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mahJ : Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme : Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950

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Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (mahJ) présente l’exposition Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950. Notre édition d’aujourd’hui est dédiée à Blumenfeld, l’un des photographes les plus influents du XXe siècle. Expérimentateur et innovateur, il a produit un vaste corpus d’œuvres comprenant des dessins, des collages, des portraits et des nus, des portraits de célébrités, des campagnes publicitaires et sa célèbre photographie de mode aussi bien en noir et blanc qu’en couleur. Avec tous nos remerciements à Nadia Blumenfeld-Charbit pour son aide dans la création de cette édition spéciale.
Jean-Jacques Naudet

 

“Comme il ne me restait pas d’autre solution, je devins photographe. Tout le monde m’en dissuadait. Les peintres ratés devenaient étalagistes, les étalagistes ratés devenaient photographes. Mais photographe, quelle déchéance !“
Erwin Blumenfeld, Jadis et Daguerre

Dans les années 1940, à près de cinquante ans, Erwin Blumenfeld s’impose à New York comme un photographe de mode de premier plan. Ses images font la couverture de nombreux magazines, notamment Harper’s Bazaar et Vogue, et resteront des références. Avant d’obtenir ce succès, Blumenfeld connaît un destin tourmenté. Né à Berlin en 1897 au sein de la bourgeoisie juive intégrée, il est promis à des études supérieures. Mais la disparition de son père en 1913 réduit la famille à la ruine, et il entre en apprentissage dans une maison de confection. Mobilisé en 1916, il est ambulancier, charrieur de cadavres, puis comptable dans un bordel militaire de campagne. En 1918, son frère Heinz meurt sur le front, et Erwin manque de se faire fusiller pour désertion, avant de rejoindre sa fiancée, Lena Citroen, à Amsterdam. Là, il vivote en ouvrant un commerce de maroquinerie et se cherche comme artiste avant de se consacrer pleinement à la photographie à partir de 1932. Il quitte les Pays-Bas pour Paris en 1936 et, alors qu’il perce dans la photographie de mode, la guerre et l’Occupation le plongent dans deux ans d’errance et d’internement dans différents camps en France et au Maroc. En août 1941, il parvient non sans difficultés à atteindre les États-Unis avec sa famille.

Les décennies 1930 et 1940 sont celles de la révélation de son talent, servi par des expérimentations artistiques originales et foisonnantes, poursuivies avec la même ferveur de Paris à New York. Après des débuts au sein du mouvement Dada, marqués par des photomontages visionnaires sur le nazisme, Blumenfeld construit une œuvre loin des troubles du temps. Elle s’inspire des techniques de prise de vue de la « Nouvelle Vision », qu’elle prolonge et renouvelle lors du tirage en laboratoire : solarisations, réticulations, surimpressions, miroirs et effets optiques, jeux d’ombre et de lumière forment ainsi une grammaire au service d’une œuvre où la beauté féminine et le nu occupent une place centrale. Aux États-Unis, il sera précurseur dans le domaine de la photographie en couleur, propice à de nouvelles expériences.

L’exposition éclaire cette période féconde du photographe, et fait découvrir des ensembles inédits, tel le reportage sur une famille gitane aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ou celui sur des danses amérindiennes au Nouveau-Mexique. Sur les pas du photographe, au destin finalement heureux, elle révèle un parcours emblématique de celui de nombreux artistes juifs européens dans les tourmentes du XXe siècle.

 

Commissariat : Nadia Blumenfeld-Charbit et Nicolas Feuillie

 

Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950
Jusqu’au 5 mars 2023
mahJ : Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71 Rue du Temple
75003 Paris, France
https://mahj.org/fr

Catalogue : Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld. Eds. mahJ/RMN 2022

www.erwinblumenfeld.com

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