Paul Kopeikin a organisé dernièrement une fête pour célébrer ses vingt-cinq ans en tant que galeriste. C’était une belle soirée, avec beaucoup de nourriture, de boisson, et des invités qui ont passé du bon temps, entourés des photos exposées par Paul au fil des ans. Il est si peu facile de faire vivre une galerie sur le long terme que je me demandais à quoi avait ressemblé son parcours. Pour le savoir, j’ai demandé à Paul de me parler de ses souvenirs. Voici ce qu’il avait à dire.
Paul Kopeikin : « Je dis toujours pour plaisanter que je ne suis peut-être pas le “meilleur” galeriste de Los Angeles, mais que c’est moi qui ai eu le plus de galeries. J’en ai ouvert une chez moi en 1991, ce qui se faisait assez à l’époque. J’avais gardé mon travail par ailleurs, donc je n’ouvrais que pendant le week-end. Comme on pouvait s’y attendre, il n’y avait jamais personne. Un samedi, je me suis senti tellement découragé que j’ai fermé pour aller faire une sieste. Bien sûr, je venais à peine de m’allonger que la sonnerie a retenti. Je suis allé voir à la fenêtre : c’était le conservateur photo de chez Getty.
Peu de temps après, j’ai déménagé dans un espace public très étroit sur La Brea, au-dessus d’un encadreur. La galerie surplombait une cimenterie, avec des allées et venues incessantes de camions. J’avais pour voisin un restaurateur de peinture qui fumait à longueur de journée : ma galerie sentait toujours l’herbe. Il y avait aussi à côté Jack Glenn et Burnett Miller, deux marchands bien connus à l’époque. J’ai ensuite déménagé plus loin dans la même rue, dans une galerie que je trouvais mieux, située dans un immeuble où il y en avait plusieurs. Jan Baum a occupé le premier étage pendant plusieurs années, et Garth Clark, l’illustre marchand de céramique, avait l’espace juste à côté du mien. Je restais tout de même frustré d’être à l’étage, et quand un nouvel espace plus grand s’est ouvert à un rez-de-chaussée, toujours dans la même rue, j’ai sauté sur l’occasion.
Là-bas, j’avais pour voisins Jan Kesner et David Fahey, tous les deux marchands de photo plus âgés et établis, mais aussi Darrell Couturier, marchand merveilleusement éclectique qui m’a plus tard fait découvrir Cuba. Les gens en parlaient avec un certain mépris comme d’un “ghetto de la photo”, mais c’était depuis longtemps là qu’il fallait aller à Los Angeles quand on aimait l’art photographique. Une autre opportunité m’a été offerte quand un espace s’est ouvert au milieu d’un ensemble prestigieux de galeries, au 6150 Wilshire, à côté du LACMA. Roberts et Tilton, Daniel Weinberg, ACME et 1301PE étaient exactement le type de galeries à côté desquelles je voulais que mes artistes soient vus, et nous étions tous tellement dans un mouchoir de poche que les gens qui n’étaient jamais venus chez moi s’arrêtaient souvent pour voir ce que j’exposais.
Tout s’est effondré en 2008 avec la crise financière. J’ai été contraint de quitter le 6150. Comme je n’arrivais pas à trouver d’alternative convenable, je me suis retrouvé sans galerie pendant plusieurs mois, jusqu’à ce qu’un espace formidable s’ouvre à West Hollywood. La zone était connue pour les vêtements et les meubles plus que pour son activité artistique, mais quelques galeries étaient disséminées au milieu des boutiques de luxe, et je pensais avec optimiste que j’avais trouvé ma dernière demeure.
Même si l’histoire se termine bien, puisque je fête mon 25e anniversaire, il m’a de fait fallu de nombreuses années pour me remettre après 2008. Je pensais que ma galerie de Melrose serait ma dernière, mais j’ai fini par la quitter quand une plus grande, mieux et moins chère, a ouvert à Culver City. C’est là-bas que vous me trouverez aujourd’hui, au milieu d’autres galeristes qui font ce que j’adore faire : montrer et vendre l’art ».
Andy Romanoff
Andy Romanoff est photographe et auteur spécialisé dans la photo. Il est basé à Los Angeles, aux USA.
Kopeikin Gallery
2766 S. LaCienega Blvd.
Los Angeles, CA 90034
Etats-Unis
https://www.kopeikingallery.com
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