Photographe documentaire et réalisatrice, Lauren Greenfield a dressé ces vingt dernières années la chronique d’une obsession mondiale sans précédent pour la richesse et les biens matériels. Remarquables par leur portée et leur profondeur, montrant la haute société moscovite comme les têtes couronnées des boîtes de striptease d’Atlanta, les photos de Greenfield explorent le désir d’accumuler, parvenant à mettre à jour les dynamiques des genres, le culte de la célébrité, le consumérisme, le pouvoir du sexe et du marketing, ainsi que leurs conséquences éventuelles. Sa dernière série, Génération Richesse, est un ensemble d’œuvres particulièrement à propos et pertinent, calendrier visuel retraçant la chute et la montée de la quête de richesse en Amérique. Cette œuvre est actuellement visible à la galerie Fahey Klein de Los Angeles ainsi que dans un ouvrage paru récemment chez Phaidon.
Ayant commencé à Los Angeles au début des années 1990, Lauren Greenfield a montré la jeunesse et son goût pour la célébrité, le statut social et la richesse. Ce microcosme puissant s’est avéré l’épicentre d’une obsession pour la notoriété et l’aisance matérielle, tandis que Greenfield a témoigné de ses effets pénétrant dans tout le pays, aux quatre coins de l’Amérique, quelles que soient les zones géographiques et les classes sociales. Greenfield a photographié les châteaux géants, les hôtels de luxe, les fêtes privées, les concours de beauté et les sacs de créateurs devenus symboles de richesse, de succès et d’épanouissement en Amérique.
Grâce à l’approche intimiste et candide de Greenfield, les sujets de ses photos dévoilent plus que les signes extérieurs de richesse et de beauté tape-à-l’oeil et superficiels. Elle attire ainsi l’attention sur le vrai prix de ces artifices, dans cette photo douloureuse d’une patiente en pleine chirurgie plastique ou ces coquilles de maisons en constructions abandonnées lors de la crise économique. Les conséquences de cette envie d’avoir toujours plus sur plusieurs décennies sont complexes et multiformes : retombées financières, précarité de l’image du corps, addiction, et au final, insatisfaction.
La critique sociologique et culturelle Juliet Schor résume dans l’avant-propos du livre : « ‘Prenez garde à vos désirs’, nous avertit l’un des sujets de Greenfield un peu avant la fin de cette odyssée. Ses modèles sont souvent remplis de douleurs, de nostalgie et de remords. Ce sont les ados ultra-riches de L.A., dont les parents matérialistes n’ont pas le temps de s’occuper, les gamins pauvres qui sacrifient leur corps et leur âme pour être à la hauteur des bals de promo, ou les traîtres en cols blancs qui reconnaissent le vide de leur vie, mais en restent les prisonniers. On trouve aussi dans ces pages des histoires puissantes de rédemption, même si Greenfield conclut au final que nous sommes tellement attirés par les charmes du matérialisme que le moment de moralité et de simplicité ayant émergé de ce fracas pourrait bien ne pas durer ».
Lauren Greefield, Génération Richesse
Du 13 avril au 3 juin 2017
Galerie Fahey Klein
148 N La Brea Avenue
Los Angeles, CA 90036
USA