La galerie Steven Kasher présente une exposition personnelle majeure de l’artiste féministe pionnière Joan Lyons. Lyons (américaine, née en 1937) est l’une des grandes artistes méconnues de sa génération. L’exposition présente neuf des projets photographiques les plus importants de Lyons. Il s’agit de la première exposition personnelle de l’artiste depuis 2013 dans une galerie. L’œuvre révolutionnaire de Lyons associe librement théorie théorique et expérience personnelle. Son travail est intime et introspectif, tout en étant pleinement investi dans la qualité indicielle de la photographie.
Le travail de Lyons défie tous les tabous artistiques des années 1950. On lui avait enseigné que l’art contemporain devait être universel, gestuel, abstrait, monumental – des qualités intrinsèquement masculines. Après avoir essayé et échoué à suivre ces mandats, Lyons a réalisé que son travail ne pouvait être séparé de sa propre expérience en tant que femme. Son récit personnel, différent par le contenu et le ton de la voix masculine dominante, la poussa à établir de nouvelles structures artistiques.
Au cours des six dernières décennies, Lyons a eu recours à divers procédés de création d’images exigeants et obscurs. Son travail intègre des procédés photographiques archaïques, sténopé, lithographie offset, xérographie, sérigraphie et photo-montage de courtepointes. Dans les années 1960 et 1970, Lyons fut l’une des premieres artistes à adopter la xérographie en tant que pratique artistique et fut reconnue comme une innovatrice dans l’utilisation du dessin Haloid Xerox en tant que processus de création d’image. Dans une déclaration d’artiste de 1982, Lyons a déclaré: «Je travaille avec ce qui est disponible, une variété de dispositifs optiques. Je travaille à travers la complexité vers quelque chose de simple et direct. Ce processus de distillation devient plus évident avec le temps. Je travaille à ces choses qui sont évidentes; comme je vois, et sans conventions visuelles. »
L’un des temps forts de l’exposition est titrée (Literie), 1969, la première œuvre de l’exposition. C’est un commentaire pointu et ironique sur le statut de la femme à la fin des années 1960. L’image répétée d’une femme nue anonyme qui a été sérigraphiée sur un couvre-lit en tissu est une réponse farouche à l’idée que les femmes sont mieux «pieds nus et enceintes». .
Dans les portraits de Haloid-Xerox, pris entre 1972 et 1980, Lyons reproduis son propre corps pour interroger les archétypes féminins. Le travail est une tentative délibérée de ne pas objectiver les femmes mais d’intérioriser leur représentation. Travaillant en opposition à un instantané ou à un moment décisif, chaque image est un composite créé au long de nombreuses heures. Les impressions résultent de multiples transferts sur de grandes feuilles de papier à l’aide du prototype d’équipement Xerox qui permet d’obtenir une image carbone sur du papier ordinaire.
L’œuvre phare de 1974, de Lyons, est un artefact rituel, une déconstruction en trompe-l’œil de la première robe de bal de sa fille adolescente. Comme la plupart des travaux de Lyons, Prom est basé sur des concepts et des processus. La pièce est composée de six sections de la robe grandeur nature, pressées comme des fleurs sur six pages. La texture du tissu remplace un écran en demi-teintes classique, en insistant sur le lien entre l’impression et le tissage. Prom était personnel, concret et féminin, une contradiction puissante de tout ce que Lyons avait appris que l’art devait être.
Joan Lyons
Jusqu’au 22 décembre 2018
Steven Kasher Gallery
515 W. 26th St.
New York, NY 10001
