L’Œil de la Photographie vous présente ici une sélection de couvertures emblématiques et d’archives photographiques du magazine L’Insensé datant de la fin des années 2000. Une sélection parmi trois nouveaux remarquables numéros.
L’Insensé Berlin & Co (2009)
La photographie allemande a connu dans les années 2000 une visibilité et un développement exceptionnels sur la scène internationale de l’art contemporain et cela, en grande partie, grâce à l’enseignement des écoles et aux innovations techniques qui ont permis les tirages grands formats. Une fois prise la mesure du rôle unique et de l’impact des Écoles, de Düsseldorf à Leipzig, cet Insensé s’est ouvert à ceux qui ne s’en réclament d’aucune et qui ont tracé leur propre chemin. Au-delà de cette neutralité souvent stigmatisée, de ce goût austère pour la typologie prônée par les Becher : Elisabeth Nora et Vanessa van Zuylen ont trouvé une nouvelle génération talentueuse, foisonnante de visions qui a su s’appuyer sur cette culture photographique tout en intégrant les enjeux de l’art contemporain. Elles ont retenu d’autres itinéraires, d’autres expériences visuelles plus hybrides, ceux de la diaspora, exerçant à l’étranger. C’est alors que l’émotion, l’intime, se sont immiscés dans ce numéro avec Wim Wenders, Peter Lindbergh, Juergen Teller, Stéphanie Schneider, Mona Kuhn…
L’Insensé British Photographers (2010)
La photographie commence en Angleterre avec W.H Fox Talbot, un gentleman inventeur. La société cultivée s’empara du nouveau médium avec frénésie. Amateurs avertis, ladies et gentlemen s’y adonnèrent avec parfois un talent tel que certains s’inscrivirent dans l’histoire de la photographie, comme Julia Cameron ou Lewis Caroll. Cette belle parité et ces approches si anglaises sont toujours d’actualité en 2010. Succédant à la période Thatcher qui vit l’éclosion d’un style documentaire mettant en lumière l’intimité d’une réalité sociale souvent difficile, les années 2000 inaugurent celle d’une photographie plus expérimentale tout en continuant à affirmer son sens critique.
Approche documentaire plus distanciée ? Plus que jamais dans le malicieux regard d’un Martin Parr, dans celui de Richard Billingham, habité par son passé, mais aussi chez Paul Graham qui dans une grande réussite formelle, révèlent le désarroi des laissés-pour-compte. Enfin les expérimentations, grand plaisir des artistes anglais sont présentes notamment chez Richard Learoyd revisitant poétiquement dans ses portraits, la magie de la Camera Obscura. En cette année 2010, oui, les anglais continuent encore et encore à cultiver leur différence mais toujours dans la tradition.
L’Insensé Suisse (2011)
Au fil des images de ce numéro s’affirment des photographes au caractère bien trempé, développant de nouvelles pistes : au-delà de la grande tradition du documentaire, genre ici subtilement revisité et de la légendaire perfection technique suisse, s’expriment des approches uniques, extravagantes, ludiques, interrogeant non sans humour et poésie notre réalité et celle plus spécifique de la culture suisse.
La profusion de ses écoles aidant (Ecal à Lausanne, Ecoles de Vevey, Genève, Zurich) où l’excellence et la diversité des enseignements semble alors produire une stimulation et une abondance créative à l’égal des Pays-Bas ou de l’Allemagne. Le contexte public – écoles, musées, éditions – mais aussi sa mise en valeur par les institutions et les fondations privées singularise cette formidable production dont les approches et les pratiques rejoignent celles de la communauté internationale. Ce numéro fut réalisé en partenariat avec le Musée de l’Elysée de Lausanne et la complicité de Sam Stourdzé, l’actuel directeur des Rencontres d’Arles.