Un autre regard sur ce qui nous entoure
J’ai rencontré Gail en 2004, à Los Angeles, à l’occasion d’un reportage sur Mary Kate and Ashley Olsen à l’hotel Standard Sunset. A l’époque, elle photographiait ce que, dans notre jargon professionnel, nous appelons « des people » et faisait également de la photo publicitaire. Ayant étudié la photographie à la Rhode Island School of Design puis à l’Université de Yale, elle conçoit également un travail personnel, sous la forme de séries qui interrogent le paysage et la société. Fascinée depuis toujours par le travail du peintre Edward Hopper, elle lui dédicace sa série Hopper Redux où elle revient sur les lieux peints par l’artiste.
Aujourd’hui, elle aime plus que jamais raconter des histoires. Son sujet de prédilection : les villes et plus précisément tel un théatre muet urbain, ce que, dans ces villes, on peut voir depuis sa fenêtre. Partout où elle passe, de New York à Paris en passant par Milan, Buenos Aires ou Istanbul, elle déniche des cages d’escalier, des terrasses ou des appartements avec des points de vue sans perspective et cadre des morceaux choisis. Intrusive ? Voyeuriste ? Loin de là, élève de Gregory Crewdson qui lui a enseigné l’art du cinéma appliqué à la photographie, Gail Albert Halaban met néanmoins en scène ses personnages, pour cela elle cherche des point de vue d’où elle semble observer l’intimité des protagonistes, une manière moderniste de mettre l’accent sur la solitude , fléau de plus en plus courant de notre société.
Pour autant, ce projet a permis aux voisins de faire connaissance et a même suscité des romances. Le paysage architectural unique de chaque ville prépare le terrain pour ces récits fascinants, qui encouragent les gens à considérer leurs voisins de manière plus réfléchie et à voir la ville qui les entoure sous un nouvel angle. Avec une appréciation des spécificités culturelles et géographiques.
Depuis le premier confinement, n’ayant plus le loisir de voyager librement, elle a décidé de collaborer avec tout photographe intéressé par sa démarche, seule requête : dirigé la séance photo depuis New-York via Zoom. Ainsi, Out My Window, Global rassemble les gens en mettant en lumière leurs valeurs communes, leurs aspirations et leur désir de connexion humaine.
Pour en savoir plus : https://www.outmywindowglobal.com/
Instagram : gailalberthalaban
Votre premier déclic photographique?
Gail Albert Halaban: Classe de sciences en CP.
Le photographe qui vous inspire?
G.A.H. : Bérénice Abbott.
L’image que vous auriez aimé faire?
G.A.H. : Nightview, New York, 1932, Berenice Abbott (1898–1991).
Celle qui vous a le plus émue?
G.A.H. : Un enfant qui pleure, par Diane Arbus, New Jersey, 1967.
Et celle qui vous a mise en colère?
G.A.H. : La photo gagnante du prix Pulitzer d’un pompier tenant un bébé sur les lieux de l’attentat à la bombe d’Oklahoma City, le 19 avril 1995 parce que c’est tellement déchirant de voir à quel point le monde est devenu violent.
Quelle qualité est nécessaire pour être un bon photographe?
G.A.H. : L’empathie.
Le secret de l’image parfaite, si elle existe?
G.A.H. : Découvrir l’inattendu.
Votre premier appareil photo?
G.A.H. : Olympus Om 4 t. Je l’ai encore. Je l’aime toujours.
Celui que vous utilisez actuellement?
G.A.H. : Je n’utilise pas qu’un seul appareil. J’aime toujours mes Leica avec télémètres, j’ai des numériques Fuji et Phase, …. les appareils photos sont amusants et j’aime jouer avec, ne pas toujours utiliser le même.
Votre drogue préférée?
G.A.H. : Le café. Et depuis que j’ai travaillé en Italie, l’expresso.
Votre plus grande qualité?
G.A.H. : Je suis une vraie amie et une bonne maman.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque?
G.A.H. : Ce serait extraordinaire d’avoir un billet de banque avec un portrait d’Harriett Tubman, qui a été une militante américaine favorable à l’abolition de l’esclavage des Afro-Américains, puis militante antiraciste et féministe.
Le travail que vous n’auriez pas aimé faire?
G.A.H. : Aucun travail m’obligeant à être coincée dans un bureau.
Votre plus grande extravagance?
G.A.H. : De toujours utiliser l’argentique car même si le numérique est tellement moins cher, travailler avec une pellicule est tellement plus amusant.
Votre plus grand regret?
G.A.H. : Je suis resté 10 ans sans avoir de chien …. c’était une erreur.
Instagram ou Snapchat?
G.A.H. : Je n’aime pas vraiment ni l’un ni l’autre . J’aime les grandes images.
Couleur ou noir et blanc?
G.A.H. : Couleur.
Lumière du jour ou lumière artificielle?
G.A.H. : Pour moi, elles doivent se mélanger. J’aime les deux ensemble.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou prendriez-vous un selfie avec lui?
G.A.H. : Sans hésiter je lui demanderai de poser pour moi, car je déteste me voir en photo.
L’image qui représente l’état actuel du monde?
G.A.H. : Empty New York de Duane Michals prise en 1964.