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L’Oeil Argentique : Jacques Revon : Le révélateur photo au cacao : une révélation! Développement alternatif écologique.

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 Avant de vous parler de mes essais avec un révélateur alternatif au cacao, je pense qu’il est bon en introduction à cette rubrique argentique, de faire un petit point sur l’approvisionnement et le prix des films noir et blanc argentiques dans l’hexagone, comme aussi en Europe.

Le souhait de la jeune génération pour accéder et découvrir la photo argentique.

On note depuis quelques temps, une certaine demande d’accès des jeunes générations pour une découverte de la photographie argentique. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à déjà rechercher un boitier abordable pour pratiquer disent-ils: « ce type de photographie ». Tiens, tiens!

On trouve assez facilement des boitiers d’occasion de belles marques, classiques ou reflex et en bon état de marche, disons entre 50 et 80 euros. C’est au départ un élément encourageant, seulement voilà, Il y a maintenant un petit hic.

Les pellicules, les films et les papiers sont devenus trop chers.

Depuis déjà plus d’un an, on constate malheureusement dans ce domaine qualifié de « niche » , comme dans d’autres secteurs, des augmentations de prix.

Le prix devenu élevé des pellicules, des films, comme d’ailleurs celui des papiers photographiques, n’est donc pas après l’achat d’un boitier, forcement motivant pour celles et ceux qui souhaitent s’aventurer dans la photographie noir et blanc argentique que certains nomment maintenant « analogique » en opposition avec « numérique » .

Certes les raisons sont connues, déjà moins de fabricants d’émulsions sur le marché photographique, des grands noms de cette industrie ont d’ailleurs disparu ou faute de réinvestissements au bon moment, ont baissé leur pavillon. L’invasion du numérique avec la vulgarisation de la photo digitale ayant pris assez vite le dessus.

Autre point important, l’augmentation du coût de tous les produits qui concourent à la fabrication des émulsions photographiques avec principalement le prix de l’argent métal. Ce minerai précieux subit une extraction de plus en plus coûteuse, qui plus est, son prix fluctue et peut même s’envoler à tout moment, ce qui on s’en doute, ne rassure pas les derniers fabricants. Aujourd’hui, le kilo d’argent métal est proche des 1000 euros.

Les conséquences on les voit vite sur le terrain. Non seulement le prix des différentes pellicules devient donc prohibitif, mais chez les quelques fournisseurs spécialisés, on enregistre aussi des ruptures de stock, qui se suivent et qui se succèdent, sans d’ailleurs obtenir de visibilité sur les prochains arrivages…à deux mois, à trois mois…voire même plus pour certains produits liés à l’argentique, et le constat est là indiqué : ruptures de stock…en réapprovisionnement!…»

Alors, au fil des mois et en fonction du marché dans cette « niche » comme des matières premières, les fabricants décident: de fabriquer ou d’attendre…

« Les amoureux de l’argentique aimeraient quant à eux, bien voir aussi de ce côté là, le temps s’arranger ».

 

Le développement alternatif avec de la poudre de cacao.

La poudre de cacao avec ses 5624mg pour 100g, se classe à la 6ème place des 100 aliments les plus riches en polyphénols, juste derrière la menthe séchée que j’utilise d’ailleurs pour fabriquer mes révélateurs avec des herbes aromatiques de mon jardin ( voir l’article du 8 mars 2024 ).

https://loeildelaphotographie.com/fr/loeil-argentique-jacques-revon-le-revelateur-alternatif-ecologique-confectionne-avec-avec-3-herbes-aromatiques-sauge-menthe-poivree-et-thym/).

Les polyphénols contenus dans le cacao ont donc la particularité d’être similaires à ceux contenus dans le vin rouge. Pour les connaisseurs, ce sont des paroanthocyanidines, ou si vous préférez des agents tanins dits condensés.

Outre les bienfaits du chocolat pour notre santé, il n’y avait pour moi (amoureux aussi du bon chocolat) qu’un pas à faire après mes expériences de développements réussis dans certains cépages. ( voir mes articles précédents) .

Je décidais de développer cette fois, dans ce bel aliment. L’environnement de mon petit labo ne s’en n’est pas plein, bien au contraire, çà sentait bon le cacao. ( photos 2 / 3 /4 ).

Un bémol cependant à ma belle aventure chocolatée. En effet, le prix de la fève de cacao explose        actuellement sur les bourses mondiales…et va sans doute dans les prochains mois, se répercuter sur les produits finis si vous voyez ce que je veux dire, décidément!.

 

Fabrication de mon révélateur à la poudre de Cacao.

1- Préparation A  Dissolution de 50 grammes de poudre de Cacao dans 350 ml d’eau distillées à 23°.

2- Préparation B Dans 350 ml d’eau distillée à 23° et cette fois dans cet ordre, 8 gr de vitamine C puis 50 gr de carbonate de sodium, 6 gr de sel iodé, et 10 ml de bisulfite de potassium à 5% pour protéger d’une oxydation rapide enfin en dernier lieu, de 3 gouttes de photoflo pour faciliter l’action du révélateur dans l’émulsion.

3- Mélange des deux préparations A + B avec une bonne agitation. Effectuer ensuite un filtrage.

Pour filtrer vous pouvez utiliser des filtres à café solide en nylon, si possible pour affiner la filtration le surmonter d’un filtre chaussette vendu pour un panier de skimmer à piscine (voir photo N° 4).

 

Mes essais et mes résultats.

Un premier essai de développement d’une partie d’un film Foma 35 mm 400 ISO, température 25° durée 20 minutes. Résultat encourageant.

Deuxième essais développement avec les mêmes paramètres d’un film FP4 125 ASA cette fois périmé.

J’ai ensuite fabriqué un second révélateur en augmentant de 10 grammes la poudre de cacao, soit 50 gr, j’avais commencé avec 40 gr , J’ai modifié la durée et j’ai rajouté en début de la dissolution B, 10 ml de bisulfite de potassium à 5% afin de protéger mon mélange final d’une oxydation trop rapide. Développement 25° / 28 mn. Cette fois, j’ai noté un excès de grain. Développement trop long. ( photos 11 / 12 / 13).

Un essai effectué la nuit, lors d’un festival « Jazz en ville » en extérieur, sur une pellicule Foma 400 développée à une température de 26 ° pendant 20 minutes. ( photos 14 / 15 / 16 ) Résultat intéressant lui aussi.

Autre essais, le développement d’une pellicule 6X6 Rollei 400 température 25° durée 26 minutes m’a donné un très bon résultat, grain très fin et velouté dans l’image (photos 1/ 5 / 6 / 7) de quoi sincèrement me surprendre.

Enfin, j’ai réalisé un dernier essai, développement d’une pellicule 135 Rollei 100 ISO en Stand-Dev, ( photos 8 / 9 / 10 ) température 22° durée 60 minutes avec seulement deux agitations d’une minute, l’une au départ et la seconde au bout de 30 minutes. Très bon résultat! avec un certain avantage, pendant ce temps là, on peut faire autre chose à condition cependant de ne pas oublier la pendule et pour cela, je vous conseille de programmer une petite alarme de votre choix.

4-Fixage puis lavage comme préconisé dans les précédentes fiches / recettes publiées.

 

Rappels pratiques.

Avant de développer ne pas oublier d’effectuer un pré mouillage de vos films durant 6 minutes dans de l’eau distillée à environ 20° afin de préparer l’émulsion à accueillir le révélateur.

Lors du développement il est conseillé d’agiter votre cuve par retournement, une minute en continu dès la première minute, puis 10 secondes toutes les minutes et ce durant la totalité du développement. Certes c’est un peu astreignant mais nécessaire pour obtenir un bon développement. – Je rappelle ici que pour ceux qui ont un peu de temps, la solution du développement en « Stand-Dev » est assez pratique et permet d’obtenir de très bon résultats, en particulier d’obtenir des détails dans les basses lumières.

Enfin après le lavage de votre film, laissez-le dans de l’eau distillée durant une minute, afin d’éliminer les résidus de calcaire contenus dans l’eau.

Jacques Revon
Journaliste honoraire, auteur, photographe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Revon

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