Internet et les médias sociaux ont permis à une nouvelle génération de femmes artistes de faire entendre leur voix. Les journaux et les magazines les appellent les stars de Tumblr, les artistes Instagram ou les princesses de la webcam, tandis que les artistes du net se décrivent comme des « artistes de la réalité » (Signe Pierce), des « modèles Instagram » (Leah Schrager) ou des « exhibitionnistes en ligne » (Molly Soda). Elles utilisent des smartphones, des tablettes et des ordinateurs pour partager leurs œuvres et les diffuser en direct sur les médias sociaux, où les photos et vidéos deviennent régulièrement virales, faisant le tour du web. L’exposition intitulée Women artists 2.0 du Museum der bildenden Künste de Leipzig en Allemagne explore les possibilités et les limites des médias sociaux. Elle questionne les idéaux de la beauté féminine et les stéréotypes genrés devenus des critères de l’économie de l’attention dans les médias sociaux.
Les artistes participant à l’exposition présentent un point de vue féminin sur la sexualité, l’identité et la féminité à l’ère du numérique. Leurs matières premières sont leur propres corps, leurs réalités et leurs vies quotidiennes. Leurs dispositifs stylistiques sont l’humour, l’ironie, le grotesque et l’hyperbole. Les photos de Leah Schrager jouent ici avec le regard masculin en s’engageant ostensiblement dans l’art de la séduction. Tandis que la plupart des femmes artistes contemporaines ignorent ou critiquent le regard masculin, elle choisit de l’adopter et de l’explorer par une approche ouverte de la sexualité, en mêlant sa dynamique à ses recherches esthétiques. Son œuvre visuelle consiste à peindre numériquement et plastiquement des images d’elle-même diffusées en ligne, aux côtés de divers projets de « persona ». Les deux pratiques cherchent ainsi à observer les possibilités d’action et de représentation des femmes dans la société actuelle. Leah Schrager considère qu’il faut accorder une valeur et un mérite artistiques aux selfies puisque les selfies offrent aux modèles un contrôle légal et économique total de leur images. Être maître de ses propres explorations de soi permet d’atteindre l’autonomie, alternative au statut traditionnel de modèles « aux mains des hommes » (des hommes qui vendent des images de femmes comme de l’art).
Virtual Normality : Women Net Artists 2.0
Du 12 janvier au 8 avril 2018
Museum der bildenden Künste
Katharinenstraße 10
04109 Leipzig
Allemagne
