J’ai rencontré Laurence Sackman en 1977; je venais de créer l’agence de mannequins “FAM” ; Louise Despointes et Steve Hiett m’en avaient beaucoup parlé avant même que Laurence n’arrive à Paris, en me disant combien ils le trouvaient exceptionnel.
Je n’oublierai jamais le soir où, invitée par Rémi, sa femme, sa muse, son ombre créative derrière les premières photos de Laurence, je fis sa connaissance. Il se tenait en retrait dans une pièce de leur appartement de la rue Greneta, mince comme une lame, portant un « Stetson », tout à fait silencieux . Dans ce silence appuyé, dans ses yeux vifs d’intelligence, j’ai ressenti chez lui à la fois un immense désarroi et un profond désir de communiquer avec toute personne susceptible de comprendre l’univers particulier qui était le sien : génial et déjanté.
Apple leur petite fille, fruit exquis de l’amour de ces deux êtres hors du commun, jouait dans la pièce.
Laurence venait d’arriver à Paris , il travaillait pour Marie-Claire avec Claude Brouet, la rédactrice en chef, et Emile Laugier,le directeur artistique. Il était à l’époque sur toutes les bouches du milieu de la mode. Helmut Newton nommait à ce moment-là deux héritiers : Laurence Sackman et Chris von Wagenheim.
Un jour,à la demande d’Yves Saint-Laurent qui souhaitait le faire travailler pour une campagne, il participait à la réunion préparatoire au cours de laquelle il y eut un échange de propositions. Il quitta la réunion en disant qu’il allait réfléchir, revint le lendemain en proposant plutôt de faire les photos sur la “LUNE” ; on lui répondit que l’on allait étudier sa proposition…qui n’eut jamais de suite.
Tel était Laurence….. Un corps céleste, une comète qui traversa les années 80.
Fabienne Martin
