Agnès Geoffray : Repenser nos mémoires
Artiste plasticienne qui pratique la photographie, Agnès Geoffray est diplômée des écoles de Beaux-Arts de Lyon et de Paris. En 2003, elle est en résidence à la Rijksakademie à Amsterdam, puis en 2010 pensionnaire à la Villa Médicis à Rome.
Artiste pluridisciplinaire, son travail est à la croisée de la photographie, de la sculpture, de l’écriture, des performances, des installations et même des vidéos. Elle sonde, élabore et réactive les images qui nous hantent depuis longtemps. Par le biais de mises en scène ou d’associations, elle révèle un univers de tensions, latentes et mystérieuses.
Elle travaille aussi bien à partir de photographies d’archive, qu’à partir des siennes, et propose ainsi des univers où se confondent l’invisible et le dissimulé, le réel et la fiction.
Elle aime scruter, fragmenter, sonder les images, parfois dans une posture d’iconographie, parce qu’ainsi elle les réinterroge, invitant le spectateur à reconsidérer sa mémoire.
Ses travaux font partie de nombreuses collections publiques et privées.
Website : agnesgeoffray.com
Instagram : agnesgeoffray
Expose actuellement à la Galerie Maubert à Paris : www.galeriemaubert.com
Votre premier déclic photographique ?
Agnès Geoffray : Mes autoportraits.
L’homme ou la femme d’images qui vous inspire ?
Agnès Geoffray : Les femmes photographes qui m’ont inspirée : Diane Arbus, Claude Cahun, Dóra Maurer, Babette Mangolte, parmi d’autres.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Agnès Geoffray : Je réalise les images que « j’aurais aimé faire ».
Celle qui vous a le plus ému ?
Agnès Geoffray : La première image qui m’a émue est celle du criminel Lewis Payne, photographié avant son exécution par Alexander Gardner, en 1865. Pour sa beauté, pour l’imminence de sa mort, pour la dimension spectrale de la photographie.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Agnès Geoffray : Je n’ai pas de colère.
Une image clé de votre panthéon personnel ?
Agnès Geoffray : Une femme, au loin, en prise avec le vent.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Agnès Geoffray : Moi, floue, courant face caméra, riant aux éclats.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Agnès Geoffray : J’achète régulièrement des photographies anonymes, qui, même sans auteur, me touchent infiniment.
Selon vous quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Agnès Geoffray : De l’empathie pour ses modèles, un regard éthique face aux images, et se laisser porter.
Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?
Agnès Geoffray : Celle qui résonne.
La personne que vous rêveriez de photographier ?
Agnès Geoffray : Les mains de Virginia Woolf.
Un livre photo indispensable ?
Agnès Geoffray : Instant Light, Tarkovsky Polaroids, éditions Thames & Hudson.
L’appareil photo de votre enfance ?
Agnès Geoffray : De mon adolescence, un Nikon F2 Photomic.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Agnès Geoffray : Un Nikon D800, ou des appareils de locations selon les besoins.
Votre drogue favorite ?
Agnès Geoffray : La lecture.
La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Agnès Geoffray : La nage, glisser.
Quel est votre rapport à l’image ?
Agnès Geoffray : Je suis attachée aux images qui évoquent d’autres images, je crois au pouvoir d’évocation de la photographie, dans sa capacité à nous déplacer.
Votre plus grande qualité ?
Agnès Geoffray : Être contemplative.
Votre dernière folie ?
Agnès Geoffray: Une formation en fauconnerie.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Agnès Geoffray : Le visage de Simone Veil ou d’Olympe de Gouges.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Agnès Geoffray : Aucune idée, je ne l’ai pas fait.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Agnès Geoffray : Je ne suis pas très extravagante, j’aime les prises de vue épurées, les contextes neutres, pour rendre possible une projection de l’imaginaire.
Quels sont selon vous les ponts entre photographie et design ?
Agnès Geoffray: Ouvrir la photographie vers une dimension sculpturale, transformer et repenser l’objet photographique.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Agnès Geoffray : Les sites d’art pariétal qui sont aujourd’hui inaccessibles.
Votre plus grand regret ?
Agnès Geoffray : Je n’en ai pas.
Coté réseaux sociaux, êtes vous plutot Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Agnès Geoffray : Facebook, Instagram, question de génération.
Couleur ou N&B ?
Agnès Geoffray: Plutôt N&B, pour l’indétermination temporelle.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Agnès Geoffray : Lumière du jour.
La ville la plus photogénique selon vous ?
Agnès Geoffray : Je suis peu attachée aux photographies de villes.
Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Agnès Geoffray : Je ne suis pas croyante.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Agnès Geoffray : Man looping back, American Night-club #63, de Paul Graham. Pour les paysages qui se dissolvent, l’invisibilité des plus démunis, et le regard en arrière sur un monde qui disparaît.
Qu’est ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?
Agnès Geoffray : De l’empathie face au vivant.
Si vous deviez tout recommencer ?
Agnès Geoffray : Pourquoi recommencer…