Nous avons demandé à un certain nombres d’acteurs significatifs du photojournalisme d’aujourd’hui de nous donner leurs sentiments sur l’avenir de la profession. Nous les publierons toute au long de cette semaine.
In Photojournalism, We TRUST
L’ouverture de Visa pour l’Image Perpignan 2015 est arrivée, ce festival où l’on célèbre la grande photographie, et, stupéfait et consterné, je ne peux m’empêcher de repenser à certains évènements qui ont eu lieu l’an dernier dans notre industrie. Des controverses pendant certains des plus prestigieux concours de photographie du monde ont eu pour résultat que des candidatures ont été vilipendées … puis justifiées … et finalement disqualifiées! Nul besoin de mentionner les détails. Tous ceux qui suivent ce qui se passe dans le domaine du photojournalisme ont été témoins de l’évènement.
Le photojournalisme est arrivé à un moment de crise. Une profession autrefois fiable et admirée, celle de journaliste, est aujourd’hui tombée à son niveau de popularité le plus bas dans l’histoire. Pourquoi? Je peux répondre en un mot … CONFIANCE! Il n’y a pas si longtemps, Walter Cronkite, le présentateur de la chaîne de télévision CBS, passait pour « l’homme le plus crédible d’Amérique. » L’écouter donner les nouvelles du soir, c’était comme être assis devant la cheminée avec un grand-père qui nous aurait raconté des histoires … des histoires vraies … et nous étions fascinés!
Dans un récent sondage Gallop, les infirmières étaient classées en tête avec 82% de réponses favorables dans la catégorie des “plus dignes de confiance.” Les journalistes étaient parmi les derniers avec seulement 20%. Les seules autres professions à avoir reçu un pourcentage inférieur étaient celles des vendeurs de voitures, des publicitaires, des lobbyistes et des membres du Congrès!
Ce rapide déclin de confiance s’est encore accéléré au moment du décès de la princesse Diana, car le public considère maintenant TOUS les photographes comme des paparazzi qui n’ont d’autre préoccupation que d’obtenir une exclusivité à n’importe quel prix L’avènement de la photographie numérique et la facilité de manipulation des outils de post-production tels que Photoshop ont également rendu plus aisé de créer n’importe quelle fiction et de la poster immédiatement sur l’internet … sans aucune vérification du tout!
La majorité des gens qui regardent les images postées sur l’internet croient qu’elles sont véridiques. Mais nous souffrons de la dégradation des normes en raison de compressions budgétaires, de l’effacement par usure de l’histoire institutionnelle, et nous sommes bombardés par le volume d’images maintenant facilement disponibles et publiées, qu’elle aient une valeur ou non, qu’elles soient ou non véridiques. Nous souffrons d’un excès sensoriel visuel sans aucun équivalent historique.
Et il n’y a aucune vérification des faits. Il n’y a aucune preuve de vérité. Nous sommes gavés d’images que nous sommes censés digérer et accepter comme étant basées sur des faits. Tant que cela reste la norme de notre pratique, nous n’aurons aucun espoir de regagner la confiance du spectateur.
Maintenant, plus que jamais, nous avons besoin de meilleurs filtres. Cela commence avec le photographe, qui doit pratiquer honnêtement son métier. Il faut que les rédacteurs et tous les journalistes vérifient plus soigneusement le contenu des images avant qu’elles ne soient diffusées et publiées. Il faut que nous revenions à une époque où nous puissions tous croire à nouveau en ce que nous voyons, et espérer — non, exiger … que ce soit réel. Je l’espère et j’ai «confiance» que cela se produira de mon vivant.
Jim Colton, Rédacteur en chef ZUMA Wire Service