Torrick Ablack : D’un point de vue different.
Originaire du Bronx d’une famille caribéenne et indienne, Toxic (de son nom d’artiste) commença à 13 ans par investir les rues de la Big Apple en taguant murs et rames de métro. Membre du collectif Tag Master Killers aux cotés de Rammellzee, il a davantage été un frère plus qu’un compagnon artistique pour Jean-Michel Basquiat. Comme pour sceller cette amitié, les trois artistes sont réunis dans la bande des « Hollywood Africans » immortalisés en 1983 par un triple portrait signé Basquiat et conservé au Whitney Museum de New York. Toxic est aujourd’hui le dernier survivant de ce groupe puissant et extrêmement influant sur la scène graffiti des années 80.
Les couleurs, les symboles, les références cabalistiques et les souvenirs personnels trouvent tous leur place dans ses créations et leur espace pictural abstrait particulièrement sophistiqué. Ses œuvres sont exposées dans plusieurs musées internationaux et font partie de collections privées à travers le monde entier.
Mais aujourd’hui c’est de photographie que nous parle l’artiste.
Instagram : torricka_aka_toxic
Votre premier déclic photographique ?
Torrick Ablack : J’ai toujours aimé la photographie. Mais j’ai vraiment commencé à m’y intéresser en voyant les images de Diane Arbus, et notamment celle des Jumelles.Bien entendu je connaissais le travail d’Avedon, d’Antonio Lopez, de Gordon Parks, ou encore de James Van Der Zee pour ne citer qu’eux, mais jamais auparavant je n’avais vu des portraits comme ce que réalisait Diane Arbus. Découvrir son travail fut pour moi un vrai déclic.
L’homme ou la femme d’images qui vous inspire ?
Torrick Ablack : Les images d’Annie Leibovitz et de Robert Mapplethorpe m’inspire énormément.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Torrick Ablack : Le portrait de Georgia O’Keeffe dans son studio à Mexico.
Celle que vous regrettez de ne pas avoir faite ?
Torrick Ablack : Je me souviens quand je vivais à New-York dans les années 80, des soirées folles que je passais avec mes amis, et bien qu’à l’époque déjà j’avais toujours un appareil photo avec moi, je n’ai fait aucun cliché. Nous n’étions pas que des enfants sages, il y avait beaucoup de drogues, d’argent et d’armes qui circulaient, bien que cela fasse partie d’une époque, je ne voulais pas à ce moment là figer mes amis dans ces instants. Aujourd’hui, on voit quelques fois bien pire et il m’arrive de me dire que peut-être j’aurais du faire quelques photos des ces instants incroyables.
Celle qui vous a le plus ému ?
Torrick Ablack : L’image de Che Guevara lorsqu’il a été exécuté à La Higuera en Bolivie.
Et celui qui vous a mis en colère ?
Torrick Ablack : Toutes les images prises en Alabama lors des manifestations pour les droits civils m’ont vraiment mis en colère.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Torrick Ablack : C’est une photo de Rammellzee assis sur les marches du Grand Palais avec une veste de smocking en tissus camouflage et un masque sur le visage.
La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Torrick Ablack : Etre curieux, et peut être savoir se remettre en question en permanence.
Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?
Torrick Ablack : C’est quelque chose d’impalpable et d’incontrôlable. C’est le moment choisi par les dieux.
La personne que vous rêveriez de photographier ?
Torrick Ablack : J’adorerais pouvoir m’incruster toute une journée dans les cuisines du Grand Vefour de Guy Martin.
Un livre photo indispensable ?
Torrick Ablack : Cela ne se limite pas à « un »… Les ouvrages de Man Ray, Richard Avedon ou encore Mapplethorpe sont entre autre des indispensables pour qui aime la photo.
L’appareil photo de vos débuts ?
Torrick Ablack : Un Konica, minuscule. Et par la suite un Canon.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Torrick Ablack : J’en ai plusieurs, toujours mon Canon bien sur, un Minolta X700, mais également un Leica et puis mon IPhone.
Votre drogue préférée ?
Torrick Ablack : La nourriture. J’adore manger et surtout cuisiner. Diner au coin du feu, avec un bon vin et de la bonne musique, quoi de mieux !
La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?
Torrick Ablack : Me couper de tout.
Votre plus grande qualité ?
Torrick Ablack : L’impatience (rires)
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Torrick Ablack : Un coquillage.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Torrick Ablack : Curateur.
Votre plus grande extravagance ?
Torrick Ablack : Inviter mes amis à Paris pendant 10 jours à l’occasion de mes 50 ans.
Pour vous, quel est le lien entre la photographie et la peinture ?
Torrick Ablack : L’espace entre ce que vous voyez ou imaginez et le rendu obtenu dans un rectangle.
Les valeurs que vous souhaitez partager à travers votre travail artistique ?
Torrick Ablack : La loyauté.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Torrick Ablack : J’adore découvrir un monde d’amour, de pays et d’empathie, redécouvrir l’histoire de mon pays… en toute sécurité pour tout le monde. C’est utopique je sais, mais c’est ce dont je rêve. Cela pourrait être un pays Hip-hop.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Torrick Ablack : Je ne me lasse jamais du bord de mer où que ce soit.
Votre plus grand regret ?
Torrick Ablack : J’essaie de ne pas en avoir.
Instagram, facebook, Tik Tok ou snapchat ?
Torrick Ablack : J’essaie de déconnecter des réseaux sociaux et du virtuel, pour être davantage dans le réel.
Couleur ou N&B ?
Torrick Ablack : Couleur.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Torrick Ablack : Lumière du jour.
La ville la plus photogénique selon vous ?
Torrick Ablack : Florence.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Torrick Ablack : Je me contenterais d’une bonne conversation avec lui.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Torrick Ablack : Une image de la nature qui souffre, pour rappeler aux gens qu’il ne faut pas déconner avec notre planète.
Qu’est-ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?
Torrick Ablack : De l’humanité.
Et si tout était à refaire ?
Torrick Ablack : Oh mon dieu ! Je ferais sans doute les choses de manière différente, mais qui sait !