« Je vagabonde au sein des limbes, l’une de nos dernières frontières – des endroits qui semblent mal-aimés et abandonnés, des lézardes dans la façade urbaine. Quand je découvre un site qui m’attire, je retourne l’explorer au crépuscule. À ce moment de transition, la lumière naturelle cède sa place aux lumières de la rue, de la lune, aux fenêtres éclairées, ainsi qu’aux panneaux publicitaires et aux éclairages dédiés à la surveillance.
Récemment, cependant, je suis revenue dans les zones centrales des grandes villes, où la crise économique a produit ses propres brèches dans la façade urbaine – les magasins vacants dont les vitrines lumineuses évoquent des peintures de Rothko. Mon projet Vacancy (Vacance) cherche ce contraste entre une perception esthétique et le sous-texte du désastre économique, un contraste qui évoque une beauté inquiétante.
Je continue de photographier les villes à l’aube ou au crépuscule, aux périodes intermédiaires qui soulignent la nature changeante et difficile de ces zones. Je me concentre maintenant sur les taches de vide qui se découpent dans le centre urbain. J’ai également exploré l’utilisation de figures isolées, fantomatiques, pour intensifier l’aura d’absence et étendre le projet au-delà des vitrines de magasin, pour inclure d’autres exemples de vacance frappant l’imagination, comme des panneaux d’affichage laissés à l’abandon, saisis au vol lors de trajets en train ou en bus. »
Lynn Saville
http://www.lynnsaville.com