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Marc Dekeister : P O L A R O I D

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Le Polaroid a été un choix naturel pour le non photographe que j’étais, étudiant à Paris le dessin, la couleur, la forme …. et la photographie.

Les photographies en tant qu’images m’intéressaient beaucoup, mais je voulais dessiner.

L’idéal pour moi était le magazine ZOOM, et son volet “ arts graphiques ”. Le n° 20 contenait un article sur Steve Hiett, photographe, graphiste, musicien, peintre …

moi à l’envers !

Mon incompréhension devant un appareil photo m’oriente vers le Polaroid. Un 600 d’abord, aux images carrées, et à partir des années 80, un Polaroid Image, au format légèrement rectangulaire : 7,3 X 8,9 cm.

La magie du système Polaroid m’émerveille : pour moi ce n’est pas un appareil photographique mais une poule qui pond un œuf.

Je glisse sur vingt années d’absolue nullité, mais à l’âge de 40 ans, mes efforts sont récompensés : je sais voir dans un rectangle, composer, etc.

En 2003, j’expose à la galerie Lucie Weill & Seligmann, rue Bonaparte, à Paris.

Alain Dominique Perrin ( Fondation Cartier ; Richemont ), pour qui je dessine depuis 15 ans, achète cinq polaroids …et me conseille de ne plus vendre ! J’ai largement suivi ce conseil depuis.

Mais il faut vivre.    Alors ….

Depuis l’année 2000, le laboratoire Granon Digital agrandit de façon gigantesque mes polaroids : jusqu’à deux mètres. Cependant, c’est un léger flou qui fait la beauté d’un polaroid. Alors pourquoi multiplier ce flou ?

Un polaroid raté ne sert à rien et on le jette. Au lieu de capituler, je me suis tourné vers la gravure et les graveurs, qui attaquent une plaque de métal avec de l’acide ou de la soude.

J’ai ouvert l’image polaroid et versé l’acide, pour déranger les couches de couleurs et basculer l’aspect photographique du polaroid en matière.  Je le corrige, le griffe, le punis, en lui infligeant des blessures, des striures, des effacements.

C’est le polaroid altéré qui est scanné au laboratoire. Agrandissez la matière : elle restera toujours nette.

Chaque couleur du polaroid est une peau à la géométrie particulière et au dessin miraculeux. Une merveille rendue visible par l’agrandissement.

Pourquoi se donner tant de peine ?

Un polaroid écrasé dans la main « explose » en mille ramifications colorées.

Les oxydations dessinent des figures d’outre-tombe ; des créatures mythologiques.

Mon but n’est pas d’être chimiste, mais de faire de la poésie en image.

Un crayon ; de l’encre ; un appareil Polaroid ; un iPhone ; un Nikon : je prends tout.

Ce que je n’ai jamais su imaginer par le dessin, je l’ai obtenu avec le Polaroid.

Marc Dekeister

 

 

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