Pour la quatrième édition du prix HSCB pour la photographie (à l’époque appelé le prix de la Fondation CCF pour la photographie), c’est Alain Mingam, alors ex-rédacteur en chef photo chez Sygma, Gamma et Le Figaro, qui est nommé conseiller artistique. Deux femmes photographes remportent le prix en cette année 1999 : Catherine Gfeller et Yoshiko Murakami, respectivement suisse et japonaise. Aujourd’hui, pour ce nouvel épisode, nous avons interrogé Catherine Gfeller sur l’expérience vécue lors de sa nomination pour son travail Frises Urbaines et sur la carrière qu’elle a menée depuis.
Dans le cadre de la rétrospective des 20 ans du prix HSBC pour la photographie, L’Œil de la Photographie vous présente chaque semaine deux épisodes et vous fait ainsi découvrir ce que sont devenus les lauréats qui ont écrit l’histoire de ce prix.
L’Œil de la Photographie : Le prix HSBC pour la photographie fête ses 20 ans. Il est remis chaque année à deux artistes poour les aider à développer un projet et fait l’objet d’une exposition et d’une monographie, souvent la première. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Catherine Gfeller : Pour moi, ce prix est arrivé comme un coup de baguette magique : je venais de vivre cinq ans intenses à New York, j’installe mon atelier à la Cité des Arts dans le Marais, je branche la ligne téléphonique, et le premier coup de fil m’annonce que je reçois le prix HSBC (qui s’appelait à l’époque en 1999 CCF). Donc Paris accueillait New York !
LODLP : Pouvez-vous nous parler du projet qui a été récompensé ? Le prix a-t-il eu une influence sur votre création depuis ?
C. G. : Le portfolio primé, Frises Urbaines, était constitué de photographies faites à New York. Cette série avait été inspirée par mes déambulations infinies et passionnées dans les rues de la ville. Le but était d’inventer une version inédite de New York : une ville colorée, presque méditerranéenne, couchée à plat comme une odalisque ; de longues frises qui se déroulent à l’horizontale faites de collages d’images qui se court-circuitent dans un montage dynamique (sans Photoshop — à l’époque !) et imprimée sur de longs rouleaux de papier canson (1,50 m). L’architecture, les passants, les visages, le trafic s’entremêlent et se superposent pour rendre les pulsations urbaines.
Cette série a été montrée à la galerie Baudoin Lebon à Paris en 1999, année du prix. La collaboration avec Baudoin Lebon a duré 10 ans ; je regrette beaucoup que la galerie n’a ensuite pas été plus active pour s’engager dans un travail de fond avec les lauréats du prix. Tout le monde pourtant aurait été gagnant.
LODLP : Outre la publication d’une première monographie, quel impact le prix a-t-il eu sur votre carrière ? Aujourd’hui encore, quels sont vos rapports avec HSBC ?
C. G. : Cela m’a permis de faire la connaissance de personnalités du monde de la photographie parisienne avec lesquelles je suis encore en contact aujourd’hui.
De plus, entre 2000 et 2003, HSBC m’a commandé de grands formats photographiques imprimés sur tissu pour les six grandes baies vitrées du siège des Champs-Elysées qui s’intitulaient Sur l’écran de la ville. C’était une visibilité fantastique qui s’intégrait parfaitement aux scènes de la rue des Champs-Elysées, comme un miroir tendu aux passants.
J’espère qu’à l’avenir nous aurons l’occasion de collaborer à nouveau !
« Catherine Gfeller donne à voir et à vivre le mouvement de ses instantanés de “passante” (…). Elle nous les offres en fresques chromatiquement construites au rythme d’une émotion, qu’elle nous communique par la magie de ses tirages en bandes continues. L’effet de procédé s’efface totalement pour ne plus laisser place qu’à la sensation partagée d’une émotion de l’œil, entraîné dans une visite saccadée de la mégalopole, toute offerte aux “tempos” visuels voulus par l’artiste. »
Alain Mingam, conseiller artistique, 1999.
LIVRE
Monographie Catherine Gfeller
Urban Rituals
Editions Actes Sud
ISBN : 2-7427-2435-4
21,34 €