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Les Murs de Nino Migliori

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Ce photographe italien curieux et innovateur et dont la production, sans cesse renouvelée, échappe à toute classification, est en ce moment à l’affiche à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Une partie de l’exposition est dédiée à une étonnante série de photographies de murs.

Nino Migliori surprend tous ceux qui s’approchent de lui, tous ceux qui souhaitent comprendre le sens et l’ampleur de son travail. Il surprend surtout par sa production tellurique, par la diversité de ses œuvres, par les écarts de langage constants qu’il a su insuffler à ses recherches.

Si son style purement documentaire est proche des photographes humanistes de la seconde moitié du 20e siècle, il a cherché également de nouveaux points de vue, transformant la vision de la ville avec des perspectives nouvelles et des poses plastiques. Mais au cours de ces années, la relation entre photographie et réalité se nourrit également d’autre chose : d’une attention portée sur les nombreuses façons de vivre la contemporanéité, à la recherche d’indices et de témoignages empreints d’une liberté d’expression à inventer chaque jour.

« Photographier », affirme Nino Migliori, « signifie choisir et transformer ». Et comme dans le processus alchimique, la matière choisie devient tout autre chose. Un fragment de souvenir pour la postérité. Une question posée aux contemporains. Un nouveau chemin à suivre; un de ces nombreux chemins que Migliori a empruntés et qu’il continue d’emprunter dans sa quête perpétuelle.

La série Murs, commencée par Nino Migliori au début des années 1950, est le fruit non pas de l’art informel propre à Dubuffet mais de l’esprit de la photographie réaliste : la liberté de parcourir une ville sans devoir fuir ou se cacher, la redécouverte d’un lieu où l’on peut se déplacer, s’arrêter, contempler, comprendre.

Sur les murs se déposent les traces d’un changement existentiel que l’auteur scrute, observe. La matière émiettée et corrodée du temps conserve un véritable souvenir. Il faut le capturer, exalter, sans distractions réalistes.

Le mur est comme la page ouverte d’un journal collectif sur lequel un premier passant crie son point de vue, pour que le suivant puisse faire écho dans un dialogue à la fois intime et universel. Le mur témoigne également du geste de l’homme : il grave sa surface, la détruit, la fend, la dégrade ou la préserve. Même après les années 1950, Migliori poursuit ses travaux sur les murs. Comme s’il s’agissait de paysages, ces images suscitent son observation, toujours attentive des modifications de la véritable peau – profonde, parfois décharnée – de la ville : les monuments involontaires, miroirs chargés de la vie de tous les jours.

 

Alessandra Mauro 

Alessandra Mauro est une journaliste, critique d’art, et commissaire d’exposition italienne. Elle vit et travaille à Rome.

 

 

Nino Migliori, La matière des rêves
Du 17 janvier au 25 février 2017
Maison Européenne de la Photographie
5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris
France

www.mep-fr.org

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