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Arles 2021 : Le Questionnaire : Fiammetta Horvat par Carole Schmitz

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FIAMMETTA HORVAT : La passion de la photographie en héritage

Comme son patronyme nous le laisse entendre Fiammetta Horvat n’est autre que la fille du célèbre Frank Horvat grand poète de l’image disparu à l’automne 2020. Après avoir grandi entre la France et l’Italie, elle s’installe à Londres en 1997. Elle y travaillera pendant plus de 20 ans dans le milieu du théatre en tant que scénographe, un gout qu’elle a hérité de son père qui n’avait pas son pareil de créer des mondes éphémères pour bon nombre de ses productions photos. Grande amoureuse de narrations, elle aime ce qui a du relief.

Brexit oblige, elle décide de rentrer en France et accepte de se familiariser avec les archives de son père. Le duo fonctionne avec une grande complicité et la « passation de pouvoir » se fait tout naturellement transformant pour la jeune femme l’essai en passion. L’occasion pour elle de découvrir également qu’elle possédait une compréhension de la photographie plus grande qu’elle ne l’imaginait. Influencée par les codes esthétiques de son père, elle est tout comme lui obsédée par le lien entre les choses.

Aujourd’hui, Fiammetta se sent investie d’un devoir de transmission de l’oeuvre que lui a laissé son père, elle en connait les moindres petits papiers annotés, tous les négatifs, tirages, livres qui s’empilent dans l’atelier, tout comme l’importante collection de photographies, résultat d’échanges avec d’autres photographes qu’elle espère agrandir dans les années à venir. Avec Mathilde Oudin,  l’assistante de Frank Horvat restée à ses cotés, elle a entrepris de numériser toutes ses archives et souhaite continuer à faire vivre le studio et aller au delà de la simple promotion du travail de son père et faire de ce lieu un lieu vivant pour la photographie contemporaine. En préparation également, une rétrospective au Musée du Jeu de Paume à Paris pour 2022, un nouveau livre chez Acte Sud, mais aussi la réédition du livre New York, le film de Sandra Wis – fruit d’une complicité entre la réalisatrice et le photographe – qui sera montré (espérons le) lors du prochain Paris Photo et dont une version courte a été présentée à l’occasion de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles cette année…

Affaire à suivre donc !

 

Votre premier déclic photographique ?

Fiammetta Horvat : Il remonte à mon enfance. J’ai été élevée au son des « déclics » des appareils photos de mon père et de ma mère, tous deux photographes.

 

L’homme d’images qui vous inspire ?

Fiammetta Horvat : Impossible de résister … mon père évidemment !

 

L’image que vous auriez aimé faire ? 

Fiammetta Horvat : Il y en a deux en fait. L’une est cette photo de Karin Mack « Iron Dream » que  j’ai vu lors d’une exposition à La Monnaie et qui s’intitulait « Women house ». Et puis, il y a « L’enfant prodige » de la série de Duane Michals que l’on peut voir à l’exposition Masculinités à Arles.

Installation view of Karin Mack, Bügeltraum (Iron Dream), 1975; Black-and-white photographs © Karin Mack / The SAMMLUNG VERBUND Collection, Vienna

The Return of the Prodigal Son © Duane Michals, courtesy Pace/MacGill Gallery, New York

 

Celle qui vous a le plus ému ? 

Fiammetta Horvat : Je serais tentée de vous citer celle de Fukasé avec son père que je trouve bouleversante, mais aussi cette image de Francesca Woodman où elle se retrouve dans une cheminée. J’aime énormément tout le travail de Francesca.

 

Et celle qui vous a mis en colère ?

Fiammetta Horvat : Cette série d’images d’Abigail Ayman qui s’intitule « Abortion ». Des photos qu’elle a prise d’elle en train de se faire avorter dans un centre où l’on pratiquait des avortements illégaux. Ce ne sont pas temps les photos qui m’ont mise en colère, j’ai au contraire trouvé qu’il lui a fallu beaucoup de force et de courage pour les réaliser dans un moment de telle vulnérabilité, mais davantage le fait que la société dicte aux femmes ce qu’elles peuvent faire ou ne pas faire de leur corps. Qui sommes nous pour juger ?…

 

 

Une image clé de votre panthéon personnel ?

Fiammetta Horvat : « Le baiser » de Joel-Peter Witkin que j’aime beaucoup.

 

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?

Fiammetta Horvat : Je pense qu’être un bon photographe c’est un mélange d’introspection et d’honnêteté avec soi-même. Il est nécessaire d’être sincère sans narcissisme et discipliné.

 

Le secret de l’image parfaite, si elle existe ? 

Fiammetta Horvat : L’équilibre. Cela va au-delà de la composition, je parle d’un équilibre générale entre le bon ton et le mauvais ton, le kitch et le non kitch, entre le cérébral et spontané, le prétentieux et le naïf… et l’esthétisme bien entendu !

 

Si vous étiez photographe, quelle est la personne dont vous rêveriez de faire le portrait ?

Fiammetta Horvat : J’aurais adoré photographier Charlie Chaplin.

 

Un livre photo indispensable ?

Fiammetta Horvat : « In America » de Robert Frank.

 

L’appareil photo de vos débuts ?

Fiammetta Horvat : J’ai bien entendu eu des appareils jetables, mais j’ai surtout eu la chance d’hériter un à un tous les appareils de mon père. Dès qu’un nouvel appareil sortait sur le marché, mon père qui était un véritable geek, s’empressait de vouloir le tester et me faisait cadeau de celui qu’il délaissait.

 

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?

Fiammetta Horvat : Mon iPhone.

 

Votre drogue favorite ?

Fiammetta Horvat : L’adrénaline naturelle.

 

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?

Fiammetta Horvat : Aller au théatre et plus particulièrement assister à la représentation de pièces de Joel Pommerat.

 

Votre plus grande qualité ?

Fiammetta Horvat : On dit souvent de moi que j’ai le goût des autres.

 

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?

Fiammetta Horvat : J’aime les choses décalées, donc j’y mettrais la photo d’un Fish & Chip. (Rires)

 

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

Fiammetta Horvat : Actrice.

 

Votre plus grande extravagance ?

Fiammetta Horvat : Je dirais peut être l’aplomb avec lequel j’ai postulé et accepté des jobs dans le milieu de l’Opéra alors qu’au fond de moi je ne me sentais pas forcément légitime.

 

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?

Fiammetta Horvat : La Chine.

 

L’endroit  dont vous ne vous lassez jamais ?

Fiammetta Horvat : Le studio de mon père qui est un endroit fabuleux.

 

Votre plus grand regret ?

Fiammetta Horvat : Ne pas être allée vivre à New-York lorsque j’avais 20 ans.

 

Facebook, Instagram, Tik Tok ou snapchat ?

Fiammetta Horvat : Instagram bien entendu !

 

Couleur ou N&B ?

Fiammetta Horvat : Couleur.

 

Lumière du jour ou lumière artificielle ?

Fiammetta Horvat : Lumière du jour.

 

La ville la plus photogénique selon vous ?

Fiammetta Horvat : J’hésite entre New-York et Vancouver … ou peut être Tokyo aussi.

 

Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?

Fiammetta Horvat : Je suis navrée, mais pour moi ce ne serait ni l’un ni l’autre. Cette personne ne m’intéresse pas du tout !

 

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?

Fiammetta Horvat : L’autoportrait… ou le selfie comme on le nomme fréquemment. Un phénomène qui selon moi est également très présent dans certaines expositions que l’on peut voir à Arles en ce moment.

 

Qu’est ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?

Fiammetta Horvat : De la bienveillance.

 

Et si tout était à refaire ?

Fiammetta Horvat : Je résignerais pour tout…

 

Instagram : fiammetta.h

www.horvatland.com

 

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