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Kunstquartier Bethanien : Re:Borders : An Indictment

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Au cœur du quartier artistique Bethanien à Berlin, le collectif Re:Borders a réuni sept artistes dont les travaux demandent à réfléchir les causes et les conséquences de la migration. Des voix qui s’élèvent contre l’amalgame et le racisme dans une Allemagne où ces questions divisent.

“Nous sommes ici parce que vous détruisez nos pays.” C’est par cette citation que débute le manifesto qui accompagne cette semaine d’exposition, rythmée par des discussions et des performances. Par la photographie, le documentaire et des installations artistiques, RE:BORDERS veut porter le récit de celles et ceux qui, un jour, sont poussés à partir de chez eux. Quelque soit la cause du départ – la crise climatique, les guerres ou les persécutions -, cette exposition témoigne de traversées se faisant toujours au péril de sa vie, d’arrivées qui ne sont jamais synonyme de répit et d’intégrations qui forment à jamais des questions en suspens.

Déracinés

Le photographe Salih Basheer raconte à l’argentique en noir et blanc les parcours de Ali et d’Essam, deux jeunes ayant fui le Soudan pour l’Égypte. Confrontés à de sévères discriminations raciales, leurs idéaux s’effondrent et le sentiment d’aliénation dont ils espéraient se libérer s’intensifie. À la manière d’un journal, “The Home Seekers” raconte avec délicatesse leurs voyages intimes faits de peurs et de désillusions. Ce travail fait écho à l’expérience du photographe lui-même soudanais, à cette époque en Égypte pour ses études universitaires : son expérience du racisme, ses difficultés pour émigrer (qui n’en seront jamais pour d’autres) et enfin, sa déchirure de quitter un pays qui ne sera plus jamais ce qu’il était.

Déshumanisés

Le photographe Michél Kekulé – et curateur de l’exposition aux côtés de l’auteure Kasia Wojcik – documente une mission de sauvetage sur le Sea Watch 3 au large des côtes libyennes. “50_15” donne un visage au terme aussi englobant que déshumanisant de “migrants”. 50 pour le nombre de personnes à secourir, 15 pour le nombre de noyées. Un reportage qui témoigne de l’un des plus grands fléaux de ces dernières années, que les gouvernements étouffent, s’adonnant par le même temps à des “chasses aux migrants” de plus en plus féroces. L’horizon de la mer devenu l’allégorie d’un espoir fracassé, ces images n’épargnent pas : il faut regarder la vérité dans les yeux, si tant est que l’on puisse croiser ceux d’un homme en train de s’en aller.

Apatrides

On estime aujourd’hui le nombre de personnes apatrides dans le monde à près de 10 millions. Le fait de ne pas avoir de pays résulte de migrations, de déplacements ou encore d’un manque de papiers laissent les personnes sans droits, sans protection d’aucune loi, d’aucun État. C’est ce dont traite à l’argentique la photographe Chiara Wettmann avec des images d’une force picturale qui nous plonge entre autres dans le quotidien des camps de réfugiés palestiniens dans les montagnes libanaises, déplacés de force et auxquels le Liban refuse d’octroyer la citoyenneté. Plus récemment, Chiara Wettmann a réalisé une seconde série écho en Côte d’Ivoire dans laquelle elle témoigne notamment du combat des personnes sans papiers, même quand elles sont nées dans le pays.

Fatigués

Par la terre et par la mer, le photographe Vincent Haiges suit des personnes dans leurs périlleuses traversée de frontières, au Lesbos, en Bosnie et Herzégovine, en Pologne, au Niger ainsi qu’en Méditerranée. Les photographies traduisent de moments opportuns qui forgent le quotidien de ces épisodes de vie sur le fil. L’attente, l’angoisse, le froid… Ces images parviennent avec une toujours même distance et un profond respect à redonner une identité à celles et ceux que notre monde invisibilise. No Borders is Forever.

L’exposition présente également le documentaire ‘Les Sauteurs’ de l’ivoirien Abou Bakar Sidibé, le poème ‘The Displaced’ de l’afghane Parwana Amiri et une installation artistique de la réalisatrice turque Özlem Sarıyıldız.

 

Re:Borders : An indictment à voir jusqu’au 3 mars 2024 à Bethanien à Berlin.

Kunstquartier Bethanien
Projektraum
Mariannenplatz 2
10997 Berlin

https://www.reborders.org

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