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Joël Alain Dervaux : Kler, états de présence

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L’exposition « Kler, états de présence » de Joël Alain Dervaux est présentée au 21, rue Guénégaud dans le VIème à Paris.

Kler est le prénom du jeune homme trans devenu le sujet de ce projet photographique de Joël-Alain Dervaux.
Il a rencontré son univers pudique à travers ses images publiées sur les réseaux sociaux et est devenu témoin de sa transition. Les rencontres, les séances photographiques se font à intervalles espacés reliés par un dialogue suivi.
Les vêtements et les accessoires issus du vestiaire masculin représentent un premier moyen privilégié d’appropriation du genre, tandis que se déroule le processus des injections et que se font chair d’autres signifiants du masculin.
Une quête d’identité mue par le désir.

 

Kler, états de présence

Parvenir à être soi relève le plus souvent d’un combat intense.

Contre les faux-semblants, contre les attentes sociales, contre le regard général nous imposant un rôle, un éthos.

Kler a choisi le chemin du courage, son processus de révélation identitaire n’étant pas une métamorphose mais une reconnaissance intime.

Que nous disent les apparences de notre vie intérieure ? comment se correspondre ? jusqu’où aller dans la mise à l’écart des anciens oripeaux ? quand aura lieu la fête des retrouvailles ?

Depuis plusieurs années, Joël-Alain Dervaux est le témoin de l’épanouissement d’un jeune homme assigné fille à la naissance.

Rien de démonstratif ou de documentaire dans l’ensemble de ses photographies formant corpus, mais un mutuel abandon au mystère de ce qui se présente, une introspection à deux, un mouvement de grande pudeur, de l’un vers l’autre.

Chacun se risque, chacun se dévoile, par l’attention du cadrage, le soin extrême porté au geste de création, et le plaisir d’être regardé vraiment par-delà la danse des voiles que constitue le port des vêtements.

Photographiant des états de présence, Joël-Alain Dervaux rend compte du risque et de la beauté d’être vrai, ne masquant pas les doutes inhérents à la démarche si difficile d’individuation.

Kler se déploie et se replie, se tord les mains et se dénoue, se rassemble dans une attitude de protection presque fœtale et s’ouvre à l’espace.

C’est une danse, une double ellipse d’extériorisation et d’intériorisation.

Il faut imaginer, dans l’invisible des séances de prise de vue, la permanence d’un dialogue d’être à être, d’âme à âme, de fragilité à fragilité, de puissance à puissance.

Ces images sont aussi des mots, des phrases, des silences, des recherches de compréhension dans des conversations de confiance.

Kler se pare des atours marquant la masculinité, tout en faisant trembler les codes.

Bagues, boucles d’oreille, collier, tatouages, chemise à jabot, jupe culotte, pantalon stretch, béret.

Fierté d’une mince pilosité moins exhibée que sereinement victorieuse.

Kler est un solitaire contemplant l’océan, un titi parisien, un chevalier d’Eon couché sur les oyats, un doux bad boy portant une montre à gousset autour du cou.

Quelle heure est-il sur les sentes tortueuses du genre affirmé ? quand serai-je enfin débarrassé de ma chrysalide ? qui m’aimera tel que je suis ?

La belle enfant ferme les yeux, c’est un petit page.

Le page s’endort, c’est un adolescent apprenant le maniement des armes.

L’adolescent rêve, c’est un homme magnétique marchant avec assurance dans la rue.

Joël-Alain Dervaux photographie des points de basculement, des équilibres précaires, et la force d’une relation dont l’art inventé ensemble en toute liberté est le fondement.

Fabien Ribery

 

Commissariat d’exposition Valérie Fougeirol

Joël Alain Dervaux : Kler, états de présence
Exposition du 13 mars au 6 avril 2024
21 rue Guénégaud 75006 Paris
www.joelalaindervaux.com

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