXème siècle, alors que la colonisation battait son plein, la photographie a participé à l’assujettissement des populations indigènes ou dissidentes. Utilisée par les scientifiques positivistes de l’époque, elle fut la pierre angulaire d’un système de classification typologique des races. Les visages, mesurés et catégorisés, prouvaient l’infériorité atavique de leur propriétaire. Ces prétendues démonstrations scientifiques reposaient sur des a priori racistes. La photographie en elle-même n’atteste rien. Cependant, son apparente objectivité, héritée de son origine mécanique et de sa nature indicielle, avait le pouvoir de naturaliser ces préjugés.
J’ai choisi de remettre en scène cette typologie pour la déconstruire, pour montrer combien, à l’opposé de cette assignation factice, le visage photographié vibre, vacille, miroite, combien il nous échappe dans un incessant va-et-vient entre exhibition et retrait, combien il nous plonge dans l’inconnu, combien il résiste.
Car ces visages me résistent, nous résistent, de cette résistance consubstantielle à leur apparition dont parle Emmanuel Levinas, cette force paradoxale et indestructible qui émane de leur vulnérabilité.
Ce travail, en définitive, cherche peut-être à reconfigurer le passé, à en proposer un autre récit. En exhibant la violence de l’histoire coloniale, en démontant et en détournant certaines de ses armes, mes images veulent donner à voir la résistance indéfectible des peuples opprimés.
Marion Gronier
L’édition standard : un livre pour 38 €
L’édition cadeau : deux livres pour 70 €
L’édition de tête : un livre accompagné d’un tirage signé en édition limité à 10 exemplaires pour 300 €
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