Sébastien Valiela : Déterminé.
Passionné par la photographie depuis sa plus tendre enfance, Sébastien Valiela est aujourd’hui l’un des paparazzi les plus reconnus. Il a notamment révélé l’existence de Mazarine Pingeot, fille adultérine du président de la République française François Mitterrand, en 1994, et la liaison du président François Hollande avec l’actrice Julie Gayet, en 2014.
Sa réputation, il l’a gagnée, et s’il a fait de sa passion son métier, il avoue aussi sans honte qu’il n’a jamais cessé de s’éclater depuis plus de 30 ans derrière son téléobjectif. Avec plus de 600 couvertures de magazines à sons actif, en permanence sur le qui-vive pour obtenir « le » scoop, il a passé sa vie à prendre l’avion comme d’autres prenaient le métro. Aujourd’hui rangé des « boitiers », Sébastien a posé ses valises à Marrakech, pour, à ne pas en douter, s’adonner à de nouvelles aventures photographiques.
Mais, c’est à l’occasion de la sortie de son livre « Iconic » aux Editions Fauves, le 20 septembre dernier, que nous avons soumis Sébastien Valiela à notre questionnaire. Un livre album souvenir de ses années trépidantes dont les clichés rappelent le temps béni du papier avant l’avènement des réseaux sociaux, une époque où la communication était moins importante que l’information, une époque révolue en somme.
Instagram : svaliela
Votre premier déclic photographique ?
Sébastien Valiela : Cela remonte à mon enfance. Je venais avoir 6 ou 7 ans et je me souviens que mes parents à cette époque achetaient régulièrement Paris-Match. Ce sont donc les premières images en dehors des photos de famille que j’ai pu voir. Il s’agissait souvent de photos N&B. Cela m’’intriguait beaucoup et je me demandais comment ces images avaient été réalisées. Et aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, c’est à ce moment-là que je me suis dit que c’était cela que je voulais faire lorsque je serai grand.
L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Sébastien Valiela : Helmut Newton. J’aime le personnage autant que son travail.
L’image que vous auriez aimé réaliser ?
Sébastien Valiela : Absolument, j’aurais aimé réaliser LA photo de JFK et Marilyn. Celle qui n’aurait laissé planer aucun doute sur la nature de leur relation.
Celle qui vous a le plus ému ?
Sébastien Valiela : L’image qui m’a autant ému que mis en colère, c’est l’image de Omayra Sanchez cette petite colombienne aux grands yeux noirs qui s’est retrouvée prisonnière des débris charriés par le courant suite à l’éruption du volcan Nevado del Ruiz. Les secours mal équipés ne parvenaient pas à la dégager et des dizaines de photographes et de cameramen avaient leurs objectifs braqués sur elle et suivaient sa lente agonie. C’était en 1985, je n’étais qu’un jeune ado, mais je me souviens avoir été marqué par ces images. Je ne comprenais pas que tous ces gens puissent rester là à la regarder mourir pendant plus de deux jours.
Une image clef de votre panthéon personnel ?
Sébastien Valiela : Sans hésiter, celle qui m’a fait connaitre du grand public, c’est-à-dire celle faite devant chez Le Divellec avec Mazarine Pingeot et François Mitterrand, révélant ainsi l’existence de la fille cachée du président de la République de l’époque.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Sébastien Valiela : J’avais 12 ans et j’ai reçu mon premier boitier reflex et dans la foulée j’ai eu ma première expérience en labo.
L’image qui vous obsède ?
Sébastien Valiela : Sans doute les images extraites du petit film amateur de 26’’ en plan séquence de Abraham Zapruder lors de l’assassinat de Kennedy sur lequel on peut que la tête du JFK est projetée d’avant en arrière, ce qui s’il n’y avait qu’un seul tireur était contardictoire avec les conclusions initiales de la théorie du rapport Warren qui dit que le tir de Oswald venait de l’arrière de la limousine.
L’image que vous avez de vous ?
Sébastien Valiela : Difficile de répondre à cette question. Profondément je pense que je suis un gars bien, mais il est vrai que les gens ont souvent une fausse image de moi eu gare à mon métier.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Sébastien Valiela : Une photo de Helmut Newton, de Grégory Crewdson ou de Gary Bernstein.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un « bon » photographe ?
Sébastien Valiela : Il faut être observateur et sans doute technicien lorsque’il s’agit d’images en studio.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Sébastien Valiela : La perfection est illusoire et dépend de chacun de nous.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Sébastien Valiela : Le Dalaï Lama, son aura est telle que les images ne pourraient être que magnifiques.
Un livre de photos indispensable ?
Sébastien Valiela : Le Sumo de Newton
L’appareil photo de votre enfance ?
Sébastien Valiela : Un Fujika STX1
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Sébastien Valiela : Un Nikon D6
Votre drogue préférée ?
Sébastien Valiela : L’adrénaline.
Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Sébastien Valiela : Aller au cinéma, au théâtre ou à un concert.
Quelle est votre relation avec l’image ?
Sébastien Valiela : Fusionnelle, car je pense toujours photo où que je sois, quoique je fasse.
Votre plus grande qualité ?
Sébastien Valiela : Etre rêveur.
Votre dernière folie ?
Sébastien Valiela : Un Nikon D6, que j’utilise actuellement.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Sébastien Valiela : Un chien ou plus généralement un animal pour suggérer l’empathie.
Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Sébastien Valiela : N’importe quel métier qui m’obligerait à être enfermé toute la journée.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Sébastien Valiela : Avoir fait un aller-retour en Thaïlande pour dix minutes de photos de Brad Pitt et Angelina Jolie.
Pour vous, quelles différences entre photographie et photographie d’art ?
Sébastien Valiela : C’est sans doute une question de talent dirais-je. Mais cela dépend aussi de l’usage que l’on en fait.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Sébastien Valiela : J’ai comme vous pouvez l’imaginer beaucoup voyagé au cours des années, mais je ne suis jamais allé au Canada qui me semble-t-il est un bon mix entre l’Europe et les Etats-Unis.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Sébastien Valiela : Aujourd’hui, je dirais Marrakech.
Votre plus grand regret ?
Sébastien Valiela : Ne pas être parti m’installer aux Etats-Unis dix ans plus tôt.
En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik-Tok et pourquoi ?
Sébastien Valiela : Instagram.
Couleur ou N&B ?
Sébastien Valiela : Professionnellement par la force des choses je vous répondrai la couleur, et par gout personnel le N&B.
Lumière du jour ou lumière studio ?
Sébastien Valiela : Lumière du jour.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Sébastien Valiela : J’hésite entre Rome et Venise.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Sébastien Valiela : Je lui demanderais de poser pour moi bien entendu !
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Sébastien Valiela : Steven Spielberg et Buzz Aldrin pour pouvoir partager un vrai moment en leur compagnie.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Sébastien Valiela : Du recul par rapport à notre place dans l’univers. Car comme le disait Ronald Reagan dans un discours à l’Onu, S’il y avait une menace extra-terrestre tout le monde oublierait peut-être les différences entre les peuples et les guerres qui nous opposent. Nos problèmes existentiels nous paraitraient alors probablement futiles.
Si vous deviez tout recommencer ?
Sébastien Valiela : Je referais tout à l’identique, mais en partant 10 ans plus tôt aux Etats-Unis.
Votre mot de la fin ?
Sébastien Valiela : Merci pour ce moment, comme dirait Valéry !