La Galerie Magnum présente MAROC, une exposition d’œuvres du photographe et cinéaste belge Harry Gruyaert jusqu’au 2 avril 2021, et online. Ce premier voyage en Afrique du Nord a marqué l’ « épiphanie » de la couleur chez le photographe qui a rejoint Magnum Photos en 1982.
A la suite de son installation à Paris dans les années 1960, puis lors de son premier voyage à New York en 1968 où il voit les œuvres des artistes Pop Art Roy Lichtenstein et Robert Rauschenberg, le pouvoir de la couleur fascine Gruyaert. La photographie couleur devient son médium de prédilection l’année suivante, en 1969, cette révélation s’imposant à lui lors de son tout premier voyage au Maroc. Comme ce fut le cas d’Eugène Delacroix et Henri Matisse avant lui, ce voyage a un impact durable sur son œuvre qu’il décide de consacrer entièrement à la photographie couleur.
L’exposition présentée par la galerie Magnum à Paris célèbre cette révélation et met en lumière l’une des séries les plus importantes et poétiques du photographe. Au cours de ses nombreux voyages au Maroc, Gruyaert a en effet développé un langage photographique très personnel, révélant l’essence des couleurs, des paysages et des personnes qu’il a vues et rencontrées.
« Quand je suis allé pour la première fois au Maroc, j’ai eu un vrai coup de foudre. Puis j’y suis retourné pour retrouver certains endroits, revivre l’émotion initiale, et ce pendant près de quarante ans. Ce qui m’a d’abord séduit, c’est l’ordonnance des choses et de la vie dans les campagnes. Il y avait là un accord splendide entre les formes, les couleurs, les gestes quotidiens et la nature. L’importance de la famille, du groupe, de la religion m’a elle aussi fasciné. Dans la campagne marocaine, ce sont l’habitude, la coutume, qui dominent et désignent ce que chacun doit être. Je ne veux pas dire que le Maroc est un pays immuable, à l’abri des changements et des contradictions, mais simplement que les habitants des campagnes sont encore soumis à des règles, religieuses ou laïques, qui nous font défaut en Europe. » Harry Gruyaert.
Gruyaert se distingue de ses pairs, en particulier de la tradition humaniste portée par des photographes comme Henri Cartier-Bresson, en accordant autant d’attention aux environnements qu’à leurs habitants. Comme il l’explique dans son opus Maroc datant de 2013, la communication par la photographie implique « un ensemble visuel qui inclut bien sûr les gens, mais au même titre les murs, les tissus, les animaux, la lumière, etc. »
« Dans cette saisissante sélection d’œuvres, silhouettes drapées et ombres sans visage cohabitent dans un environnement ocre chaleureux. L’approche intuitive de Gruyaert lui a permis de capter les sentiments de fierté et de réserve inhérents à la culture marocaine comme on le voit dans l’œuvre au début de l’exposition, ou l’on voit le profil d’une jeune femme dans la région du Haut Atlas. Certaines femmes et certains hommes se cachaient le visage avec modestie tandis que d’autres tournaient le dos à l’étranger qu’il était. Cette réticence à se faire photographier lui a plu, car elle illustre l’état d’esprit des Marocains » déclare Samantha McCoy, directrice de la Magnum Gallery, à Paris, et curatrice de l’exposition.
En voyageant du Haut Atlas au désert, Gruyaert a découvert une grande variété de paysages, d’architectures et de personnes. Documentant la riche culture du pays, sa passion l’a amené à publier deux livres de photographies sur le sujet, respectivement en 1990 et 2013.
Jusqu’au 1er avril 2021, le Museum Helmond présente la première rétrospective de Gruyaert aux Pays-Bas.
HARRY GRUYAERT
Né en Belgique en 1941, Harry Gruyaert a étudié la photographie et le cinéma. Il réalise quelques films en tant que directeur de la photographie pour la télévision flamande avant de se tourner vers la photographie couleur dans son Paris d’adoption au début des années 1960. C’est à cette époque qu’il commence activement à voyager et visite les États-Unis, l’Inde, l’Égypte, le Japon et le Maroc.
Au début des années 1970, alors qu’il vit à Londres, il travaille sur une série de captures d’écran de télévision en couleur qui deviendront plus tard les «TV Shots» et qui font désormais partie des collections du Centre Pompidou. À peu près à la même période, il photographie également son pays natal et produit deux livres, Made in Belgium et Roots.
Parmi d’autres ouvrages importants, les deux éditions de Rivages, parues en 2003, 2008, et 2018 témoignent de la maîtrise de Gruyaert des environnements naturels, contrastant lumières et couleurs. Plus récemment, il a publié East West (2017), une quête de lumière et de sensualité qui a conduit l’artiste à capturer les couleurs de deux mondes très différents : le scintillement vibrant de Las Vegas et Los Angeles en 1982, et l’austère retenue de Moscou en 1989, juste avant la chute de l’Union soviétique. En 2019-2020, en plus de Last Call, Gruyaert a publié les livres Irish Summers et India.
Une exposition de l’œuvre de Gruyaert s’est tenue à la Maison Européenne de la Photographie à Paris en 2015 ainsi qu’une grande exposition à FOMU d’Anvers en 2018. Son travail est conservé dans de nombreuses collections de musées, notamment le Centre Pompidou, Paris, France; David Roberts Art Foundation DRAF, Londres, Royaume-Uni; Harry Ransom Center, Austin, Texas, États-Unis; Fondation d’entreprise Hermès, Paris, France; et le Tokyo Metropolitan Art Museum, Tokyo, Japon, entre autres.
MAGNUM PHOTOS
Magnum Photos représente certains des photographes les plus renommés au monde en préservant ses idéaux fondateurs, entre journalisme, art, et narration. Les photographes de Magnum partagent le même objectif, celui de couvrir les événements, les peuples, les lieux et les cultures du monde avec une narration puissante qui défie toute convention, brise le statu quo, redéfinit l’histoire et transforme les vies.
Depuis plus de 70 ans, Magnum Photos offre la plus grande qualité photographique à une clientèle internationale de médias, d’organisations caritatives, d’éditeurs, de marques, et d’institutions culturelles. La bibliothèque Magnum Photos est une archive vivante qui est régulièrement enrichie avec de nouvelles œuvres provenant du monde entier.
Magnum a documenté la plupart des événements et personnalités majeurs autours du monde depuis les années 1930, couvrant l’industrie, la société et les peuples, les lieux importants, les événements politiques et d’actualité, les désastres et les conflits.
Présente à Paris, Londres, et New York, l’agence Magnum Photos a une audience globale et s’est imposée comme une marque photographique authentique. Elle demeure loyale à ses valeurs originelles d’excellence, de vérité, de respect, et d’indépendance.
MAGNUM GALLERY
Aujourd’hui, Magnum Photos a deux galeries : une à Paris située au 19 rue Hégésippe Moreau, 75018, et une à Londres, située au 63 Gee Street, EC1V 3RS.
Josef Koudelka: Ruins est présentée en parallèle à la Galerie Magnum. Les deux expositions sont ouvertes du Lundi au Vendredi, de 10h à 13h et de 14h à 18h, et sur rdv.
Harry Gruyaert : Maroc
Jusqu’au 2 avril 2021
Magnum Gallery
19 rue Hégésippe Moreau, 75018 Paris, France
https://www.magnumphotos.com/magnum-gallery/