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Le Questionnaire : Jean-Charles de Castelbajac par Carole Schmitz

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Jean Charles De Castelbajac : Un Homme De Couleurs

Avant-gardiste ou pionnier pour les uns, visionnaire pour les autres, Jean-Charles de Castelbajac est avant tout un artiste multidisciplinaire et un homme aux mille métiers. Son point fort : avoir la capacité à prévoir les tendances sociales et de mode de demain.

Il est une une âme libre ce qui probablement fait de lui un de ces rares cas de réussite dans toutes les disciplines qu’il s’est fixé. Parcourir son portfolio, c’est comme regarder une encyclopédie universelle des cinq dernières décennies.

Jean Charles démarre sa carrière auprès de sa mère, Jeanne-Blanche de Castelbajac, avec laquelle il lance Ko and Co en 1968. Un an plus tard, il crée la marque controversée Jesus Jeans, une marque de denim, Puis, en 1974, il est l’un des fondateurs d’Iceberg et, quatre ans plus tard, il décide de créer sa marque éponyme, Jean-Charles de Castelbajac.

Curieux par nature, mais aussi inquiet et irrévérencieux, il n’a jamais fait du vêtement pour le plaisir. Ses créations mélange l’ancien et de récent, la pop et le punk, le beau et le laid, ce qui lui vaut d’être surnommé le « roi de l’anti-conventionnel ».

Au cours de ses années de créations, il a eu le bonheur de collaborer avec des noms aussi prestigieux que Andy Warhol, Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat, ou encore des maisons comme Max Mara, Courrèges, Ellesse, Rossignol, et Le Coq Sportif, de dessiner des meubles, de la vaisselle, et de créer des collections de haute couture.

 

Pour les plus jeunes est sans doute synonyme de : « robe Obama à paillettes » portée par Katy Perry à l’occasion des European Music Awards en 2008, ou du « manteau de Kermit The Frog » choisit par Lady Gaga en 2009. Pourtant bien avant cela, le créateur avait déjà imaginé « le » manteau Teddy Bear aujourd’hui exposé au Costume Institute du Metropolitan Museum of Art de New York, c’est dire ! Nombreuses autres de ses créations ont également été exposées à l’Institute of Fashion and Technology de New York, au Victoria&Albert Museum de Londres et au Musée Galliera de Paris.

Inspiré par les femmes, doté d’une personnalité transversale, audacieux et intrépide, Jean-Charles de Castelbajac ne s’arrête jamais. Il aime et a toujours aimé la couleur, même lorsque la mode était au monochrome, sans oublier l’écologie, l’idée de qualité, des vêtements démocratiques et des détails qui font la différence .

En 1997, il a habillé le pape Jean-Paul II, des centaines de membres de l’Église et des milliers d’enfants, lors d’une cérémonie sans précédent.

En 2018, il a été directeur artistique invité à la Biennale de Paris.

En 2019, il reprend la direction artistique de Benetton – avec qui il partage le gout pour la couleur, la maille, le sportswear et le plus important, l’ironie-. Il dépoussière ainsi la belle endormie tout en remettant à l’honneur son précieux héritage.

Ce qui motive sa créativité constante : réaliser les souhaits que les gens ont, maintenant, pouvoir imaginer ce qu’ils espèrent trouver, repenser sa facon de travailler, car l’air est à internet. Il aime briser les règles entre l’art et la mode, abattre les mur entre la musique et la mode, et entre l’architecture et la mode pour mieux créer son monde.

C’est à l’occasion de son exposition-atelier « Le Peuple de Demain » destinée aux enfants qui se déroule actuellement au Centre Pompidou (et ce jusqu’au lundi 09 mai 2022) , que Jean Charles de Castelbajac a accepté de se prêter au jeu de notre Questionnaire.

Instagram : @jcdecastelbajac / @craieateur

Website : https://jeancharlesdecastelbajac.com/

 

Votre premier déclic photographique ?

J.C. de Castelbajac : J’avais 16 ans, et c’était à l’occasion d’une exposition de Raoul Hausmann qui était un écrivain, un photographe et un plasticien dadaïste, surnommé « Der Dadasophe ». Et j’ai beaucoup été interpelé par une image en particulier, il s’agissait d’un personnage allongé en lévitation, cela m’a permis de comprendre que la photographie avait la capacité de traduire une autre réalité.

 

L’Homme d’images qui vous inspire ?

J.C. de Castelbajac : La première personne qui m’a fait prendre conscience de la force des images est la photographe Marie-Laure de Decker. Et plus récemment, je citerais le travail de Jean-Baptiste Talbourdet-Napoleone, directeur artistique du M le Monde, que je trouve très inspirant, car ses sélection d’images sont interpellantes, captivantes et qu’elle est dans le sans de l’époque tout en étant au contact de l’histoire

 

L’image que vous auriez aimé faire ? 

J.C. de Castelbajac : La prise d’Iwo Jima, il s’agit de la photographie des Marines érigeant le drapeau au sommet du mont Suribachi prise le 23 février 1945 par le photographe américain Joe Rosenthal.

 

Celle qui vous a le plus ému ? 

J.C. de Castelbajac : La photo incroyable de Vitor Hugo sur son lit de mort prise par Nadar car il a vraiment capturer l’ami qui s’en va.

 

Et celle qui vous a mis en colère ?

J.C. de Castelbajac : Celle, bien entendu, de Kim Phuc Phan Thi, «La petite fille au napalm» faite par Nick Ut. Mais aussi, cette photo de Jack Holt faite du Général Chris Donahue, le dernier soldat américain quittant Kaboul le 30 aout 2021.

 

Une image clé de votre panthéon personnel ?

J.C. de Castelbajac : De manière égocentrique, ce serait un portrait de moi fait en 1978, par Duane Michals où il me représente avec mon ange gardien, donc je me dédouble.

 

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?

J.C. de Castelbajac : Savoir cristalliser l’invisible.

 

Le secret de l’image parfaite, si elle existe ? 

J.C. de Castelbajac : C’est être capable de traverser les siècles pour nous saisir. Et parmi ceux qui pour moi ont su réaliser cela, je citerai deux photographes du XIXe siècle qui sont Matthew Brady et Gustave le Gray.

 

La personne que vous rêveriez de photographier ?

J.C. de Castelbajac : J’aimerais pouvoir photographier l’enfant que j’étais.

 

Un livre photo indispensable ?

J.C. de Castelbajac : Cela change tout le temps. En ce moment je vous citerai un catalogue d’exposition qui s’intitule « Soulèvement » qui provient d’une exposition au Jeu de Paume sur les combats de rue.

 

L’appareil photo de vos début ?

J.C. de Castelbajac : Un instamatic, puis un Polaroïd SX70

 

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?

J.C. de Castelbajac : Un iPhone X

 

Votre drogue favorite ?

J.C. de Castelbajac : Regarder ma fille.

 

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?

J.C. de Castelbajac : Faire des choses simples avec ceux que j’aime, mais aussi aller au bout de la nuit porté par des conversations avec face à moi des intellectuels et des passionnés.

 

Votre plus grande qualité ?

J.C. de Castelbajac : J’en ai tellement (rire)… je plaisante. Mais pour vous répondre plus sérieusement, je dirais la bienveillance et la transmission.

 

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?

J.C. de Castelbajac : Une femme selon moi, donc je vous dirais Pauline, ma femme.

 

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

J.C. de Castelbajac : Tout ce qui a un lien avec l’administratif… Mais en même temps rien n’est irréversible, car mon ami Malcolm McLaren me disait toujours qu’un jour je finirai en taillant des rosiers et que j’aimerais cela. A cela je lui répondais que c’était impossible, et en fait aujourd’hui j’adore cela !

 

Votre plus grande extravagance professionnelle ?

J.C. de Castelbajac : Sans doute d’avoir toujours cherché à travailler avec mes contraire en allant chercher des artistes qui étaient à l’opposé de ma vision du monde et qui ont éveillé en moi d’autres chemins.

 

Les valeurs que vous souhaitez partager au travers de votre travail ?

J.C. de Castelbajac : L’ouverture à la créativité. Je souhaite que mon travail fasse office de porte avion d’un inconscient collectif et qu’il participe à la révélation des talents.

 

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?

J.C. de Castelbajac : Carthagene, Zanzibar, Ouagadougou, Pondicherry, Tombouctou…

 

L’endroit  dont vous ne vous lassez jamais ?

J.C. de Castelbajac : Le Gers pour sa lumière et parce que je viens de là !

 

Votre plus grand regret ?

J.C. de Castelbajac : Ne pas avoir eu le temps de converser plus longtemps avec mon père.

 

Instagram, Tik Tok ou snapchat ?

J.C. de Castelbajac : Instagram, j’ai d’ailleurs deux comptes.

 

Couleur ou N&B ?

J.C. de Castelbajac : N&B bien qu’étant un homme de couleurs

 

Lumière du jour ou lumière artificielle ?

J.C. de Castelbajac : Lumière du jour.

 

La ville la plus photogénique selon vous ?

J.C. de Castelbajac : Florence, l’endroit où j’ai vécu les plus beaux crépuscules

 

Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?

J.C. de Castelbajac : Mais Dieu existe ! Et j’ai d’autres questions à lui poser …

 

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?

J.C. de Castelbajac : Nous n’avons que l’embarras du choix : Les forêts en feux, les torrents fous, l’aéroport de Kaboul… et la liste est longue.

 

Que manque-t-il au monde d’aujourd’hui ?

J.C. de Castelbajac : De la solidarité, de l’empathie..

 

Et si tout était à refaire ?

J.C. de Castelbajac : Je refais déjà tout chaque jour, chaque matin est le début d’un livre.

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