Une des jolies histoires de cette semaine. Elle nous vient de Johan Liedgren et est intitulée, Turquie 1983 – La liminalité de re-voir.
Au printemps 2023, j’ai découvert une boîte en carton contenant 15 tirages d’exposition encadrés et 1 000 négatifs au fond de mon sous-sol, tous issus d’un voyage en 1983 dans tous les coins possibles de la Turquie avec une voiture très usagée, 300 dollars cachés dans mon short et une malle remplie d’appareils photo Nikon et de films Tri-X.
Mais ce n’était pas de la nostalgie poussiéreuse qui me regardait depuis la boîte. C’était le désir qui rend la photographie unique parmi les arts : qui prend vie dans l’espace liminal entre ce qu’un moment capturé témoigne – et simultanément – le cadrage délibéré qui laisse entrevoir une attente sublime à révéler.
La Turquie en tant que pays en 1983 semblait offrir une juxtaposition similaire : un équilibre maladroit entre la modernité et un arrière-plan qui n’avait pas changé depuis des centaines d’années. J’ai ressenti la même chose à propos des images retrouvées : le jeune de 18 ans que j’avais été demandant à être rééditer, pour recevoir une perspective plus riche. Cette petite collection d’images offre une toute première tranche de l’œuvre et inspirera, espérons-le, de plus grandes expositions. Et ce faisant, attise le désir de retourner en Turquie au printemps de l’année prochaine pour poursuivre le voyage liminal à travers les yeux du photographe qui est à peu près le même et entièrement différent – tout comme le pays doit l’être maintenant. Oh, liminalité, je connais l’appel de cette muse et de cette sirène !
Johan Liedgren
Johan Liedgren est un réalisateur, écrivain et photographe primé.
Liedgren est né en Suède, vit actuellement aux États-Unis en passant par Paris.
