Dans ce troisième épisode de la série vidéo « Le photojournalisme aujourd’hui » la journaliste et universitaire Alison Stieven-Taylor questionne Sean Gallagher, un photojournaliste et cinéaste britannique vivant à Pékin.
« La pandémie du COVID-19 m’a incitée à créer cette nouvelle série d’entretiens vidéo », explique Alison Stieven-Taylor, correspondante de longue date pour L’Oeil de la Photographie et éditrice du blog Photojournalism Now.
« Le contexte actuel causé par le Covid-19 me rend curieuse, je voudrais savoir comment la pandémie a affecté le travail des photojournalistes. Il y a tant de travaux originaux, témoignant en particulier des changements sociaux, ce qui fait écho à mes propres recherches. L’occasion de parler de projets, de questions spécifiques, de populariser l’inspiration et l’approche du photographe, fournit à l’auditoire des informations essentielles. »
« Sean Gallagher crée des narrations puissantes affrontant des questions environnementales majeures, et qui impliquent de sérieuses conséquences sociales. La première fois que j’ai écrit sur le travail de Sean remonte à 2013 », dit Stieven-Taylor. « Cela concernait alors son projet The Toxic Price of Leather, où il documentait l’impact dévastateur de l’industrie du cuir à Kanpur, en Inde, tant pour les humains que pour l’environnement ».
Le dialogue entre Stieven-Taylor et Gallagher, réalisé pour Photojournalism Now : In Conversation, met en exergue le travail du photographe sur la biodiversité et la dégradation de l’environnement. Depuis plus d’une décennie, Gallagher s’est concentré sur la crise climatique à travers différents angles. Son travail sur l’île de Tuvalu se décline ainsi en un court-métrage, en un magazine à tirage limité et en plusieurs reportages photographiques. Ce travail met en évidence la menace que représente la montée des eaux pour des populations plus que vulnérables. Son projet le plus récent, financé par le Centre Pulitzer, documente la dévastation des forêts naturelles au Cambodge.
Sean Gallagher a commencé sa carrière en Chine
Alors photojournaliste émergent, Sean Gallagher se rend en Chine en 2005. À cette époque, il vient de terminer un stage au bureau londonien de Magnum Photos. Une subvention de Magnum donne un coup de fouet à sa carrière de photojournaliste et lui permet de rallier la Chine
« J’ai photographié quelques reportages, je suis retourné à Londres et j’ai réussi à les vendre », dit-il. Les éditeurs commencent à le solliciter, cherchant à savoir quand il reviendrait avec d’autres reportages. Si bien que l’année suivante, il retourne à Pékin, qu’il n’a jamais quitté. Au cours de ces 14 années, Gallagher a principalement photographié la Chine, tout en gagnant d’autres pays d’Asie, toujours à travers le prisme de la question environnementale.
« Ma formation universitaire fut scientifique », explique Gallagher, qui est également le fondateur de l’émission Instagram, @everydayextinction. « J’ai étudié la zoologie à l’université et j’étais intéressé par les sciences naturelles, la biologie et le climat. Rapidement, j’ai réfléchi à la manière dont je pourrais combiner mon intérêt pour les questions environnementales avec ma passion pour le photojournalisme ».
Au début des années 2000, les médias grand public n’accordent que peu d’attention aux reportages sur le changement climatique. M. Gallagher dit avoir « repéré une lacune dans le marché, pour ainsi dire » et commence à se faire une réputation en couvrant des sujets sur la biodiversité, l’environnement et le changement climatique.
« Je voulais vraiment utiliser le photojournalisme pour mobiliser autour de ces questions », explique M. Gallagher. « Plus je suis resté longtemps en Asie, plus ma compréhension de ces questions s’est approfondie et je suis désormais mû par cette idée : comprendre ce qui se passe ici, mettre ces histoires en lumière ».
Comme pigiste, M. Gallagher travaille avec des journaux grand public du monde entier. Il crée également ses propres publications. Son travail sur Tuvalu a ainsi été auto-publié sous la forme d’un magazine à tirage limité trouvant un succès immédiat, si bien qu’il a perpétué ce format avec une édition de son dernier projet, Cambodia Burning.
Dans cette entretien filmé, Gallagher se penche sur sa méthode et sa pratique de documentation de la déforestation au Cambodge, et développe son approche singulières et ses attentes autour du court-métrage Cambodia Burning.
« Ce film est le fruit de ma huitième collaboration avec le Centre Pulitzer. Il rend compte de la crise environnementale au Cambodge causée par la déforestation et les feux de forêt », décrit-il. Le film « raconte l’histoire des forêts du Cambodge à travers les yeux et les mots d’un poète-écrivain cambodgien. Réalisé uniquement avec des drones, le film vous transporte au-dessus et à travers les forêts, offrant un point de vue unique sur la transformation et les changements dévastateurs qui ont lieu ».
En avant-première, le film a déjà été présélectionné pour les Earth Photo Awards et les Drone Awards. Plusieurs clichés furent également présentés dans National Geographic et Yale360 ».
Découvrez l’épisode n°1 de la série avec Renée C. Byer
L’épisode n°2 de la série avec Robin Hammond
Le blog d’Alison Stieven-Taylor, Photojournalism Now.
Et le site de Sean Gallagher.