« Le photojournalisme aujourd’hui : Entretien avec… » est une série d’interviews filmées produites et réalisées par la journaliste Alison Stieven-Taylor, éditrice du très populaire Photojournalism Now et correspondante de longue date de L’Œil de la Photographie.
Fruit de conversations passionnantes réalisées pendant la crise du Covid-19, la série chercher à comprendre comment « la pandémie a affecté le travail des photojournalistes ». Ce second épisode explore très largement la pratique photographique de la photojournaliste Renée C. Byer, prix Pulitzer pour son reportage photo A Mother’s Journey (2007).
Née en 1958 à Yonkers, dans l’État de New York (États-Unis), Renée C. Byers fait ses premiers pas photographiques guidés par son père, dans la chambre noire de leur appartement dans le Bronx. Son père lui offre un Brownie Starmite II Kodak pour ses huit ans. Une dizaine d’année plus tard, elle entre à l’Ulster County Community College puis à l’Université de Bradley (Peoria). Après avoir été publié dans de nombreux journaux, elle entre en 2003 au journal The Sacramento Bee comme reporter photographique. Fidèle depuis lors au journal, elle y publie des reportages courts, illustrant des articles pour le moins étonnants quand on connaît son œuvre journalistique : « photographier des orchidées dans une belle serre pour un article du quotidien est un luxe pour moi quand il faut d’autre part parcourir le globe pour faire un reportage sur une tragédie humaine aux proportions énormes. J’aime franchement ce mélange » (Entretien pour National Geographic).
Connue, à juste titre, pour ses reportages longue durée , Renée C. Byer a ainsi publié en 2007 le très remarqué A Mother’s Journey. Récompensé du Pulitzer Prize for Feature Photography, ce reportage narrait la relation pleine de tendresse entre Cyndie French et son fils Derek, âgé de onze ans et atteint d’une tumeur au cerveau. De 2010 à 2014, Renée C. Byer écrit et photographie le quotidien des familles pauvres de quatre continents, montrant l’extrême nudité de leur vie quotidienne autant que les systèmes inventifs, nécessaires à la survie de familles. Publié en 2014 sous le titre Living on a Dollar a Day: The Lives and Faces of thee World’s Poor, le livre est primé et reçoit notamment l’International Photography Awards la même année.
Prônant une immersion longue, empathique avec ses sujets, ses reportages journalistiques empreints de tendresse tendent à l’image simple, prônant une approche photographique du dénuement, de l’empathie, dans une tradition picturale humaniste. La pratique photographique de Renée C. Byer puise dans un investissement temporel avec son environnement, avec l’humain. La photographe est à la fois familière de son sujet tout en s’effaçant de son présent immédiat. « Que l’histoire se déroule aux États-Unis ou à l’étranger, le plus important est de la laisser se dérouler toute seule. Pour moi, il est très important d’aller dans les coulisses de leur vie, dans leur maison pour dénicher ces morceaux de la vie quotidienne auxquels chacun peut s’identifier. Ainsi, les gens ne perçoivent pas une photographie qui les repousse, mais bien plutôt une qui les ramène sur la scène. Ils ne sont donc pas submergés par l’émotion, mais capables de s’identifier à l’émotion »