Le Château d’Eau a une histoire et, fondé et ouvert par Jean Dieuzaide en 1974, il est inscrit dans l’Histoire de la photographie comme le premier lieu exclusivement dédié à l’exposition de tirages photographiques en France. Même si la situation de la photographie, sa perception, la façon de la montrer ont radicalement changé au cours du dernier demi-siècle nous ne devons pas oublier cette dimension historique et l’assumer. Mais cela ne doit pas être en contradiction – au contraire … – avec la nécessité d’être attentif et de montrer la photographie en train de se faire et de se transformer au XXIème siècle. C’est l’un des challenges de la programmation.
En demandant à Catherine Balet d’ouvrir le bal, nous voulons convoquer, avec légèreté, cette relation à l’histoire, prendre acte du fait que, contrairement à ce qui fut le cas dans le passé, les photographes d’aujourd’hui sont de fins connaisseurs de l’histoire de la photographie et de l’histoire de l’art, qu’ils sont cultivés, voire savants, mais qu’ils savent prendre la nécessaire distance avec les humanités pour nous réjouir de leur regard, de leurs inventions et de leurs facéties. Catherine Balet – même si ce n’est là qu’une partie de son travail, bien plus riche – se délecte, à l’évidence, de jouer avec les icônes de la photographie et à les recréer aujourd’hui en dialogue et en complicité avec l’extraordinaire acteur, aujourd’hui octogénaire, qu’est Ricardo Martinez Paz. Des origines à aujourd’hui (et même à demain), cette histoire pétillante, amusée et amusante de l’image jadis argentique et aujourd’hui majoritairement numérique est également une plongée dans les esthétiques, dans une chronologie du regard et une réflexion, bien plus sérieuse qu’il n’y parait sur les enjeux de la figuration.
C’est une forme d’éducation enjouée, dont j’espère qu’elle donnera du plaisir, de la légèreté et du baume au cœur dans une période qui en a bien besoin.
Christian Caujolle
Conseiller artistique du Château d’Eau
« Alors que j’avançais dans le projet, je pris conscience qu’il s’écrivait une histoire du portrait photographique. Amorcé avec 20 images, il se transforma en une série de 120 photos. » Catherine Ballet
Catherine Balet rend hommage aux grands maîtres de la photographie avec son modèle Ricardo Martinez Paz qu’elle met en scène en rejouant avec lui des clichés célèbres de l’histoire de la discipline.
Initiée en 2013 aux Rencontres d’Arles, cette série est le fruit d’une collaboration entre la photographe Catherine Balet et son très charismatique ami argentin de 74 ans à l’époque, styliste de métier qui ne se déplace jamais sans sa paire de chaussures dorées.
Voyageant à travers 180 ans d’histoire photographique, Catherine et Ricardo revisitent les clichés iconiques de la photographie. Avec pour intention première le souhait de saluer la mémoire des grands photographes, ils y apportent un éclairage nouveau, rempli d’émotion ou d’humour.
L’obsession qui a poussé Catherine Balet à rephotographier ces chefs-d’œuvre s’explique par une réflexion de fond sur la place de la photographie dans notre société moderne, à l’heure où la circulation de l’image s’est accélérée : « Cela éveilla chez moi le désir de retrouver chez les maîtres l’essence de la photographie et ce qui faisait qu’une photo devenait iconique. Dans la profusion d’images et le flux permanent de l’ère numérique, comment les nouvelles images pourront-elles s’inscrire dans la mémoire collective ? »
L’artiste a eu envie de se poser ces questions et de ralentir le temps de ce flux d’image, d’analyser, d’observer, de réfléchir à la naissance de chaque œuvre et de se demander à la fin de sa série, qui seront les maîtres de demain.
Catherine Balet, née en 1959 est diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Elle débute sa carrière artistique comme peintre avant de passer à la photographie au début des années 2000. Son travail photographique prend alors une dimension sociologique.
Son premier livre de portraits d’adolescents « Identity », publié par Steidl ainsi que sa serie « Strangers in the Light », inspirée par l’impact du numérique dans la société, ancrent son travail dans la réalité contemporaine.
De 2013 à 2016, Catherine Balet oeuvre sur « Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes » (Publié par Dewi Lewis) en rendant un vibrant hommage aux maîtres de la photographie.
Avec « Moods in a Room » (Ed.Dewi Lewis), Catherine Balet poursuit sa démarche d’expérimentation en réinvestissant les transformations techniques du médium photographique et s’interroge sur la frontière qui sépare la peinture de la photographie.
Catherine Balet est représentée par la Galerie Thierry Bigaignon.
Catherine Balet : Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes
En raison du COVID-19, la Galerie est en attente de réouverture … et par conséquent de l’inauguration des expositions…
Le Château d’Eau
1 Place Laganne
31300 Toulouse, France