Leslie Moquin : Extravagance et poésie.
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (2013), et d’un Magistère de Relations internationales (MRIAE) de Panthéon Sorbonne, Paris (2010), le travail photographique de Leslie Moquin est essentiellement marqué par la diversité des pays qu’elle a eu l’occasion de traverser. De Shanghai aux Caraïbes colombiennes, en passant par le Kurdistan irakien son approche des choses est originale, esthétique et poétique.
Ses images sont sensuelles et sensibles, l’attention est portée aux symboles. Elle nous faire porter un autre regard sur ce qui à priori semble banal avec ca et là une pointe d’humour, mais toujours en laissant libre court à notre imaginaire.
Son travail s’expose tant en France que hors de nos frontières. Et jusqu’au 16 septembre 2023, elle expose « Persephone » à la Fondation Thalie, un travail réalisé avec l’artiste Jeanne Vicerial qui présente un peu moins d’une vingtaine de photographies de la série « Quarantaine vestimentaire », réalisée pendant le premier confinement alors qu’elles étaient pensionnaires à la Villa Médicis, et publiées jusqu’alors sous forme d’un journal digital sur Instagram.
Website : www.lesliemoquin.com
Instagram : lili.moquin
Actualité : Fondation Thalie à Arles, jusqu’au 16 septembre. www.fondationthalie.org
Votre premier déclic photographique ?
Leslie Moquin : J’ai le souvenir d’un livre de Pierre et Gilles chez mes parents qui me fascinait.
L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Leslie Moquin : En ce moment, Anita Conti.
Celle qui vous a le plus ému ?
Leslie Moquin : La série d’Alessandra Sanguinetti « The Adventures of Guille and Belinda » m’avait beaucoup touchée quand je l’ai découverte étudiante.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Leslie Moquin : Je travaille par ailleurs dans un service photo d’un grand quotidien, et il y a beaucoup d’images qui peuvent mettre en colère tous les jours.
Une image clé de votre panthéon personnel ?
Leslie Moquin : Ça ne me vient pas mais en revanche j’ai une collection d’images de piscines et une autre de personnes photographiées dans des buissons.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Leslie Moquin : Un photomaton avec ma mère.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre d’art que vous rêveriez d’acquérir ?
Leslie Moquin : J’achèterai la grotte Chauvet ou un tableau du Douanier Rousseau. Je pourrais peut-être l’accrocher dans ma grotte où je déambulerais dans une robe de Schiaparelli avec une « coiffoune » de Jeanne Vicerial.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Leslie Moquin : Ça dépend de la photo que l’on pratique j’imagine.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Leslie Moquin : L’IA ? nNon je ne pense pas que l’image parfaite existe dans l’absolu.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Leslie Moquin : Mads Mikkelsen.
Le photographe par qui vous aimeriez vous faire tirer le portrait ?
Leslie Moquin : Sarah Moon.
Un livre de photos indispensable ?
Leslie Moquin : Un livre que me touche beaucoup : « Between Love and Death: Diary of Nobuyoshi Araki »
L’appareil photo de votre enfance ?
Leslie Moquin : Je ne me souviens plus de la marque, j’avais un petit 24×36 pour les voyages avec lequel je photographiais essentiellement les lobbies d’hôtel.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Leslie Moquin : Souvent un Sony alpha 7
Votre drogue préférée ?
Leslie Moquin : La MDMA. Je blague, c’est illégal, comment pourrais-je en connaître les effets ?
La meilleure façon de vous déconnecter ?
Leslie Moquin : La façon la plus efficace que j’ai expérimenté ces dernières années c’était d’être en mer, au large.
Quel est votre rapport personnel à l’image ?
Leslie Moquin : Trop intense, on devrait prendre un peu de distance.
Votre plus grande qualité ?
Leslie Moquin : C’est une question de DRH ?
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Leslie Moquin : Le masque de la Lingua del Fuoco de Jeanne Vicerial
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Leslie Moquin : Monitrice d’auto-école, parmi d’autres.
Et si vous n’étiez pas devenu photographe ?
Leslie Moquin : Sûrement pas cheffe étoilée, en dehors de ça c’était assez ouvert.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Leslie Moquin : La quarantaine vestimentaire a été un travail assez extravagant, dans le sens hors normes, en raison du contexte, de la façon dont nous l’avons construit, du rôle que cette série a eu pour chacune de nous pendant le confinement.
Quelle est, selon vous, la différence entre la photographie et la photographie d’art ?
Leslie Moquin : La photographie d’art est une des nombreuses acceptions que contient la pratique de la photographie. Un peu comme « peinture » peut désigner la pratique du peintre en bâtiment comme la pratique de Frida Kahlo, c’est large.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Leslie Moquin : Les îles marquises, en voilier.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Leslie Moquin : Saint-Romain.
Votre plus grand regret ?
Leslie Moquin : Je n’en ai pas trop ça va.
En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Leslie Moquin : Instagram à l’ancienne.
Qu’est-ce que le numérique et les smartphones ont enlevé ou apporté à la photographie ?
Leslie Moquin : C’est une question qui pourrait faire l’objet d’une thèse en histoire des médias donc je dirais simplement qu’ils ont tout changé.
Couleur ou N&B ?
Leslie Moquin : Couleur.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Leslie Moquin : Lumière naturelle.
Votre cœur balance-t-il plus vers l’argentique ou le numérique ?
Leslie Moquin : Argentique !
Quelle est la ville la plus photogénique selon vous ?
Leslie Moquin : La Havane ? Baracoa ?
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Leslie Moquin : Go pour le selfie.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Leslie Moquin : C’est très aimable, mes amis, tous coiffés d’une « coiffoune » Jeanne Vicerial.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Leslie Moquin : Dans l’exposition ce serait celle du masque qui ne laisse voir qu’un sourire éclatant. Elle pourrait être lue comme la dénégation d’une réalité peu engageante en termes de perspectives. Les yeux masqués, on préfère sourire et en avant.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Leslie Moquin : J’ai l’impression que l’on a plus un problème de trop plein, non ?
Si vous deviez tout recommencer ?
Leslie Moquin : J’espère que c’est ce qui se passe à la fin.
Un dernier mot ?
Leslie Moquin : Merci, l’exposition Perséphone est visible jusqu’au 16 septembre, à la fondation Thalie à Arles, et nous serons heureuses de vous y accueillir.
Interview Carole Schmitz