Rechercher un article

Liban, BEYroute ou les effets de la guerre

Preview

Il est difficile de circoncire l’influence de la guerre sur une population qui a grandi avec. Elle colore les souvenirs, assombrie la vie quotidienne et, entre autres choses, elle forme l’art et les artistes qui vivent à travers elle. BEYroute explore les effets de la guerre sur huit photographes libanais, qui ont été inspirés et affectés par leurs expériences et leurs souvenirs des guerres du Liban.

BEYroute fait partie de Roaming Images, un plus grand projet développé par le Musée macédonien d’art contemporain à Thessalonique, en Grèce. Roaming Images a sélectionné des projets venant de Chypre, d’Egypte, des Emirats arabes unis, de la Grèce, d’Israël, du Liban, d’Oman, et de Syrie. Le projet global sera exposé lors de la Biennale d’art contemporain de Thessalonique. L’exposition sera également présentée à Beyrouth, dans la maison d’artistes Zico house.

« En ce qui concerne le projet BEYroute », affirme la commissaire de l’exposition Rola Khayyat, « j’ai choisi d’engager un groupe de photographes contemporains libanais dont le travail s’intéresse à la représentation photographique de la vie sous une guerre récurrente, en explorant les nouvelles dimensions de la représentation de la guerre, de l’identité et de la mémoire. »

Dans le descriptif de sa série Inheritance and Dispossession, Roy Samaha cite un passage de Macumba, de Serge Bramly, qui évoque la puissance de la mémoire :

Un jour, une sorcière du Brésil a dit à son disciple : « Tu dois comprendre que les objets retiennent et gardent en mémoire les actions des hommes… et que les générations suivantes en héritent… mais on te demande aussi de sortir à reculons, comme si tu n’étais jamais entré. Je t’ai déjà dit que les choses et les lieux étaient dotés d’une sorte de mémoire. Quand tu entres dans un espace clos, une partie de toi y reste attachée, tu y perds quelque chose. »

Comme pour insister sur ce point, les images de Tanya Traboulsi montrent ce qui reste d’une usine abandonnée occupée par des miliciens pendant la guerre civile. Les murs ont recueilli la réalité et les évasions mentales de ces hommes qu’ils ont abrités.

Au sujet de l’identité et de sa série A Girl and Her Room, la photographe Rania Matar affirme : « J’avais l’intention de photographier des adolescentes aux Etats-Unis. Rapidement, le projet a changé pour y inclure des adolescentes du Liban et des camps de réfugiés palestiniens. J’ai pensé que pour que ce travail soit vraiment personnel, il fallait que j’y inclue ce qui représente ma propre identité, de femme et de mère. Ce sont les cultures que j’ai connues en tant qu’adolescente moi aussi. J’ai aussi choisi de photographier les filles dans leurs univers parce que cela m’ouvrait une fenêtre sur leur vie et sur leur identité de jeunes filles dans le Liban contemporain. »

L’obsédante série de Dalia Khamissy, Missings, « présente les histoires des 17 000 personnes qui ont été victimes d’enlèvement pendant la guerre civile libanaise et les années qui l’ont suivie. » En évoquant son histoire personnelle, Khamissy confie : « J’avais sept ans lorsque mon père a été enlevé en 1981, pendant trois jours. Bien des années plus tard j’ai compris qu’il avait eu plus de chance que les autres disparus de la guerre civile libanaise, de 1975 à 1990. Ils ont été enlevés ou tués par différentes milices libanaises, des factions palestiniennes, par la Syrie, par Israël ou leurs alliés. Les disparus, hommes ou femmes, étaient de toutes les religions, de tous les âges et supportaient des orientations politiques différentes. »

« Le travail d’Ayla Hibri entre dans le champ domestique, et montre la mémoire à travers les espaces et les objets », affirme Khayyar. Rayya Haddad est revenue au Liban pour s’intéresser à l’héritage blessé de son pays, sous un angle nostalgique, tandis que George Haddad prête attention aux forts et persistants souvenirs qui habitent encore les camps de Beyrouth.

La commissaire Khayyat a également participé, en images, au projet BEYroute. Elle décrit ses subtiles photographies comme des portraits « d’une ville d’après-guerre à travers l’obscurité de l’extraordinaire sur l’ordinaire. »

BEYroute tente de couvrir un large champ, en mêlant les thèmes de la mémoire, de l’identité et de la guerre. A travers l’association de travaux de certains de plus grands photographes libanais, mélangés à ceux des nouveaux talents du pays, nous voyons une vaste histoire, fragmentée dans le temps, de l’endroit que ces photographes appellent leur maison. La mémoire et l’identité sont évidemment intangibles. BEYroute s’en sert comme outils pour offrir un aperçu des photographes, des citoyens et de ce beau pays méditerranéen au triste et terrifiant passé.

Clint Mclean

BEYroute
Expositions

Jusqu’au 2 octobre, 2011
Zico House
174 Spears Street
Sanayeh // Beirut
Liban
Tel: +961 1 746 769

A partir du 15 novembre, 2011
Macedonian Museum of Contemporary Art
Egnatia 154 (on the grounds of Thessaloniki International Fair)
546 36 Thessaloniki
Grèce
Τel/ 2310 240002, 2310 281212

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android