Màté Bartha : Interprétation abstraite
Máté Bartha est photographe et vidéaste, il est né à Budapest, où il travaille et vit toujours. La passion de la photographie l’a gagnée dès le lycée, mais il choisit néanmoins d’étudier d’abord l’architecture avant de se lancer définitivement dans la photographie un an et demi plus tard. Au cours de ses années d’études, il postait déjà de nombreuses photos sur des sites locaux hongrois similaires à Flickr. Son master à l’université des arts et du design Moholy-Nagy et à l’université des arts du théâtre et du cinéma (toutes deux situées à Budapest) en poche, il recoit la bourse nationale de Hongrie pour les photographes, et autoédite son premier livre, intitulé Common Nature (2014). En 2017, son projet intitulé KONTAKT, lui permet d’être récompensé du « Capa Grand Prize Fellowship », mais également le Robert Capa Grand Prize Hungary (2018) et le prix Découverte Louis Roederer , Les Rencontres de la Photographie, Arles (2019).
Inspiré très tôt par le style photographique d’August Sander, il est tout autant séduit par les compositions colorées, intelligentes et simples d’Eggleston, puis par la méthode de Gursky consistant à créer des surfaces abstraites à partir de sujets qui traitent de questions sociales contemporaines. Egalement intéressé par la peinture, il a toujours admiré l’utilisation des couleurs de Rothko et les compositions de Hopper.
Très observateur, il aime traiter de problèmes sociaux réels, en essayant de les interpréter d’une autre manière, plus abstraite, tout en gardant un lien avec la « réalité », afin de pouvoir communiquer clairement avec un large public, n’hésitant jamais à modifier une situation avec le sens du « bizarre » ou du « magique ». L’ambiguïté est ainsi un élément central du travail de Máté Bartha. Il utilise l’image fixe, ou animée, comme médium, avec une sensibilité pour les sujets socialement pertinents. Son approche visuelle est issue d’un point de vue documentaire, mais plutôt que d’essayer de créer l’illusion de l’objectivité, Bartha tente de donner une ambivalence à l’interprétation de chaque image, de chaque histoire. En abordant des questions relatives à l’environnement humain contemporain, ou à certains groupes sous-représentés, ses œuvres laissent au spectateur la possibilité de réviser des notions apparemment évidentes.
Website : barthamate.com
Represented by Tobe Gallery : wwww.tobegallery.hu
Votre premier déclic photographique ?
Mate Bartha : Les lumières à travers les stores de la fenêtre de ma chambre d’enfant.
L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Mate Bartha : Albrecht Dürer.
L’image que vous auriez aimé réaliser ?
Mate Bartha : « Earthrise » de William Anders, 1968.
Celle qui vous a le plus ému ?
Mate Bartha : « L’île des morts » d’Arnold Böcklin, 1883.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Mate Bartha : Une vieille photo couleur 35 mm d’une boîte en carton et d’un tas de fils métalliques dans la rue. Je l’ai prise parce qu’ils semblaient être amis.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Mate Bartha : Les photos en noir et blanc des arbres en hiver faites par mon père.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre d’art que vous rêveriez d’acquérir ?
Mate Bartha : Le bâtiment du Parlement hongrois. J’aurais quelques idées.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Mate Bartha : La patience.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Mate Bartha : Quelqu’un qui a de bonnes réponses à des questions similaires.
Un livre de photos indispensable ?
Mate Bartha : La Sainte Bible d’Adam Broomberg et Oliver Chanarin.
L’appareil photo de vos débuts ?
Mate Bartha : Un compact numérique emprunté à un ami.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Mate Bartha : Hasselblad 500 c/m.
Votre drogue préférée ?
Mate Bartha : Les tomates marinées.
La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Mate Bartha : Cuisiner sur un feu de camp.
Quelle est votre relation avec l’image ?
Mate Bartha : J’ai tendance à penser qu’elles signifient quelque chose.
Votre plus grande qualité ?
Mate Bartha : Je suis plutôt doué pour les jeux de société.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Mate Bartha : Un portrait sérieux de Kukac, mon chat noir et borgne.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Mate Bartha : La liste serait trop longue.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Mate Bartha : Probablement l’obtention du Prix Découverte Louis Roederer à Arles, 2019, partagé avec Laure Tiberghien.
Quelles sont, selon vous, les passerelles entre la photographie et le design ?
Mate Bartha : Idéalement, le design devrait s’inspirer de l’art contemporain, et notamment de la photographie, sans se l’approprier.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Mate Bartha : La Sibérie.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Mate Bartha : Un petit village en Hongrie, au bord de la rivière Tisza, où je passe l’été depuis mon enfance.
Votre plus grand regret ?
Mate Bartha : De ne pas avoir appris plus de langues étrangères.
En ce qui concerne les réseaux sociaux, vous êtes plutôt sur Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Mate Bartha : Instagram probablement, en raison de ma capacité à raconter des histoires en images. Mais les publicités m’ennuient.
Couleur ou N&B ?
Mate Bartha : Couleur.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Mate Bartha : Lumière du jour.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Mate Bartha : Majdanpek, Serbie.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Mate Bartha : Il suffit de prendre une photo de n’importe qui, ou un selfie de soi-même.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait autour de la table ?
Mate Bartha : Les personnages de Mortal Kombat.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Mate Bartha : « La vision de Tondal » de Hieronymus Bosch.
Qu’est-ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?
Mate Bartha : Probablement plus de films Marvel.
Si vous deviez tout recommencer ?
Mate Bartha : Je serais ornithologue.