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Le Questionnaire : Eddy Brière par Carole Schmitz

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Eddy Brière : Se faire plaisir d’abord et avant tout !

Eddy Brière n’a pas de plan de carrière et se laisse porter par les rencontres. Après avoir fait des études de physique il se tourne rapidement vers la robotique et l’informatique. Et la photo dans tout cela ? Il y est venu presque par hasard même si depuis toujours il est sensible aux images sous toutes leurs formes. En effet, c’est à l’occasion d’un déplacement professionnel à Singapour en tant qu’informaticien qu’il achète son premier appareil photo argentique. Si les premières images qu’il réalise n’ont que peu d’intérêt selon ses propres dires, il se découvre rapidement une passion pour le portrait, domaine dans lequel il se spécialisera en y alliant sa passion pour le 7e art.

Dès lors il n’hésite pas à prendre un virage professionnel radical. Au fil de rencontres et d’expériences, il en est convaincu, la photographie est en réel adéquation avec sa personnalité. Elle lui permet de raconter des choses de manière plus accessible tout en laissant place à une vraie sensibilité. Il aime mettre en scène ses personnages et sa manière de photographier est d’ailleurs à la frontière de la mode et du cinéma.

Pour Eddy Brière la photo c’est avant tout créer une complicité avec celui ou celle qu’il va immortaliser afin de véhiculer de l’émotion. Lorsqu’il réalise des portraits il se focalise sur le sujet et plus précisément sur le regard, puis, il compose.

Parallèlement il réalise également des séries de mode, des photos de publicité et des affiches de films, Il a notamment travaillé sur l’affiche du dernier Astérix et Obélix et a photographié des grands noms du 7e art.

 

Website : www.eddybriere.com
Instagram : eddybriere

 

Votre premier déclic photographique ?
Eddy Brière
 : Lorsque j’avais une vingtaine d’années, j’aimais beaucoup les photographies de mode. Les ambiances cinématographiques en noir et blanc me plaisaient plus particulièrement et je me suis beaucoup inspiré de ce type d’images à mes débuts. Par la suite, j’ai découvert que le photographe de ces images était un certain Peter Lindbergh…

 

L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Eddy Brière
 : En photographie Peter Lindbergh m’a donc beaucoup inspiré. Mais il y en a beaucoup d’autres comme Ellen von Unwerth, David LaChapelle, Bettina Rheims, Pamela Hanson, Helmut Newton, Richard Avedon, Guy Bourdin… et j’en oublie la moitié.

 

L’image que vous auriez aimé réaliser ?
Eddy Brière
 : Un grand classique, « Le Baiser de l’Hôtel de ville » de Robert Doisneau. Une photographie simple, d’un moment si commun, dans les rues de Paris.
C’est une image captivante, on ressent toute l’intensité dans ce baiser. Le temps se fige même visuellement pour ces deux amants, alors que la ville continue sa danse folle. Un cliché vraiment bluffant !

 

Celle qui vous a le plus ému ?
Eddy Brière : Étonnamment, je suis souvent touché par des photographies figuratives. Évidemment, il n’y a pas eu qu’une photographie dans ma vie, mais je me souviens en particulier d’une image de presse dans les années 2000 illustrant un attentat dans un hôtel, dont malheureusement je n’en connais pas l’auteur.
Un appareil photo était posé négligemment sur un tapis sur lequel on devinait quelques taches de sang. Chaque élément de cette image la rendait tellement forte qu’on pouvait aisément imaginer la violence implicite de cette tragédie. Des vies avaient brutalement cessé d’être.

Celle qui vous a mis en colère ?
Eddy Brière
 : Ce qui peut m’agacer, c’est qu’une photo soit appréciée pour ce qu’elle contient plus que pour ce qu’elle est vraiment. Des images n’ont pas toujours le succès qu’elles méritent et réciproquement.
Concrètement, j’aime ma mère, donc j’aime les photos d’elle. Les photos de ma mère sont-elles de belles photos ? Non ! En générale elles n’ont rien d’extraordinaire (à part ma mère bien sûr).

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Eddy Brière : Une photo de pigeon… je suis un mauvais photographe de pigeon.

Un souvenir photographique de votre enfance ?
Eddy Brière : Enfant je n’aimais pas être pris en photo. Mais je me souviens d’un cliché en particulier que je détestais, pris lorsque j’avais environ 7-8 ans. Je suis nu dans une bassine en train de me laver dans le jardin de mon grand-père pendant les vacances d’été.
Ayant toujours été pudique, cette photo me mettait mal à l’aise et surtout lorsqu’elle circulait dans l’album photo après certains diners de famille…

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre d’art que vous rêveriez d’acquérir ?
Eddy Brière : Le Radeau de la Méduse du peintre Théodore Géricault.

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Eddy Brière : La patience et la persévérance. Et être un bon photographe 😉
Au travers de mes rencontres photographiques, j’ai appris qu’il faut accepter de ne pas forcément être le photographe qu’on veut, mais le photographe qu’on est. Il y a une grande différence entre savoir-faire et pouvoir faire.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Eddy Brière : Une image parfaite techniquement est facile à obtenir. Mais il n’y a pas d’image parfaite artistiquement car l’art est subjectif et propre à chacun. Pour ma part, c’est lorsque j’arrive à obtenir en photographie la vision de ce que j’ai en tête.

La personne que vous aimeriez photographier ?
Eddy Brière : J’aurai aimé photographier David Bowie. Après il y en a tellement…

Le photographe par qui vous aimeriez-vous faire « tirer le portrait » ?
Eddy Brière : Je ne crois pas avoir envie de me faire tirer le portrait par un photographe en particulier. A moins que ça soit une bonne raison pour partager avec lui ou elle nos visions de la photographie. Dans ce cas, tous les grand(e)(s) photographes du moment.

Un livre photos indispensable ?
Eddy Brière : Tous les livres sont indispensables pour découvrir l’art de la photographie, les images nous inspirent ou pas… Typiquement pour revenir à la notion d’image parfaite, il est intéressant également de comprendre ce que l’on n’apprécie pas dans une photo car parfois cela ne tient pas à grand-chose.

L’appareil photo de votre enfance ?
Eddy Brière : J’ai débuté la photo à l’âge de 30 ans avec de mémoire un Canon EOS 33, je n’ai jamais eu d’appareil photo avant cela.

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Eddy Brière : Je n’ai pas de boitier de prédilection et travaille en fonction du projet avec Canon, Fuji ou Phase One.

Votre drogue préférée ?
Eddy Brière : Le chocolat ! et à défaut le sucre.

Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Eddy Brière : M’isoler pour créer/penser ! Pas obligatoirement des images photographiques.

Quelle est votre relation personnelle avec l’image ?
Eddy Brière : Je viens, entre autres, de la programmation informatique ou la communication se fait par des langages incompréhensibles aux non-initiés. La photographie au contraire, c’est universel et c’est ce que j’aime.

Votre plus grande qualité ?
Eddy Brière : La patience je pense.

Votre dernière folie ?
Eddy Brière : J’ai la chance de me faire souvent plaisir, des petites ou grandes folies, c’est mon quotidien !

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Eddy Brière : Un sablier !

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Eddy Brière : Je ne peux pas m’épanouir dans un métier qui me contraint à rester dans un coin, avec des tâches répétitives et peu d’échange humain.

Et si vous n’étiez pas devenu photographe ?
Eddy Brière : J’ai déjà eu l’opportunité de vivre plusieurs vies professionnelles puisque j’ai enseigné dans le domaine de l’informatique, puis été ingénieur informaticien pour devenir photographe. Je suis intéressé par tellement de domaines que rien n’est figé, nous n’avons pas assez d’une seule vie pour tout faire.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Eddy Brière : Je suis ingénieur au revenu confortable et me lance à l’aube de la trentaine dans une nouvelle passion, sans formation ni plan de carrière. Aujourd’hui je pratique dans une niche professionnelle et photographie des célébrités pour la presse et le cinéma. Avec le recul, mon extravagance a peut-être été d’aborder le milieu sans frein ni a priori.

Selon vous, quels sont les ponts entre la photographie et la photographie d’art ?
Eddy Brière : La photographie d’art est à la photographie ce que l’expérimentation est à la recherche. On tourne autour d’un concept, une idée, un thème, selon des cycles et en fonction de notre évolution et périodes de vie. Et seulement alors on commence à faire de l’art.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Eddy Brière : Je suis curieux et ouvert à toutes destinations et cultures. L’important c’est l’échange et la découverte.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Eddy Brière : Ce n’est pas l’endroit parfait, avec ses défauts et inconvénients, mais c’est certainement mon chez moi. Même après un superbe voyage, je suis content de retrouver mon univers.

Votre plus grand regret ?
Eddy Brière : Très jeune ma crainte était d’avoir des regrets lorsque je serai vieux. J’ai donc toujours fait ce que je voulais et n’ai pas de regret particulier.
Il y a certaines choses que j’aurai aimé réaliser et que je n’ai pas faites. Mais le temps m’a permis de comprendre pourquoi et si c’était à refaire, je ne les ferais pas plus.

En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Eddy Brière : J’ai beaucoup de mal avec les réseaux sociaux. J’ai un compte Facebook que je ne consulte pas et un compte Instagram sur lequel je ne suis pas très actif.Pourquoi ? Je me le demande en fait.

Qu’est-ce que le numérique et les smartphones ont enlevé ou apporté à la photographie ?
Eddy Brière : Le numérique a démocratisé beaucoup de domaines et c’est une bonne chose. Même si, dans la masse, quantité de productions sont médiocres, a contrario beaucoup de talents ont permis d’être révélés.
En revanche, la faiblesse du numérique est d’être sans limite. Dans le domaine de la créativité c’est un atout indéniable, à condition de savoir ce que l’on veut ou ce que l’on recherche au risque de sombrer dans des spirales sans fin.
Et l’IA ne va pas arranger les choses… De nouveaux outils sans plus aucune limite qui vont faire tourner certains projets au cauchemar.

Couleur ou N&B ?
Eddy Brière : J’ai débuté en N&B, car je trouvais les compositions en couleur très difficiles. Lorsque je suis passé à la couleur, je retouchais mes images en N&B pour ensuite les repasser en couleur. D’ailleurs mes premières images couleur étaient désaturées.
Aujourd’hui je ne fais que de la couleur.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Eddy Brière : Je n’ai pas de réelle préférence, je m’adapte à l’envie ou au besoin. Certains lieux offrent des lumières magnifiques et le moment étant unique ou périodique, il ne faut pas hésiter à le saisir. La lumière artificielle offre quant à elle l’avantage de travailler sans contrainte de temps.

Votre cœur balance-t-il davantage vers l’argentique ou le numérique ?
Eddy Brière : Lorsque j’ai débuté, l’argentique était incontournable et j’y ai fait mes premières armes. Par la suite, dès que les appareils photos numériques ont commencé à se perfectionner, j’ai lâché sans regret l’argentique.
Mon usage de l’argentique se limitait à la prise de vue et au scan des pellicules que je retouchais ensuite sur Photoshop, domaine dans lequel j’étais à l’aise étant informaticien de formation. Le développement des photos en labo ne m’a jamais attiré et je n’ai d’ailleurs jamais développé mes propres images.
Je n’ai rien contre la photo argentique, au contraire il y a des films magnifiques. La photographie, qu’elle soit numérique ou argentique, est comparable à la peinture, elle a plusieurs modes d’expression.

Quelle ville, selon vous, est la plus photogénique ?
Eddy Brière : La banlieue parisienne offre des décors graphiques et dépaysants pour les photos. Certaines images peuvent mettre le doute quant à leur lieu de prise de vue en laissant imaginer qu’elles ont été réalisées à Londres ou New York !

Si Dieu existe, une fois arrivé au paradis, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Eddy Brière : Ni l’un ni l’autre… je préfèrerai qu’il me prenne en photo. Juste pour voir à quoi ressemblerait un portrait photographique de Dieu.

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Eddy Brière : Impossible, nous tomberions dans un paradoxe. J’inviterai tellement de personnes avec qui j’ai envie d’échanger qu’il me serait impossible de le faire de manière qualitative.

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Eddy Brière : Un sablier ! On y revient J Il représente le temps et il parait que c’est aussi de l’argent. C’est ce dernier qui domine le monde… et le temps nous est compté. Pourtant nous ne sommes qu’un grain de sable dans l’univers.

Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Eddy Brière : Nous avons tout ce qu’il faut dans ce monde, c’est la répartition qui n’est pas bonne. Il faudrait trouver le bon équilibre des choses mais pour ça il faudrait que l’homo sapiens s’assagisse, qu’il se débarrasse de ses émotions les plus destructrices et de ses vices. Mais je doute que cela arrive tant c’est ancré dans nos gènes.

Si vous deviez tout recommencer ?
Eddy Brière : Et bien ! On repartirait pour de nouvelles aventures.

Un dernier mot ?
Eddy Brière : Et vous, quel est votre premier déclic photographique ?

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