Une nouvelle génération, un nouveau lexique
Facebook, Instagram, Whats App, Snapchat.
À eux quatre, ils hébergent chaque jour des milliards de photos, oui, des milliards.
Plutôt stupéfiant, non ?
Mais ces photos, que représentent-elles au juste ?
C’est un nouveau langage, un langage que n’importe qui dans le monde peut comprendre.
C’est accessible à tous, à condition de posséder un smartphone.
Une simple photo peut vouloir dire : « Mes amis et moi profitant du soleil en buvant un verre au bord de l’eau », ou bien : « Le chaos règne après une émeute dans un quartier du centre-ville ».
Ce sont des contes visuels créés par une nouvelle génération qui n’a plus besoin d’envoyer d’interminables messages. Elle n’a qu’à envoyer ou mettre en ligne une photo.
En tant qu’industrie, devrions-nous être inquiets ?
Il semble que nous le soyons déjà.
Je pense que ce phénomène pourrait avoir un effet positif.
Alors que cette génération dépend de plus en plus des images pour communiquer, que ce soit à travers des photos ou des vidéos, elle commence à prendre conscience, et nous aussi, du pouvoir extraordinaire des images.
De nos jours, les photos que cette génération prend et partage sont des mots laconiques, simples et authentiques, comme un enfant qui prononce ses premiers mots. Mais elle sait qu’elle peut s’exprimer avec ces photos.
Et si elle voulait en dire plus ? Si elle commençait à comprendre qu’en ajoutant plus d’images et en créant des structures plus complexes, des couches, elle pouvait créer une œuvre plus intelligente ? Et si nous pouvions lui apprendre à explorer ces possibilités pour ainsi créer ses propres histoires visuelles ? Comment appellerions-nous cela ?
Du photojournalisme ?
Je ne pense pas que notre industrie soit menacée, mais je crois sincèrement qu’elle fait face à l’ère la plus importante de son évolution.
Avec ce nouveau lexique que cette génération utilise comme une règle absolue, c’est-à-dire prendre et partager des photos, les plus grands conteurs visuels de tous les temps pourraient bien émerger. Les outils sont à portée de main et prêts à l’emploi, le public est plus important que jamais et semble avoir un appétit insatiable.
L’art de conter est inné chez l’être humain, les légendes et le savoir se transmettent de génération en génération. Les contes visuels remontent à l’art rupestre, il y a 40 000 ans ; le chemin parcouru depuis est incroyable.
Nous ne devrions pas craindre le changement, mais au contraire, l’adopter, et éduquer la prochaine génération, lui transmettre notre savoir. Ainsi, nous assurerons non seulement la survie de cette grande industrie, mais nous verrons sûrement arriver les nouveaux maîtres de la photographie.
Aidan J Sullivan, Vice Président, Photo Assignments Getty Images.