Dans le cadre de la biennale ‘Fashion and Style in Photography 2021’, le Multimedia Art Museum de Moscou présente ‘FloodZone’, une exposition d’Anastasia Samoylova.
Anastasia Samoylova a déménagé aux États-Unis en 2008 et s’est inscrite à un programme de maîtrise à l’Université Bradley après avoir obtenu son diplôme de l’Université d’État russe pour les sciences humaines. Pendant plusieurs années, elle a vécu dans l’Illinois et le Massachusetts et a enseigné la photographie, puis il y a quatre ans, elle a déménagé à Miami, où elle s’est lancée dans la créativité, se consacrant entièrement à la photographie.
Une fois à Miami, la première chose qu’Anastasia Samoylova a remarquée était le climat – chaleur tropicale, presque à cent pour cent d’humidité et saisonnalité – de juillet à septembre – averses, vents, orages et ouragans. Historiquement, la population de Floride s’est toujours installée à distance de l’eau, consciente de l’instabilité des courants océaniques. Miami, fondée en 1896, ne comptait à l’origine pas plus de 2000 habitants.
Mais avec l’avènement de la climatisation, la ville a commencé à se développer activement en tant que centre de villégiature et de tourisme, principalement à Miami Beach, une petite banlieue insulaire séparée de la côte par un canal artificiel. Le boom touristique a conduit à un boom de la construction. Aujourd’hui, c’est l’une des stations balnéaires les plus célèbres des États-Unis, avec des logements prestigieux et coûteux. En raison du réchauffement climatique le niveau des océans du globe ne cesse de monter et les zones côtières de Miami sont régulièrement inondées, mais les autorités de la région, dont l’économie est basée sur le tourisme et le développement, continuent de créer l’image d’un paradis touristique avec de belles plages , des paysages et des hôtels, malgré le fait qu’avec le temps cette zone risque d’être complètement sous l’eau.
Après avoir déménagé à Miami, Anastasia Samoylova a commencé à photographier la ville et ses environs. Avec ces images, le projet « FloodZone » a commencé, comme une exploration visuelle des étonnants paradoxes, contradictions et contrastes qui abondent dans le sud de la Floride. Sur les photos d’Anastasia Samoylova, Miami ressemble à un décor de studio : banderoles publicitaires fanées par le soleil invitant à la ville des rêves, gratte-ciel et baraques aux façades moisies, végétation abondante et luxuriante dont les racines rongent la ville, couleurs contrastées de la terre et des maisons, et de l’eau, de l’eau, de l’eau… « Bien que nous soyons entourés par l’océan, il n’y a presque pas d’océan sur les photos. L’eau de ces images arrive dans les rues et les traverse, comme les veines de la ville. Elle pénètre les murs, pénètre toutes les surfaces », explique la photographe.
Le théoricien de la photographie David Campany écrit dans sa préface au livre « FloodZone » : « Vous ne trouverez aucune image de catastrophe sur ces pages. Anastasia Samoylova cherche autre chose, les signes plus subtils de ce qui attend les populations qui se regroupent le long des rivages. Qu’est-ce que vivre au jour le jour sur le fil du couteau climatique ? Quel état psychologique cela demande-t-il ?
Le projet « FloodZone » vous fait porter un regard sobre sur les choses et réfléchir à la responsabilité. Il s’agit en l’occurrence de la responsabilité des politiques et des promoteurs avec leurs joyeux encouragements à s’installer dans un « paradis » sans défense face aux éléments naturels. Dans un sens global, c’est la responsabilité de l’humanité envers les générations futures qui ne verront peut-être jamais des villes qui ont disparu sous l’eau, des animaux et des plantes qui ont disparu de la surface de la terre en raison du réchauffement climatique, du changement climatique, etc.
Anastasia Samoylova (née à Moscou en 1984 ; vit à Miami) travaille dans le domaine de la photographie d’observation et de la pratique en studio.
Le projet « FloodZone » a été soutenu par la South Arts Fellowship et le Michael P. Smith Fund for Documentary Photography. En septembre 2019, Steidl a publié un livre du même nom avec plus de quatre-vingts photos. En janvier 2020, Anastasia Samoylova a présenté la série «FloodZone» dans le cadre d’une exposition personnelle au musée d’art contemporain de l’Université de Floride du Sud (Tampa).
Des expositions d’Anastasia Samoylova ont eu lieu au Museum of Contemporary Photography de Chicago, à la Purdue University, au Milwaukee Institute of Art and Design, au Griffin Museum of Photography, à la Julie Saul Gallery (New York), à la Foley Gallery (New York), la Fondation Aperture (New York) et de nombreux festivals au Brésil, en Belgique, en France, en Israël, aux Pays-Bas, en Chine et en Corée du Sud.
Des articles sur Samoylova ont été publiés dans des publications telles que : The New Yorker, Smithsonian Magazine, FOAM, Wired, Art Press, Monocle, The Wall Street Journal et Bloomberg Businessweek. En tant qu’artiste invitée, elle a donné des conférences au George Eastman Museum, à ParisPhoto, à la School of Visual Arts de New York, etc. Anastasia Samoylova a également effectué de nombreuses résidences d’artistes, dont Latitude Chicago et l’ArtCenter/South Florida.
Son travail fait partie des collections du Pérez Art Museum (Miami), du Museum of Contemporary Photography (Chicago) et d’ArtSlant (Paris), ainsi que des collections des bibliothèques de l’Université de Stanford, de l’Université de Yale et du Museum of Modern Art. à New York.
Commissaire : Anna Zaitseva
Anastasia Samoylova : Floodzone
9 juin 2021 — 28 juillet 2021
Multimedia Art Museum, Moscow
Ostozhenka, 16
