Provoquer n’est pas une chose négative en soi.
Fils du premier photo-reporter du quotidien milanais « Corriere Della Sera », Oliviero Toscani étudie la photographie et le graphisme à Zurich et obtient son diplôme en 1965. Suite à cela, il rejoint de prestigieuses marques de luxe et ses clichés figurent rapidement dans de nombreuses revues internationales, « Elle », « GQ », « Harper’s Bazaar » et « Vogue ».
Mais ce sont ses affiches publicitaires pour les campagnes Benetton, qui feront sa renommée mondiale. Provocant pour les uns, choquant pour les autres, Oliviero Toscani souvent sulfureux, est avant tout un virtuose de la communication.
Porté aux nues ou critiqué, censuré ou adulé, aimé ou haït, il ne déroge pas à ses principes, se fiche du qu’en dira-t-on, car sa seule ambition est de révéler les antagonismes, d’opposer les contraires, ou d’afficher les complémentaires et de faire en sorte que ses images provoquent et dérangent afin de susciter une réaction et peut être une remise en question auprès de ceux qui les regarde.
Au fil des années, son travail est exposé à la Biennale de Venise, la Triennale de Milan, aux musées d’art moderne de Mexico, Helsinki, Rome, Lausanne, Francfort et San Paolo. Il est récompensé à quatre reprises du « Lion d’Or » au Festival international de la créativité à Cannes.
Créatif et amoureux de son métier, il a toujours su imposer sa vision artistique et politique du monde. Aujourd’hui encore ses photographies continuent à faire débat, impossible de se remémorer les années 90 sans faire allusion à ses campagnes de communication controversées. Certaines de ses campagnes les plus emblématiques dans lesquelles le vêtement s’effaçait entièrement derrière un message qui se voulaient d’ailleurs être de véritables gestes politiques dénonçant, à coups d’images fortes et de slogans choquants, le racisme, le Sida, l’homosexualité, la violence contre les femmes, la peine de mort, la guerre, l’anorexie ou encore l’écologie.
A l’aise partout et dans toutes les situations, infatigable et d’une vitalité contagieuse malgré ses 79 ans, le photographe italien au style tranchant s’est lancé durant la pandémie dans un projet décalé comme il les aime : une série d’autoportraits confinés, et non de « selfie », il déteste ce mot dont une partie a été publiée par le quotidien La Repubblica. Les centaines de clichés reçus ont renforcé cette conviction qui est la sienne et de constater qu’il y avait beaucoup de talent gâché chez les photographes amateurs et que la plupart des gens exercent des emplois qu’ils n’aiment pas, juste pour gagner de l’argent, payer leurs factures…
Triste état des lieux pour celui qui a fait de la provocation sa marque de fabrique.
Instagram : olivierotoscanistudio / oliviero_toscani_materclass
Votre premier clic photographique?
Oliviero Toscani : au sein de ma mère pendant l’allaitement .
Le photographe qui vous inspire?
Oliviero Toscani : Mon père Fedele Toscani.
L’image que vous auriez aimé faire?
Oliviero Toscani : Mon autoportrait dans le placenta.
Celle qui vous a le plus ému?
Oliviero Toscani : Ma première photo de passeport.
Et celle qui vous a mise en colère?
Oliviero Toscani : Celle de mon permis de conduire.
La qualité nécessaire pour être un bon photographe?
Oliviero Toscani : Mettre la caméra derrière la tête.
Le secret de l’image parfaite, si elle existe?
Oliviero Toscani : L’image parfaite est secrète.
Votre premier appareil photo?
Oliviero Toscani : Mes yeux.
Celui que vous utilisez aujourd’hui?
Oliviero Toscani : Toujours mes vieux yeux.
Votre drogue préférée?
Oliviero Toscani : L’air.
Votre plus grande qualité?
Oliviero Toscani : Rêver.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque?
Oliviero Toscani : L’image de quelque chose qui n’existe pas.
Le travail que vous n’auriez pas aimé faire?
Oliviero Toscani : Ne rien faire.
Votre plus grande extravagance?
Oliviero Toscani : Être vivant.
Votre plus grand regret?
Oliviero Toscani : Appartenir à la race humaine.
Instagram ou Snapchat?
Oliviero Toscani : Qu’est-ce que c’est?
Couleur ou noir et blanc?
Oliviero Toscani : Couleur et noir & blanc.
Lumière du jour ou lumière artificielle?
Oliviero Toscani : Suffisamment pour éclairer.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou prendriez-vous un selfie avec lui?
Oliviero Toscani : Je lui demanderais de me prendre en photo.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde?
Oliviero Toscani : Un bateau bondé de migrants.
Instagram : oliverotoscanistudio / olivero_toscani_materclass