Un photographe virtuose du tirage, l’alchimiste
Né en 1936, Jean-Pierre Evrard passe une partie de son enfance au Maroc et commence la photographie à l’âge de dix-huit ans.
Son écriture photographique se caractérise par un regard humaniste, un travail sur la matière et les symboles et par la qualité de tirage qui donnent à son univers une poésie intemporelle.
L’ensemble de son travail représente à ce jour plus de 50 000 négatifs dont la moitié dans les pays d’Afrique.
Sa carrière de photographe, commencée il y a 50 ans, l’incite à utiliser exclusivement le procédé argentique noir et blanc. Devenu maître dans la discipline, il est également spécialiste du papier (papiers anciens, recyclés) et compose lui- même ses révélateurs et sa chimie. En charge de toutes les étapes, de la prise de vue à la création de l’œuvre, ses images sont sculptées par une virtuosité d’artisan en chambre noire.
Sculpter la lumière
L’exposition rassemble une série de photographies argentiques où l’on retrouve l’importance de la matière dans le travail de Jean-Pierre Evrard.
La galerie présente dans ses différents espaces des oeuvres alliant technicité et poésie, précision et lyrisme.
Dans la première pièce, une partie de la série Oxymore, avec des tirages traités en oxydation. Ce travail récent, réalisé en 2017-2018, est un jeu de l’artiste qui ajoute de la couleur dans du noir et blanc, en respectant le classicisme de l’argentique.
Une deuxième partie est consacrée à des nus apparentés au pictorialisme.
Enfin, une troisième partie propose une série de photographies argentiques, qui raconte l’errance de Jean-Pierre Evrard, à travers diverses parties du monde. On y trouve ainsi ses sources d’ins- pirations qui font écho à son enfance passée à l’étranger.
La directrice de la galerie, Fiona Sanjabi, offre avec cette exposition Sculpter la lumière une occasion de revenir sur l’oeuvre polymorphe du photographe, à la fois intime et exhaustive.
Une vie dédiée à la photographie
Après des études en arts plastiques et arts graphiques, il débute sa carrière chez Kodak. Il y anime des formations pour les photographes professionnels en France et en Afrique.
À partir de 1980, il commence son œuvre personnelle, qui deviendra sa principale activité au début des années 1990, réalisant des reportages d’auteur sur les habitants et leur environnement dans de nombreux pays d’Europe, des Etats-Unis et d’Asie.
Il privilégie les pays d’Afrique et plus particulièrement le Maroc où il se rend régulièrement.
Jean-Pierre Évrard fut membre de l’agence Métis, sociétaire du Salon d’automne de Paris en 1985 et vice-président de l’association les Gens d’images pour qui il a animé durant 14 ans les ateliers à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.
C’est aux grands photographes humanistes voyageurs que Jean-Pierre Evrard se réfère le plus souvent, en particulier son grand ami et maître Edouard Boubat.
Il met ses connaissances et son expérience de technicien au service d’une œuvre où se dégage son intérêt pour l’être humain et pour les matières qui peuvent être exaltées au laboratoire.
Pour la transmission de son savoir-faire durant toutes ses années, Jean-Pierre Evrard a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres.
«Voyager à l’étranger c’est rencontrer d’autres cultures, d’autres humains ceux qui paraissent différents mais que l’on découvre si semblables à nous. Photographier c’est figer ces rencontres, ces émotions et dans un deuxième temps mettre en images les traces d’un instant éphémère. Exposer c’est partager, raconter des morceaux de sa vie et rencontrer d’autres passionnés, d’autres amoureux. L’impression de donner un peu et de recevoir beaucoup.» – Jean-Pierre Evrard
Du 15 février au 23 mars 2019
Galerie Agathe Gaillard
3 rue du Pont Louis Philippe
75004 Paris