Où dorment les étoiles
Où dorment les étoiles – Where stars are sleeping – nous plonge dans le songe envoûtant et enivrant de l’eau ; la matière aqueuse est omniprésente : en même temps présente et absente. Le regard la transperce sans limite. C’est un voyage dans l’oubli et l’inconnu qui s’offre à nous ; Un espace immense et démesuré dans lequel prend place le spectacle insoupçonné de la nature. C’est l’histoire de sa fuite que je raconte.
L’eau est aussi vitale que destructrice, elle constitue un danger pourtant en danger. Son équilibre fragile est menacé et menaçant. L’eau suggère une impression de mort et de vie latente. Le végétal se refugia dans cet élément aqueux, ainsi se détachant d’une condition d’espace-temps dont l’humain le prive petit à petit : je parle ici entre autres du réchauffement climatique et de la déforestation. Échapper à son destin relève d’une conscience de la mort à laquelle la nature a très souvent été confrontée, tomber dans l’oubli, dans un repos éternel bien que nous le sachions éphémère. Les plantes sont conscientes de la mort, de leur propre mort. Elles se cachent sous l’eau pour s’insuffler un sentiment de vie gelée, aussi fugace ce sentiment soit-il.
Cette profondeur, ce caractère sombre où la lumière semble se diluer, on les retrouve aux antipodes de l’eau et de l’espace, du plein et du vide, de la matière et de l’antimatière. Ils se font face mutuellement. L’eau est la matière permettant cette rencontre extraordinaire.
La figure d’Ophélie de La Tragédie d’Hamlet évoque une absence, un oubli. Son corps gît vacant sur l’eau de la rivière. Cette vision offre un instant, une pause, un souffle poétique et mélancolique. A la fois beau et triste, une ambivalence de la vie et de la mort.
Ophélie dégage un sentiment de culpabilité, de souffrance liée à sa folie : le tourment de l’âme se retrouve apaisé par la quiétude de l’eau. Sa mort sur les eaux, qu’on associe à la persistance de la nature à travers cette série photographique, renverrait directement à un retour à la vie. L’eau maintient momentanément ce corps vivant et resplendissant et maintient cette nature en vie.
C’est une illumination : cette beauté faisait évidence, cette noblesse prenait corps, ce mystère profond n’était que subterfuge. Il nous fallait ouvrir suffisamment les yeux pour comprendre que la nature avait tant à raconter et à offrir.
L’univers est à portée de regard, les étoiles scintillent mais l’on ne sait encore pour combien de temps.
Lucas Kleinholtz
Instagram : @petitboislk
