Izumi Miyazaki est une jeune photographe japonaise qui envoute ses fans sur le web par ses autoportraits sortis d’un autre monde. Petite histoire d’un phénomène.
Le Japon n’en finit pas de me surprendre, malgré mes nombreux voyages au pays des paradoxes, je suis encore surpris par ses traditions, sa culture hybride allant du « Kawaï » à la démesure… mais surtout sa capacité à se sortir des épreuves les plus dramatiques, comme deux bombes atomiques, une crise économique et identitaire majeure, des tremblements de terre à répétition et sans parler des Tsunamis avec les dégâts irréversibles que nous connaissons.
Quand on a 20 ans au Japon, on ne ressemble à rien de comparable, mais quand on s’appelle Izumi Miyazaki, même les Tokyoïtes découvrent une sorte d’extraterrestre. Rencontre du troisième type : les cheveux noirs, coupe au carré, un regard sombre, un visage de poupée dont les émotions auraient été effacées, des tenues trop strictes ou trop bariolées, la jeune photographe qui sort de la prestigieuse université d’art de Musashino à l’ouest de Tokyo, n’en a pas fini de nous surprendre.
Baignée des maîtres du surréalisme comme Magritte, elle avoue une passion pour Alfred Hitchcock ou David Lynch. Ses autoportraits pratiquent l’humour à froid, se mettant souvent en scène dans des performances sans queue ni tête. Tête qu’elle n’hésite pas à trancher en l’agrémentant de tomates fraiches ou d’un poisson, dans une interprétation humaine du sushi. Si elle ne sourit jamais sur ses photographies c’est sans doute pour exprimer sa solitude et peut être la difficulté d’une jeunesse connectée, à vivre dans un monde réel. Son travail surprend autant qu’il fascine, se jouant des codes de la vie 2.0 Izumi Miyazaki s’amuse dans une écriture poétique et bouleversante. L’addiction est proche…
Renaud Bergonzo
Renaud Bergonzo est le directeur de la galerie bergonzofirstfloor, à Paris.
Izumi Miyazaki, There’s no place like home
9 mars – 30 avril 2018
bergonzofirstfloor
12 rue Guénégaud
75006 Paris
France
www.bergonzo.paris