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Kursat Bayhan

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Par vagues successives, les migrations internes ont défini la structure sociale des mégapoles turques. Venus de l’Est du pays pour fuir la pauvreté, la rudesse climatique ou les tensions politiques et ethniques, les exilés précaires que Kursat Bayhan a rencontrés dans un hôtel miteux du quartier d’Eminönü, à Istanbul, sont principalement des hommes, parfois diablement jeunes, serrés les uns contre les autres dans des chambres dégarnies, arpentant les rues animées ou se retapant autour de verres rebondis remplis d’un thé salvateur. Ses portraits alternent les plans serrés et les vues plus larges, permettant de saisir des parcelles de la ville, parfois en débris, fragile, abasourdie par la neige, toujours éphémère. Transitoire, comme l’hiver, comme devrait l’être la condition de ses hommes qui ont quitté femme et enfants dans l’espoir de leur assurer une vie plus douce. Des rares témoignages d’à peine deux phrases qui parsèment l’ouvrage, on apprend cependant que certains sont là depuis vingt ans, travaillant un nombre extravagant d’heures pour des sommes dérisoires. L’impression est mate et pâle, fondant les jours dans les nuits, noyant l’été dans l’épaisseur de l’hiver, évoquant un futur incertain. Compilées dans des petites pages d’une vingtaine de centimètres reliées avec soin, les photographies abordent le sujet avec respect. Si les expressions sont sévères et les corps abattus, ils restent fiers, remontés. Avec ses conditions âpres, l’Anatolie apprend la résilience. Kursat Bayhan y fait un détour en couverture et en fin d’ouvrage, inscrivant toute cette bataille dans la quête d’un ailleurs qui ne diffère jamais vraiment du point de départ.

Away from home
Kursat Bayhan
Introduction de Mary Ellen Mark
128 pages, 75 photographies N&B
15 x 21 cm
ISBN 978-605-64204-0-5
35 €

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