Tout a commencé par un « clic ».
Enfant déjà, la photographie l’interpelle et ses premiers modèles seront ses proches. À ses débuts, arrivant de son Canada natal, Douglas Kirkland travaille dans un petit studio photo, à Richmond en Virginie. C’est à cette période qu’il découvre le travail d’Irving Penn qui le fascine. Il met alors tout en oeuvre pour devenir son assistant. A son contact le jeune homme apprend vite mais est très mal payé. Il se donne alors un an pour se constituer un book digne de ce nom et se créer une réputation sur la scène new yorkaise. Il collabore dès lors à diverses petites publications avant d’être embauché à vingt-quatre ans, comme photographe au magazine « Look ». Il apprend le français au contact de Coco Chanel, photographie Liz Taylor qui donnera une première impulsion à sa carrière. Mais ce sera sa séance avec Marilyn Monroe qui la même année le propulsera au firmament.
Puis, il rejoint « Life Magazine ». Nous sommes dans les années 60/70 et c’est l’âge d’or du photo-journalisme. A cette époque Douglas Kirkland réalise aussi bien des reportages sur la Grèce, le Liban et le Japon, que des travaux sur la mode ou encore des sujets avec des célébrités. D’ailleurs, on ne compte plus le nombre d’entre elles qui au fil des années sont passées devant son objectif, dont, Elizabeth Taylor, Audrey Hepburn, Sophia Loren, Mick Jagger, Michael Jackson, Coco Chanel, Marlene Dietrich, Charlie Chaplin, Brigitte Bardo, Morgan Freeman, Orson Welles, Andy Warhol, John Travolta, Oliver Stone et bien plus encore..
S’il aime photographier les stars dans leur intimité, Douglas Kirkland s’illustre également sur les plateaux de tournages. « 2001 l’Odyssée de l’espace », « Le Choix de Sophie », « Out of Africa », « Butch Cassidy et le Kid », « Titanic », « Gatsby le Magnifique » ou « Moulin Rouge », sont autant de films auxquels il a collaboré.
Bien que faisant la part belle aux portraits, il aime également photographier des paysages, dans le cadre de ses reportages ou de ses travaux personnels.
Douglas KIRKLAND a également enseigné au Smithsonian, au Conservatoire AFI à Hawaii et Los Angeles, l’Art Center College of Design de Pasadena ainsi que les Centres Kodak de Hong Kong, Singapour et Taiwan. L’ensemble de sa carrière lui a valu une large reconnaissance. Il continue à photographier le monde du cinéma et à mener à bien ses propres projets, dont un travail sur ses archives pour la publication future d’un ouvrage de photographie noir et blanc : “When We Were Young”.
En septembre 2008, Vanity Fair Italie a organisé une rétrospective de son travail au musée de la Triennale à Milan. Il est membre du prestigieux Canon’s Explorers of Light et membre associé de l’American Society of Cinematographers. Parmi les récompenses qu’il a reçues, citons un « Lifetime Achievement Award » de l’American S.O.C., un Lucie Awards for Outstanding Achievement in Entertainment Photography de l’IPA en 2003, The Golden Eye of Russia en avril 2006. En février 2011, l’American Society of Cinematographers ASC lui a remis le prestigieux President’s Award. À l’été 2015, il a reçu un Nastri D’Argento spécial (ruban d’argent) au Festival international du film de Taormina. En septembre 2017, le consul général du Canada à Los Angeles lui a remis le prix d’excellence en reconnaissance de l’ensemble de ses réalisations exceptionnelles. À Toronto, en 2019, le CAFA (Canadian Arts and Fashion Awards) lui a décerné un prix d’excellence pour sa carrière dans la photographie.
Actuellement il expose (et jusqu’au 10 octobre prochain) à la Galerie Gadcollection à Paris. A travers une sélection de 15 photographies de Marilyn Monroe jamais exposées en France, le photographe offre une évasion au cœur de l’une des femmes les plus emblématiques qui ait traversé sa vie.
Votre premier déclenchement photographique ?
Douglas Kirkland : Par un froid jour de Noël, je devais avoir environ 10 ans, mes parents m’ont laissé utiliser la boîte Brownie de la famille pour les photographier, eux et mon petit frère, devant notre maison. C’est ce « clic », que je n’ai jamais oublié, qui m’a fait devenir photographe.
L’homme d’images qui vous inspire ?
Douglas Kirkland : Gordon Parks, un photographe, cinéaste, auteur, compositeur et musicien légendaire qui a su tout faire de manière extraordinaire.
© The Gordon Parks Foundation
L’image que vous auriez aimé faire ?
Douglas Kirkland : Dovima à Paris avec les éléphants brillamment capturée par Richard Avedon en 1955.
© Richard Avedon – Courtesy of the Richard Avedon Foundation
Celle qui vous a le plus ému ?
Douglas Kirkland : Lella d’Edouard Boubat prise en 1948. C’est l’une de mes premières acquisitions photographiques et elle est accrochée dans notre chambre.
© Edouard Boubat
Et celle qui vous a mis en colère ?
Douglas Kirkland : Les images d’enfants gisant morts assassinés au gaz sarin en Syrie.
© AFP/Getty Images
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Douglas Kirkland : Marilyn Monroe, nue, allongée dans des draps de soie et serrant un oreiller dans ses bras, est l’image pour laquelle les gens se souviennent de moi.
© Douglas Kirkland – Courtesy of the artist
La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Douglas Kirkland : Curiosité, dévouement et passion.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Douglas Kirkland : Il n’y a pas de secret, ça arrive, c’est tout.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Douglas Kirkland : Le président Obama
Un livre photo indispensable ?
Douglas Kirkland : « The Family of Man » de Edward Steichen
L’appareil photo de vos débuts ?
Douglas Kirkland : 4×5 Speed Graphic avec un flash et des ampoules.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Douglas Kirkland : Les derniers Canons et ma précieuse chambre Deardorff 8×10.
Votre drogue préférée ?
Douglas Kirkland : La photographie
La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?
Douglas Kirkland : Prendre des photos
Votre plus grande qualité ?
Douglas Kirkland : Ma vision et la passion que j’ai encore aujourd’hui.
Une photo pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Douglas Kirkland : Jack Nicholson avec une allumette dans la bouche.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Douglas Kirkland : Éboueur
Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
Douglas Kirkland : Acheter mon Hasselblad et un ensemble d’objectifs alors que je gagnais très peu d’argent en tant que photographe en 1959.
Les valeurs que vous souhaitez partager à travers vos images ?
Douglas Kirkland : La beauté, la connexion, l’humanité.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Douglas Kirkland : Le Pôle Sud.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Douglas Kirkland : Je ne me lasse jamais de l’Italie et de la France.
Votre plus grand regret ?
Douglas Kirkland : Je n’ai pas de regrets.
Instagram, Tik Tok ou snapchat ?
Douglas Kirkland : Instagram mais ma femme Françoise s’en occupe et me dit combien de likes et de followers j’ai !
Couleur ou N&B ?
Douglas Kirkland : Les deux
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Douglas Kirkland : Les deux
La ville la plus photogénique à votre avis ?
Douglas Kirkland : Paris et Venise
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Douglas Kirkland : Je lui demanderais respectueusement de poser pour moi et ma Deardorff 8×10.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Douglas Kirkland : Je vais vous parler d’une image qui m’est chère et qui représente l’état actuel de MON monde. C’est un autoportrait de Françoise et moi dans un champ de fleurs pris en 1972. Il est accroché en 60×40 pouces dans notre salon. Pour moi, elle représente la beauté, la nature, la paix et l’amour.
© Douglas Kirkland – Courtesy of the artist
Que manque-t-il dans le monde d’aujourd’hui ?
Douglas Kirkland : La compassion
Si vous deviez tout recommencer ?
Douglas Kirkland : Je ne changerais rien. Je suis très satisfait de ma vie. Elle a bien fonctionné.
WEBSITE : www.douglaskirkland.com
INSTAGRAM : douglaskirkland
EXPOSITION 3 Septembre au 10 Octobre à la Galerie GADCOLLECTION Paris