Son admiration sans borne pour le grand écran fit de John Kobal, jeune garçon plutôt timide, le chroniqueur des stars. C’est cette passion qui l’amena dans les mansardes d’actrices déchues ou au sein des studios abandonnés d’Hollywood pour redécouvrir les photographies qui avaient sombré dans l’anonymat. Grâce à lui, les années 40, 50, 60 et 70 ne sont pas des périodes oubliées mais des souvenirs bien vivants. C’est Paris Match qui lui mit le pied à l’étrier. Comme John le rappela une fois : « Un jour, je reçus une demande pour une photo de Veronica Lake… c’était le début du retour du glamour. »
Quand j’ai vu John Kobal pour la dernière fois dans sa maison londonienne, le colosse avait beaucoup maigri et sa barbe s’était allongée. Après un maigre repas auquel il toucha à peine, il ouvrit ses cartons et me dévoila ses merveilles. Sa collection personnelle affiche clairement ses préférences : Clarence Sinclair Bull, George Hurrell, Curtis, et James Abbe. Un coucher de soleil rosé tombait sur Londres. Bien sûr, je ratais mon avion de retour pour Paris. Cette part de lui qu’il m’avait exposée va beaucoup me manquer : les photos elles-mêmes, ses trésors, dont je sentais qu’il voulait les céder à un collectionneur capable de les apprécier…
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Né à Linz, en Autriche, en 1940, John Kobal cultiva toute sa vie une passion pour le cinéma. Il rassembla l’une des plus grandes collections mondiale de photographies de plateau, la collection Kobal, qui a servi de ressource inépuisable pour des magazines et des éditeurs durant les vingt dernières années. Kobal a aidé à créer un enthousiasme pour les photos d’Hollywood – spécialement les travaux des grands portraitistes de studio – auxquelles personne ne s’intéressait auparavant. Il est mort à Londres le 28 octobre 1991.