Pour la première fois en France depuis 10 ans, l’art contemporain chinois est mis à l’honneur dans toute la Fondation Louis Vuitton. En étroite collaboration avec le Ullens Center for Contemporary Art (UCCA) de Pékin ce sont 12 artistes trentenaires mis en avant, dont certains font partie de la Collection et sont présentés dans d’autres galeries. Une génération protéiforme, prise dans la turbulence de bouleversements sociaux-économiques, qui oscille entre modernité et tradition dans une pluralité de médiums issus du multimédia. Des allers et retours constants sur fond de globalisation et d’innovation technologique.
Cao Fei puise son inspiration aussi bien dans le théâtre ou l’opéra que dans la télévision et les mangas et dépasse les frontières communément acquises du monde réel et virtuel, privé et public. Son installation « Strangers » directement inspirée d’un site de rencontres en ligne qui permet de communiquer avec un interlocuteur dénonce la caractère factice et illusoire de tels échanges. Elle met également en scène son avatar sur la plate-forme Second Life dans des vidéos au rythme effréné où se télescopent symboles traditionnels et dérives consuméristes de ses contemporains.
Xu Zhen en parallèle à ses recherches artistiques, est à l’origine de Made In Company (ironisant sur le made in China) entreprise dédiée à la production et à l’organisation d’expositions. Jouant d’un syncrétisme mondialisé il interroge les codes du marché de l’art et de l’unicité de l’oeuvre. Sa vidéo « Physique of Counsciousness » reprend les rituels de prières de différentes religions et les codes des arts martiaux pour les détourner dans une parodie du culte contemporain « new age » et « bien-être ».
Même sens du détournement chez Liu Shiyuan qui réemploie des incantations radiophoniques autour de la notion de bonheur qu’elle diffuse en continu dans un espace entièrement recouvert de morceaux de tapis mixant une sensation de bulle et de mélange des cultures pas si confortable au final ! Elle se nourrit principalement d’internet, de la télévision et d’objets du quotidien pour distiller un humour ravageur.
Les contes visuels de Tao Hui qui puisent dans la mémoire collective chinoise invitent le spectateur à une expérience sensorielle à la limite du fantastique où il est question du devenir de communautés ethniques traditionnelles.
L’installation multi-écrans de Yang Fudong « Blue Kylin – A journal of Shandong »documente le quotidien de travailleurs dans des carrières de pierres et les conséquences sur l’environnement de telles exploitations. Une dénonciation en noir et blanc subtile sous couvert d’un portrait collectif.
Liu Chuang réalise des performances vidéos dans l’espace public qui interrogent les écarts et déceptions entre les aspirations des individus et la Chine actuelle. Son clip publicitaire « BBR1 » (No 1 of Blossom Bud Restrainter) à partir d’un produit conçu par un laboratoire de Pékin pour limiter l’essor des fleurs de peuplier chaque année au printemps, brouille les frontières entre propagande étatique officielle et message commercial.
Mêmes contradictions chez Hu Xiangqian qui ouvre et ferme le parcours avec la très belle vidéo « The Women in Front of the Camera » où une femme danse seule dans l’indifférence d’un parc de Pékin. Ode à la liberté et au destin individuel sur fond d’incertitudes et de doutes.
L’individuel/le collectif, le local/le global, l’Orient/l’Occident autant d’enjeux dont se saisissent ces artistes et leurs ainés (dont Ai Weiwei) dans cette ère géographique aussi complexe et mouvante que fascinante.
EXPOSITION
– BENTU, des artistes chinois dans la turbulence des mutations
du 27 janvier au 2 mai 2016
– La collection, un choix d’oeuvres chinoises
du 27 janvier au 29 août 2016
Fondation Louis Vuitton
8 Avenue du Mahatma Gandhi
75116 Paris
France
Programme d’événements en résonance : performances, cinéma, concerts, rencontres…
http://www.fondationlouisvuitton.fr