Matthieu Ricard : La photographie comme une source d’espoir
Sa passion pour la photographie remonte à son enfance, il a commencé a capturer le monde qui l’entourait à l’âge de douze ans.
Il n’était pas un enfant des villes et s’est toujours senti mieux dans la nature. Durant son adolescence, Matthieu Ricard a été guidé par André Fatras, l’un des pionniers de la photographie animalière en France. Il a aussi eu la chance de rencontrer Henri Cartier-Bresson à 18 ans et, plus tard, de devenir son ami. Plus tard, il a continué à apprendre sur le terrain. Après s’être établi dans l’Himalaya, en 1972, il a photographié ses maîtres spirituels et le monde dans lequel ils évoluaient. Son but était de partager la splendeur, la force et la profondeur de leur univers.
Moine bouddhiste, Matthieu Ricard partage à travers son art, toutes les formes de beauté, qu’elles soient spirituelles, humaines, altruistes, ou encore qu’elles émanent de la part sauvage du monde.
Sa nouvelle exposition « Hymne à la beauté » a pris place depuis le 13 avril, sur le toit de la Grande Arche de La Défense ! Plus de 150 photos qui permettront de découvrir l’univers de l’artiste, entre rencontres et expériences de vie, témoignage sur cet amour simple des merveilles qui nous entourent. L’occasion de le soumettre à notre questionnaire.
Website : www.matthieuricard.org
Instagram : matthieu_ricard
NB : L’intégralité de ses droits d’auteur (conférences et photographies) sont dédiées à l’association humanitaire qu’il a co-créée il y a vingt ans, Karuna-Shechen (www.karuna-shechen.org) qui vient en aide à plus de 400 000 personnes chaque année au Népal, en Inde et au Tibet dans le domaine de l’éducation, de la santé et des services sociaux. De nouvelles actions vont prochainement être engagées en France.
Votre premier déclic photographique ?
Matthieu Ricard : Des reflets dans un flaque d’eau, à l’âge de 13 ans, avec un Foca Sport.
L’homme d’images qui vous inspire ?
Matthieu Ricard : Henri Cartier-Bresson.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Matthieu Ricard : Des portraits de maîtres spirituels tibétains qui ont vécu avant l’invention de la photographie.
Celle qui vous a le plus ému ?
Matthieu Ricard : Celle d’un jeune enfant migrant, mort, échoué sur une plage de Turquie.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Matthieu Ricard : Je ne fréquente pas la colère, mais certaines images de guerre et de famine engendrent l’indignation et le désir d’agir pour soulager la souffrance.
S’il vous fallait ne choisir qu’une image parmis les votres, quelle serait-elle ?
Matthieu Ricard : Un portrait de mon maître spirituel Dilgo Khyentsé Rinpoché, regardant par une fenêtre (MR346).
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Matthieu Ricard : MR 585. Les moines volants du Toit du Monde devant l’océan Atlantique, au cours d’une tournée européenne de danses sacrées tibétaines des moines de notre monastère de Shéchèn au Népal. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit nullement d’un montage photographique mais bien d’un seul cliché (une diapo, et je n’ai fait qu’un seul cliché, j’avais un FM2 manuel sans moteur) de sept moines qui sautent en même temps, par chance de manière parfaitement synchronisés. 1997
La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Matthieu Ricard : L’émerveillement.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Matthieu Ricard Ricard : La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. À chaque personne, une perfection différente.
La personne que vous rêveriez de photographier ?
Matthieu Ricard : Le Bouddha Shakyamuni.
Un livre photos indispensable ?
Matthieu Ricard : La Création, de Ernst Haas.
L’appareil photo de vos débuts ?
Matthieu Ricard : Nikon FM2.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Matthieu Ricard : Canon R5.
Votre drogue préférée ?
Matthieu Ricard : La liberté intérieure qui affranchi de toute forme de drogue.
La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?
Matthieu Ricard : Ressentir l’interdépendance qui nous connecte à tous les êtres et au monde entier.
Votre plus grande qualité ?
Matthieu Ricard : Bof….
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Mathieu Ricard : Une main tendue avec la devise : « Ce qui n’est pas donné est perdu. »
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Matthieu Ricard : Dictateur.
Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
Matthieu Ricard : Pour l’extravagance, je ne me relie pas bien à ce mot, donc si cela vous convient, je peux répondre à la question : « Votre image la plus inhabituelle dans votre vie de photographe ? », c’est une image que je n’ai pas prise, car je n’avais pas mon appareil à cet instant-là : Un jour à Kolkata en Inde, dans les années 1970, j’ai vu passer un homme qui tirait à pied un Tanga (une carriole qui transporte jusqu’à 5-6 passagers, normalement tirée par un malheureux cheval, qui étaient encore un moyen de transport commun dans les villes de l’Inde à cette époque), puis une corde, puis le cheval qui suivait, pour une fois tranquille. J’ai encore cette image dans la tête et c’est la meilleure photo que je n’ai pas prise. Ces chevaux ont la vie dure, sont surexploités et souvent blessés par des voitures dans le trafic.
Ce que vous souhaitez partager à travers vos images ?
Matthieu Ricard : La beauté de l’être humain, la beauté de la part sauvage du monde.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Matthieu Ricard : Certains lieux du Tibet où je ne suis pas encore allé après vingt-et-un voyages sur le Toit du Monde.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Mathieu Ricard : L’Himalaya.
Votre plus grand regret ?
Matthieu Ricard : J’ai été très fortuné de vivre la vie que j’ai vécue et mourrais sans regret.
Facebook, Instagram, Tik Tok ou Snapchat ?
Mathieu Ricard : Rien… Je n’utilise pas ces médias (mes amis de l’association humanitaire Karuna-Shechen le font en mon nom, mais je ne suis pas abonné).
Couleur ou N&B ?
Matthieu Ricard : Couleur (mais aussi la « couleur sans couleur » de certaines images presque monochromes).
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Matthieu Ricard : Lumière du jour et de la nuit. Je travaille toujours en lumière naturelle et n’ai pas de flash.
La ville la plus photogénique ?
Matthieu Ricard : Je suis un homme de nature, pas un enfant des villes. Le pays le plus photogénique que j’ai eu l’occasion de visiter est sans doute l’Islande.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Matthieu Ricard : Demandez-lui ce qu’il en pense la prochaine fois que vous le verrez.
L’image qui représente selon vous l’état actuel du monde ?
Matthieu Ricard : La fonte des glaciers.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Matthieu Ricard : La bienveillance. Elle ne manque pas, mais il faudrait tant la multiplier bien plus encore.
Et si tout était à refaire ?
Matthieu Ricard : Il reste tant à faire avant de refaire… Nous sommes le résultat du passé et l’architecte du futur.